mardi 26 juillet 2011

Le faste des bécosses royales

Je suis dans la galerie marchande du Louvre, là où il y a la pyramide inversée sous laquelle, chacun le sait grâce à Dan Brown, est enterré le trésor des templiers, le saint-graal, et autre sang de criss. Peut-être même les oreilles de criss!!!

Mais se promener dans le Louvre n'empêche pas les vils tourments intestinaux de se faire sentir.

Bref, je ressens une irrépressible envie de visiter des bécosses. Je suis les indications affichées, pleine d'espoir. J'arrive enfin dans une encoignure toute de marbre clair, entre la boutique Lalique et la Maison du Chocolat. Je m'y engouffre, derrière une famille de quatre touristes. La queue mène à une dame en costume Chanel, qui réclame 1,5 euros par personne. Une facture de 6 euros pour le troupeau de touristes devant moi. Ceux-ci, imperturbables, ne bronchent pas et paient, même si l'un d'entre eux marmonne «Aoh! Must be very nice inside!». Eeeeeh non! Ils ne font pas de prix de groupe, ni de réduction pour les moins de 6 ans ou les personnes âgées...

À moi. 1,5 euros. Heureusement, j'ai un mécène qui m'a généreusement payé la traite.

Maintenant, il s'agit de voir si j'en ai pour mon argent!

Après avoir empoché ma poignée de centimes, la dame-urine (trop élégante pour passer pour une «madame-pipi») s'intéresse maintenant à un autre pigeon et me laisse entre les mains de l'hôte de ces lieux. Celui-ci, obséquieux, me guide au travers d'un labyrinthe en noir et doré vers les cabines des dames.

Enfin, je peux me précipiter vers la porte la plus proche pour... eh bien pour.

Mais un jeune éphèbe en nœud papillon, en train d'essuyer un miroir pour passer le temps entre deux clientes, me reçoit avec un «bonjour madame, par ici madame» et me désigne ma cabine particulière, en m'ouvrant la porte. Je me demande fugacement s'il va entrer avec moi pour me torcher.

Mais non, je suis enfin libre de laisser aller mes plus vils soucis en paix, dans une cabine première classe. Bon, j'avoue que j'en ai pour mon argent, surtout que c'est pour la grosse commission. Je crois avoir compris pourquoi on appelle ça «être sur le trône»...

Peut-être aurais-je dû laisser un pourboire à chacun des intervenants?
Ou plutôt demander un reçu pour fin d'impôt pour ma déduction pour investissement culturel...

La prochaine fois, je vais télécharger charger sur mon I-phone l'application «où sont les toilettes» (plus de 60000 toilettes publiques répertoriées dans le monde...)!

samedi 28 mai 2011

Je surveille un examen

Ah, la période des examens!!! Période stressante pour l'élève mais relaxante pour le prof!

Notre préparation pour l'examen (après avoir composé, photocopié et fait le solutionnaire de cet examen, bien sûr!) consiste à nous trouver des activités solitaires et silencieuses pour soutenir un siège d'une durée de quatre heures.

A-t-on des corrections à faire? C'est le moment... Sinon, on s'apporte de la lecture. En cas de fringale, on amène quelques provisions (qui se mâchent sans faire de bruit, donc les chips sont à proscrire...). Grâce à la nouvelle technologie, on peut jouer aux cartes sur l'écran de notre iphone. Si on a un signal internet, on peut aussi envoyer des courriels, en recevoir, envoyer des photos de la salle d'examen...

Parfois on a un beau local...


Parfois non...

Si nous sommes le seul prof en surveillance, comme dans le cas des petits groupes, on nous assigne un «surveillant volant», qui a pour tâche de faire le tour des locaux où le prof est tout seul pour lui permettre de prendre une pause, d'aller se chercher un café, de faire pipi, se trouver un autre livre car sa lecture est terminée et toutes ces sortes de choses qu'on fait quand on est libre.

La surveillance volante (ou, plus simplement, la volance) donne lieu à des échanges pour le moins bizarres pour ceux qui sont hors contexte :
- Qui c'est qui me vole, cet après-midi?
- C'est moi, vers quelle heure tu veux que je te vole?
- Eh tu as oublié de me voler hier!

Mais la plupart de ces examens se font en groupe. Il peut y avoir 5 ou 6 groupes différents dans un même local. Dans ce cas nous sommes donc plusieurs profs à effectuer la surveillance, qui consiste surtout à répondre aux questions des élèves qui trouvent que nos questions d'examen ne sont pas claires, alors que ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et que les mots pour le dire viennent aisément. Et que tant va la cruche à l'eau qu'on ne regarde pas le bouchon qui n'amasse pas mousse qui roule.

Mais lorsque nous sommes plusieurs profs, nous devons résister à l'envie de jaser entre nous et de ricaner trop fort. Les seuls bruits qui doivent se faire entendre sont les feuilles qui bruissent (les feuilles d'examen, pas celles des arbres), les crayons manipulés et les scritch scritch des aiguisoirs (taille-crayons pour les Français!). Non, on n'entend pas de mouches voler pour la bonne raison qu'en mai les mouches sont encore gelées. Et en avril ne te découvre pas d'un fil.

Mais c'est bien beau jouer aux cartes sur notre iphone, il faut rester attentif aux signes de détresse de nos petits. Je passe dans les allées, j'ai l'impression de faire mon marché (faire l'épicerie pour les Français, à moins que ce ne soit l'inverse?).

Une main levée à l'autre bout de la salle! Je jette un coup d’œil à l'autre prof pour savoir s'il s'agit d'un de ses petits ou un des miens (je suis un peu myope...). Non, c'est bien un des miens. Il veut savoir s'il peut écrire ses réponses à la mine (au plomb pour les Français, à moins que ce ne soit l'inverse?). Je lui réponds que je m'en fous. Il est content. On m'accroche au passage : il veut une feuille supplémentaire. Je lui en donne. Il est content aussi. Une autre main levée : «Je peux-tu aller aux bécosses?» Mais oui, vas-y, mon ti-loup. Lui aussi est content. Je fais des heureux, c'est très gratifiant.

Plus rien. Pour passer le temps, je fais des statistiques : sur environ 85 élèves, je compte 15 casquettes (dont 2 seulement portées la palette vers l'arrière, ce qui prouve que c'est passé de mode), 2 tuques de laine (ce qui prouve qu'en mai non plus ne te découvre pas le coco) et 1 seul capuchon relevé (yo man). Je n'ai pas pu compter le nombre de culottes pendantes au califourchon aux genoux puisque tout le monde est assis.

Après l'examen, la correction. Nous étions trois profs à donner la même matière. Nous avons donc décidé de faire un examen commun. Une belle entreprise intergénérationnelle. Expliquons d'abord que l'un d'entre nous m'a déjà enseigné, et que j'ai déjà enseigné à un autre prof du département, qui, lui, a déjà enseigné au troisième d'entre nous. Quatre générations de profs, donc! Nous nous étions partagé la tâche : notre aîné allait composer l'examen, moi j'allais écrire le solutionnaire, et nous voulions laisser à notre benjamin la tâche de corriger les 60 copies.

Mais bon, on a eu pitié et nous avons décidé, à la place, de faire un party de correction. L'avantage du party de correction, c'est que, dans un souci de justice, nous pouvons nous consulter mutuellement sur le nombre de points retirés pour tel ou tel type d'erreur. Bien sûr, le solutionnaire donne les grandes lignes de la correction, mais les élèves sont une source inépuisable de types d'erreurs nouvelles auxquelles, malgré notre expérience, nous n'aurions pu penser.

En plus du souci de justice, ça nous donne aussi l'occasion de nous échanger des perles et des mots d'enfant d'étudiant impayables! «Ouahhahaahahah! regarde, il a marqué "volupté" au lieu de "volute" dans son dessin de trubosoufflante!!!», «HAHAHAH! Regarde comment il a écrit "vacuum" : "vacuhom"», sans compter les "moteurs à trois temps" (HOUHOUHOUHAHAHA) et les lapalissades telles que le moteur réversible comme moyen de renversement de marche d'un moteur diésel!

Bref, des heures de plaisir! On envoie le petit nouveau au Tim Horton en face pour aller nous chercher des beignes et du café et avec tout ça, on ne voit pas le temps passer. En l'espace d'un après midi, toutes nos corrections sont faites, la justice règne, ainsi que la bonne humeur.

Quel merveilleux métier que le mien!

samedi 8 janvier 2011

Comme la pomme de Newton!


Aaaah arriver à la maison et voir que le chat a vomi sur le fauteuil...
Mais pourquoi le chat a-t-il vomi EXACTEMENT à l'endroit le plus difficile à nettoyer, c'est à dire dans le creux causé par un des boutons du fauteuil???


En fait, peu importe où le chat aurait vomi, ça se serait ramassé là... Mais pourquoi??? Tel Newton recevant l'intuition de la force gravitationnelle en même temps que la pomme sur la tête, le chat d'Einstein a certainement vomi sur son sofa. Dans un premier temps, il (Je parle d'Einstein, pas du chat) a dû se dire que le bouton du sofa étant plus massif que le tissu environnant, l'attraction gravitationnelle aurait attiré les deux masses, d'où amalgame final.

Mais la force gravitationnelle ne suffit pas à expliquer le phénomène. La gravité est trop faible, compte tenu des masses impliquées, pour justifier cette attirance. Albert s'est alors résigné à se dire que la courbure du fauteuil à cet endroit était en cause. Moche. Mais il fallait aller plus loin! Albert s'est alors mis à faire des calculs fébriles et hop! Il s'est dit que LA CAUSE DE LA FORCE GRAVITATIONNELLE était justement une courbure! L'espace-temps est courbe! Il est courbé par la présence de masses dans le tissu même de l'espace-temps! Une bille (ou un vomi de chat) roulant à proximité d'une grosse masse sur le fauteuil serait déviée ou attirée par la déformation causée par cette masse!

Voilà, grâce à mon chat, je sais maintenant comme Einstein a eu son intuition de la courbure de l'espace-temps!

Maintenant, il faut nettoyer... Monsieur Net (qui s'appelle «Monsieur Propre» en France)? La tornade blanche (là je ne sais pas l'équivalent français...)? Une supernova???

La supernova aurait l'avantage de régler en même temps tous les problèmes de l'humanité en même temps! Imaginez tous les vomis de chat éliminés d'un coup d'étoile qui explose!

Peut-être même il y en a une en route? Impossible à savoir puisque la lumière voyage à 300000 km/seconde, alors si une étoile située à 4 années lumières d'ici a explosé, on n'en verra l'explosion que dans 4 ans! Si on prend l'exemple de SN 2006gy (inutile de la présenter, chacun sait qu'il s'agit de la supernova qu'on a pu observer en 2008), son étoile se trouvait dans la galaxie NGC 1260 à quelque 240 millions années-lumière de la Terre. Elle a donc explosé en l'an 239,997,992 avant Jésus-Christ! Plus on regarde loin, plus on regarde tôt!

Prenons notre soleil... Il est situé à 8 minutes-lumière de la Terre.

Admettons que le soleil vient d'exploser (je sais qu'il est trop petit pour devenir supernova, mais on sait jamais, une petite déchirure espace temps dans le magma infernal des réactions nucléaires de son cœur et boum!), donc, s'il vient d'exploser, on va le savoir dans 8 minutes.

Vous avez donc 8 minutes pour me laisser un commentaire!