vendredi 31 décembre 2004

Table des matières, décembre 2004

Tout le mois de décembre d'un coup d'oeil! Cliquez sur l'un des titres de ce mois-ci pour y accéder rapidement. Ou faites dérouler la fenêtre pour avoir tous les articles du mois.

Mal de bloc
Aventure à la Banque de France
Blogue de Noël
J'ai failli faire un acte de bravoure!!!
Merdouille au chocolat
Aventure extraordinaire au MacDo!
La rhumerie
Mon sapin de Noël
Constipation intellectuelle
Les mots pour le dire…
Flash Beauté
Vous aimez le café?
Contes des bécosses : le mystère des pipi-o-matic (aussi appelées " sanisettes ")
Ce qui se porte de nos jours à Lutèce
Entre ciel et terre!
Encore dans la série " je vous regarde par-dessus le mur de camembert ", la rubrique tant attendue : le savoir-pisser
Toujours dans la série " je vous regarde par-dessus le mur de camembert " je vous présente aujourd’hui : le savoir-vivre
In France, they speak French!
Vive la France!
Dans la série " Je vous regarde par-dessus le mur de camembert ", j’ai le plaisir de vous présenter le premier volet : Routine francaise

Mal de bloc

Mal de bloc aujourd’hui. Plus d’Efferalgan (ce qui tient lieu d’aspirine aux Français), je les ai tous finis hier, alors que j’avais une migraine. Je suis seule à la maison, on m’a abandonnée. Je me dois donc de sortir avec ma tête qui veut se fendre en quatre. Aïe.

Je me rends au Casino.

Note pour les Québécois : le Casino, ici, ce n’est pas pour jouer, mais c’est un genre de Métro.

Note pour les Français : le Métro, là-bas, ce n’est pas pour voyager mais pour acheter de la bouffe. On peut y voyager aussi, mais juste à Montréal.

Bref. Dans le Casino super-géant, il y a une grande allée « être belle », où il semble y avoir des produits pharmaceutiques. J’ai beau parcourir toutes ces allées, nulle trace d’aspirine. Alors je cherche une allée « avoir mal à la tête », en vain. Ici, il faut être belle, mais on ne doit pas avoir mal à la tête. Pas d'allée « avoir la diarrhée » non plus, mais pour l'instant, ce n'est pas ce qui m'inquiète.

Je me décide à m’informer à un vendeur autochtone, qui me répond, comme si j’étais une demeurée : « mais on ne vent pas de ça ici, c’est un médicament! Vous trouverez ça à la pharmacie! »

AAAaaahhh bon! Je viens enfin de comprendre à quoi servent les pharmacies en France. Je n’y étais jamais rentrée depuis la fois où l’on m’y avait répondu (comme si j’étais une demeurée), alors que, enrhumée, je cherchais une boîte de kleenex (« Madame veut dire des papiers-mouchoâââârs!!! ») qu’on ne trouvait pas de ça ici et que je devais aller dans un supermarché...

C’est que dans nos pharmacies québécoises (nord-américaines en général), on trouve de tout, même un ami dans certains cas.

Par contre, dans nos supermarchés, on ne trouve pas d’alcool, prérogative des la SAQ, société d’état, qui, me suis-je laissée dire, est actuellement en grève. Au grand dam des fêtards...

Dans le Casino, on vend des allées et des allées d’alcools en tout genre, whisky, vodka, rhum, sans parler du vin et de la bière, mais pas la moindre petite aspirine pour en soulager les effets. Cherchez l’erreur.

Au moins, dans nos pharmacies, du moins certaines d’entre elles où l’on trouve de tout même un ami, quand on s’obstine à vendre des cigarettes, on y vend aussi les médicaments nécessaires pour soulager le cancer du poumon. Ça, c'est de la conscience professionnelle, monsieur!!!

Je me rends enfin à la Pharmacie du coin. Tout, y compris les Efferalgan convoitées, se trouve derrière les comptoirs. Sauf les crèmes qui prétendent donner un ventre plat, les « kit douceur » consistant en une peluche plus une autre petite crème aux propriétés nébuleuses, ainsi que les médications homéopathiques, dont la consommation ne risque guère de provoquer une surdose de quoi que ce soit.

Je profite donc du monsieur derrière le comptoir (au sens figuré, bien sûr) pour m’informer en passant s’il y a quelque chose d’un peu plus fort que ces Efferalgan. Il me sort une boîte dont il m’énumère le cocktail d’ingrédients, que je ne reconnaîs pas, sauf « codéine ». Allez, c’est ce qu’il me faut. Il m’avertit : « Ça assomme! ». Oui, très bien. De toute façon, je suis perdue pour ce monde quand la migraine me prend.
« Il ne faut pas le prendre avec de l’alcool » continue-t-il, consciencieux. Comme si j’avais envie de m’arsouiller alors que j’ai la tête comme une enclume!!!

Toutes ces courses m’ont fait prendre l’air et finalement, à mon retour, plus besoin ni d’Efferalgan, ni de Migrainol (je ne me rappelle plus du nom du produit mais ça sonnait comme ça).

J’en profite pour aller chez le coiffeur, et me poupouner un peu, après tout, nous sommes le 31 décembre.

Aaaaallez, bonne année!

Aventure à la Banque de France

Comment s’y retrouver dans l’argent français? Le passage à l’euro a facilité la tâche à tout le monde (puisqu’il est plus facile de transformer des dollars en euros plutôt qu’en francs), sauf aux Français. Ceux-ci se vengent en parlant encore en francs, en balles et en briques…

« Oh j’ai payé ça au moins vingt balles! » Des anciennes balles ou des nouvelles balles?

« Ça fait plus de dix briques, ça, madame! » Ah bon? Il y a combien de balles dans une brique? Des nouvelles briques, ou des anciennes briques?

Sans compter les personnes nées avant 1945, qui parlent en millions de centimes (centimes de francs, bien sûr!)

Ayant trouvé une pile de francs dans un tiroir, je me mets en tête d’aller les échanger contre des euros. Tout un défi, me dit-on. Il paraît, selon des témoignages, qu’on aurait refusé d’échanger ces pièces à la Banque de France lors du passage à l’Euro, et c’est pourquoi elles sont restées en vrac dans le dit tiroir.

Je fais des recherches sur Internet, et je découvre la note d’information #128, qui précise, à l’article 4.1 que les pièces peuvent être échangées jusqu’au 17 février 2005. J’épluche le document pour parer à toutes les éventualités : des frais ne peuvent être réclamés. En deçà de 8000 euros point besoin de pièce d’identité. Dans une succursale type clientèle un maximum de 1500 euros peuvent être changés. Annexe III, la liste des succursales de la Banque de France et leur type.
Ainsi armée, on ne peut me présenter une fin de non-recevoir. Je vais montrer à la face du monde ce que c’est que l’opiniâtreté!

11h40, j’arrive à la porte d’entrée de la Banque de France, succursale Argenteuil. La porte est barrée, je sonne. Par un intercom, on me demande ce que je veux et qui je suis. Je bredouille un nom et je dis que je veux changer de l’argent. La porte s’ouvre automatiquement, et j’entre dans un sas. La porte se referme derrière moi et je sonne à la seconde porte. Un buzz me signale que je peux entrer. J’accède à un second sas. Je regarde s’il n’y aurait pas un rayon décontaminateur pendant que la seconde porte se referme. Même manège, je re-sonne pour une troisième porte, celle-ci ne peut s’ouvrir que lorsque la troisième (j’ai perdu le compte des portes…) se referme. Sur la porte est inscrit « Nous informons notre aimable clientèle que vous avez jusqu’au 17 février 2005 pour échanger vos francs en euros » Je suis un peu déçue, c’est trop facile. Bah, j’entre.

11h45, j’entre finalement dans le Saint des Saints, la BANQUE!!!

Trois personnes en ligne, un client à chacun des deux guichets ouverts. Un des clients termine. Mouvement hésitant parmi la file. La caissière demande : « Il y en a qui désirent changer des francs en euros? » Je dis que oui, moi, et j’amorce un pas vers le guichet, ravie. Elle me rembarre : « Ah mais non, il faut attendre dans la queue pour la caisse! ». Crétine, j’y étais, dans la queue pour la caisse. Je retourne donc dans la queue pour la caisse. Qui porte la mention « Versements-retraits », ce qui est clair qu’il s’agit de la queue pour l’échange d’euros. Pfffft.

11h55 Le client initial, de la caisse « Versements-retraits », pendant tout ce temps, est encore là, bien occupé à compter des pièces. Ça fait 10 minutes qu’il compte des pièces. On en a marre de l’entendre compter des pièces.

La personne qui est en tête de file s’impatiente et sort.

12h. La banque ferme pour l’heure du midi. Personne ne peut plus entrer, mais on ne nous chasse pas. On entend toujours brasser de la petite monnaie au comptoir. Simplet n’a pas encore fini de calculer. Il aurait pu rouler ses pièces avant d’arriver avec son gros sac de monnaie!

12h05. Dans la file, nous sommes à veille de nous cotiser pour lui payer ses maudites cennes pour se débarrasser de lui. On l’imagine, manipulant avec soin ses pièces de 5 et de 1 centime de franc…
Je regrette de ne pas avoir amené mon livre. Ou bien des cartes postales à écrire. J’ai tout de même mon petit calepin qui me sert à prendre des notes pour mon cyber-carnet. Il y a une grande table et des chaises au milieu de la salle d’attente. Nous ne nous gênons pas pour les occuper. Un comptoir (vide) porte le nom de « comptes surendettement ». Et pourquoi pas l’appeler carrément « comptoir des paumés de la dalle qui sont dans la dèche »? La délicatesse des français m’étonnera toujours.

12h10, Simplet a enfin terminé de compter. Il remplit maintenant son formulaire. En trois exemplaires.

12h15, il quitte la banque. C’est la liesse, nous l’acclamons presque! Cliente #2 de la file d’attente passe. 12h20, c'est au tour de la cliente #3, qui se fait dire qu’elle est au mauvais endroit.

12h22, c’est enfin à mon tour!

La caissière défait lentement les rouleaux que j’avais confectionnés avec tant d’application, monte des petites piles de chaque pièce, les compte et les recompte, les marque à mesure sur son ordinateur, et me demande de remplir le formulaire. En trois exemplaires. Je dois dire d’où provient ce montant, pour le compte de qui, s’il y a lieu, etc. Et signer. Enfin j’empoche mes euros et je me retire.

Sortie par les sas. Entre le 2e et le 3e sas, je pause pour attacher ma veste et enfiler mes gants. Nous sommes en hiver, après tout, même s'il fait +7°C dehors. Le buzz résonne mais je l’ignore. Il a buzzé à tous les sas, je ne l’entends même plus. Puis une voix désincarnée, quoique impatiente, clame au haut-parleur : « Veuillez ouvrir la porte et sortir », preuve que ce ne sont pas que les clients qui sont ènervés.

J’enfile mon second gant en disant, au cas où on m’entendrait : « Oui, oui, on ne panique pas » et je sors dignement. J’aurais préféré une meilleure histoire à raconter. Je me voyais déjà réclamant de voir le gérant, puis le Ministre des Finances, et enfin, pourquoi pas, le Président de la République (prononcer cette dernière expression avec en arrière-plan, « La Marseillaise » jouée par un orchestre symphonique et chantée par Pavarotti).

Mais je trouverai bien d’autre moulins à vent contre lesquels me battre!

samedi 25 décembre 2004

Blogue de Noël

J’ai failli aller à la messe de minuit hier, celle de Saint-Germain des Prés (entre le MacDo et les super-poubelles en inox) bien sûr, mais je n’ai pu obtenir de billets. Une brève enquête autour de moi m’a confirmé qu’à l’entrée, ça se bouscule autant qu’à un concert de Johnny Hollyday. Presque le délire papal, quoi.

Je me suis donc rabattue sur du magasinage de dernière minute à Paris, rue Royale, et je me suis amusée à faire la queue à La Durée pour acheter des macarons et partager mon expérience inoubliable avec mon public qui m’aime, sauf Grincheux, cité plus bas dans un envoi antérieur.

Bref, le 24 décembre, un vendredi, en plein sur l’heure du midi pour emmerder le plus de monde possible, je me précipite rue Royale, à la maison-mère, et je fais la queue. Il faisait cette journée-là +10°C et dehors il faisait bon. Presque beau.

La file était longue d’une centaine de mètres, mais j’étais avec belle-mama et nous devisions gaiement. Enfin arrivées à l’entrée, le portier (car il y a un portier pour faire la circulation) nous laisse passer. Nous entrons de concert.

Il devait faire +40°C à l’ombre des 10 personnes au mètre cube qui étaient compactées à l’intérieur!!! N’écoutant que ma veulerie, je battis en retraite précipitamment, retournant dehors et laissant belle-mama seule pour affronter la multitude chaotique de l’intérieur. Un véritable sauna! C’est à se demander comment les macarons ne fondent pas sur les tablettes.

J’ai donc attendu peinarde dehors et j’ai eu le temps d’écrire 4 ou 5 cartes postales, d’appeler mon frère à qui j’ai raconté en long et en large la sensation incroyable que procure la station debout devant la vitrine de La Durée. Il me conseilla, pour un prochain arrêt, de visiter une boutique de fabrique artisanale de cure-dents sculptés.

J’ai trouvé l’idée bonne, mais je n’ai pas trouvé la boutique en question sur « pagejaunes.fr ». Dommage. Je me voyais déjà revenir au Québec et faire sensation avec un cure-dent sculpté en forme de tête de général de Gaulle.

J’ai tout de même traversé chez Lalique, presque en face, dès que j’eus récupéré belle-mama, sortant, échevelée, mais triomphante, avec sa boîte de macarons.

Lalique. Ambiance feutrée, tapis gris clair, vendeuses huppées, grises clair elles aussi, l’atmosphère respire le luxe et la quiétude.

C’est ce moment qu’a choisi mon cellulaire pour sonner (très fort) avec ma nouvelle sonnerie dont je n’étais pas peu fière à l’installation, mais qui commençait vaguement à m’embarrasser à mesure que se prolongeaient les recherches pour retrouver ce téléphone de bordel de merde de coliss de tabarnack enfoui au fond d’une poche très très loin…

« Je te dérange? » me susurre mon chéri, au bout du fil… « Euh… » répondis-je sous les regards désapprobateurs de la cheffe-vendeuse et de ses stagiaires.

Mais enfin, nous nous en sommes sorties indemnes même après ce crime de lèse-lalique, et nous sommes rentrées (rejoindre nos chéris respectifs) pour réveillonner tous les quatre en commandant du chinois.

Joyeux Noël!

mardi 21 décembre 2004

J'ai failli faire un acte de bravoure!!!

J'étais presque décidée, je voulais aller au fond du sujet...

Quand j'ai lu les instructions sur cette sanisette (si, si, agrandissez la photo, ça vaut la peine!), je me suis dégonflée...

Si les enfants de moins de 10 ans doivent être accompagnés, ça doit vraiment être dangereux!!!

Et puis, si c'est en service de 06h à 22h, que se passe-t-il si on a envie de pipi à 21h56 et qu'on tarde un peu à sortir???

lundi 20 décembre 2004

Merdouille au chocolat


On dirait une grosse merdouille mais je vous assure que c'est un sapin en carrés aux rice krispies arrosé de chocolat fondu et saupoudré de sucre glacé.

Aventure extraordinaire au MacDo!

N’écoutant que mon courage, je suis entrée dans un restaurant de Saint-Germain des Prés, justement dans le quartier où il y avait les super-poubelles (voir mon «post» du 4 déc), mais pas n’importe quel restaurant : le MACDO!

Le mac do de Saint-Germain des Prés

Armée de mon appareil photo, j’ai subrepticement pris le menu du MacDo en photo. Je m’y suis prise discrètement, car une expérience précédente dans le village d’Amqui, au Québec, m’avait appris qu’il était strictement interdit de photographier les menus des Macdo. Ce qui ne m’a nullement empêchée de le faire, comme vous pouvez le constater sur ce qui suit :

Menu MacDo typique au Québec Posted by Hello

Je me demandais si la consigne n’avait pas été inventée par la petite caissière Amquienne… Mais la grande caissière parisienne, juchée sur ses talons-hauts, m’a fait comprendre amicalement que la consigne est internationale, pas juste une coutume autochtone des habitants de la campagne profonde. Bon. Faut croire que je n'avais pas été assez discrète.

Rien n’étant à mon épreuve pour publier un bon « scoop », je fis fi de son avertissement, au péril de ma vie.

Pourquoi tant de mystère? On n’a jamais pu me répondre, mais j’ai entendu l’hypothèse que ce serait pour ne pas être copié. Pourtant, le menu du Macdo est loin d’être un secret d’état. Serait-ce pour le désign spécial de la pancarte? Pourtant, je n’y vois rien de splendide à s’en péter la tête sur les murs, jugez par vous-même…

Photo du menu du macdo français, où l'on me prend en flagrant délit de désobéissance civile. Posted by Hello

Si je ne pouvais (légalement) photographier le menu, rien ne m’empêchait de prendre mon assiette (ou plutôt mon plateau, pour ne pas dire ma « gamelle ») en photo. Sur un cliché absolument saisissant, voyez ici les « potatoes » et sa sauce « creamy deluxe » ainsi que le « chicken macnugget » (nos poétiques pépites de poulet, au goût universel de Tricatel)

Potatoes et sauce creamy deluxe Posted by Hello

Pour ceux qui aimeraient connaître le fond de l’histoire de l’interdiction de photos, tentez l'un des numéros suivants :

« Pour obtenir des renseignements généraux, communiquez avec McDonald's à l'un des numéros suivants: Toronto: (416) 443-1000 Vancouver: (604) 294-2181 Montréal : (514) 685-4411 »

Et si vous réussissez à obtenir une réponse, faites-m’en part!!!

dimanche 19 décembre 2004

La rhumerie


Paris est tellement une ville branchée qu'on y retrouve même un café spécialement pour les enrhumés!!! C'est pratique l'hiver...

vendredi 17 décembre 2004

Mon sapin de Noël


J'ajoute mon sapin à celui de E-Diote et de Laurentdebx. Après bien des essais infructueux pour pogner les lumières clignotantes en position allumées, je me suis tannée, et ça donne ceci.

jeudi 16 décembre 2004

Constipation intellectuelle

L’élan créateur avec lequel j’avais entamé avec enthousiasme l’ethnographie des Français en France (pour les Français au Québec, c’est encore une autre histoire…) a été coupé bien net il y a quelques jours, par un commentaire inattendu, qui m’a estomaquée.

Comment continuer, dans ces conditions, mon analyse affectueuse des particularités de mes lointains cousins?

J’ai délicatement effacé ces commentaires, pour préserver l’anonymat du pauvre garçon qui les a faits, mais je me dois tout de même de faire une mise au point. Pour mes amis français, et pour moi-même.

Je recopie la série de commentaires, intégralement, mais en omettant les liens et les noms :

Quelle rage, dans tes posts...
A propos d'un malentendu que tu sembles commettre souvent: sens populaires de...
Stationnement: Arrêt d'un véhicule pour une durée plus ou moins longue.Parking: Emplacement affecté au stationnement (voir plus haut) des véhicules automobiles.
Utiliser 'stationnement' pour ces deux sens n'est pas forcement plus justifiable qu'utiliser 'glace' pour 'miroir' et 'creme glacee' (traduction directe de l'anglais?).
M'enfin tu as le droit de te foutre des Francais -- ca ne paiera pas pour tout la condescendance que nous avons generalement pour les Quebecois. (En gros, nous les aimons que s'ils chantent ou font les bouffons a la tele).


Rage??? Ah bon! Il n’y en avait pas, mais à lire ce commentaire méprisant, j’ai senti le besoin de répondre par la bouche de mes canons. Comme disait Frontenac, qui était Français, après tout.

Voici le contenu de ma réponse :

Quelle rage, dans ton commentaire!
Ça justifierait l’opinion qu’a le reste du monde des Français, mais heureusement la plupart des Français semble avoir un peu le sens de l’humour. Mais continue à faire le bouffon dans ton blogue, on t’aime bien comme ça. En gros. Essaie aussi de chanter, ça pourrait t’aider.
À propos d’un malentendu que tu sembles commettre : « toute » s’accorde en genre et en nombre avec le mot auquel il se rapporte.


Que mon ami Laurentdebx se rassure, je ne méprise pas les fautes d’orthographe comme une forcenée, mais je tenais à répondre à cette petite note pleine de suffisance à propos du terme «parking», qui n’est pas un absolu, mais un régionalisme français.

À la suite de cet épisode, ma corresponelle (et amie) E-Diote est venue à la rescousse :

A te lire, Xxxxxx Xxxx, je me pose une question : Serait-ce que la nationalité française confère, seule, le droit à la critique et rende celle-ci légitime ?

Attention, là, c’était une Française qui écrivait!

Le sieur se rétracte alors de façon élégante :

Il y a peut-etre un malentendu. Je me moquais des Francais et de leur arrogance vis-a-vis des Quebecois. Le fait que vous me sautez dessus comme ca montre a quel point la tension est forte.
Je suis entierement d'accord que les francais sont arrogants, et je crois que sur mon blog j'essaie d'exorciser ce point
Je voulais juste dire que quitte a casser du sucre sur le dos des Francais, autant le faire avec humour et sans trop de malentendus. Et surtout, commencer par une auto-critique.
C'est tout ce que j'avais a dire... je ne reposterais plus ici pour eviter tout emballement.


Joli, mais l’ennui, c’est qu’il est d’accord avec moi pour dire que les Français sont arrogants, alors que je n’ai jamais parlé d’arrogance… J’observe, je décris les habitudes de vie, les différences. C'est tout. Je croyais aussi, naïvement, faire preuve d’un peu d’humour, mais bon, je fais ce que je peux.

Le plus curieux, c’est que jamais je n’ai senti de la part des Français cette arrogance à l’égard des Québécois en particulier. Jusqu’à ce que je lise son commentaire… Un malentendu, vraiment?

Tension? Il n’y a pas de tension entre les Français et moi (sauf entre lui et moi). Je me demande quelle expérience il a vécue pour être aussi catégorique dans sa perception d’une guerre qui n’en est pas une… Il est chatouilleux du Français, celui-là!

Et pourquoi commencer par une auto-critique? Ce n’est pas le sujet de mes articles! J’étudie en ce moment le Français, pas le Québécois.

Je suis bien aise qu’il ne vienne plus «poster» dans mon blogue, j’avais l’impression d’une vomissure sur mon joli blogue poétique et délicat.

samedi 11 décembre 2004

Les mots pour le dire…

Au MacDo, en France, il y a du nouveau sur leur menu (totalement anglais) : des POTATOES!!! Ça se mange avec de la sauce CREAMY DELUXE, hahahahah!!!

Le MacDo, géant américain qui fait ce qu’il veut dans tous les pays du monde, se moque un peu de sa clientèle en affichant le même menu à Paris que dans n’importe quel village de ruffians du Texas.

Sauf au Québec, où la loi sur l’affichage en français l’oblige à franciser son menu. Point de Chicken Mac Nuggets ou de Fillet-o-Fish pour nous. Nous avons les pépites de poulet et le filet de poisson. Qui, à défaut de plus grande valeur nutritive, possèdent une meilleure valeur étymologique. Servis, si on le désire, au service au volant. Pas au MacDrive!!!

Mais revenons à nos potatoes dans sa sauce creamy deluxe. Ce sont des morceaux de patate rôties avec lesquelles on donne un petit contenant de plastique avec de la sauce crémeuse. J'ai fait remarquer à mon ami autochtone qu'ils auraient pu appeler ça des patates, ou bien des pommes de terres, mais non, ce n'est pas pareil du tout, dit-il, celles-là ne peuvent se nommer autrement que « potatoes », parce qu'elles sont coupées en quartiers et rôties.

Un peu comme le « cake » et les « cookies », qui ne sont ni du gâteau ni des biscuits parce que... c’est pas pareil. Les indigènes trouvent toujours une bonne raison.

Ainsi, la différence entre un « parking » et un « stationnement » (car on voit parfois des affiches qui parlent de « stationnement ») est, semble-t-il, qu’un parking, c’est souterrain, tandis que les stationnements sont en surface. Subtilité. Encore qu’il existe des parkings en surface.

Il y a bien sûr le traditionnel « week-end », qui n’est pas la même chose que « fin de semaine ». La fin de la semaine réfère au vendredi. Bien sûr. Sauf qu’on dit bien « fin DE semaine » et non « fin DE LA semaine », nuance.

Alors qu'à Montréal nous risquons de nous retrouver pris dans les embouteillages pour aller magasiner, surtout la fin de semaine, quand il n’y a de stationnement nulle part, les Français, eux, se retrouvent dans des bouchons en allant faire leur shopping. Surtout le week-end, quand ils ne trouvent pas de parking. C’est quand même plus classe, selon eux!!!

C’est bien là le problème : alors que les Québécois sont vaguement honteux d’utiliser des mots anglais, marque de manque de vocabulaire et d’éducation, les Français, eux, se sentent très « in » en les employant.

Par contre, avouons que les termes « embouteillage » et « bouchon » se valent bien. Ils ont l’avantage de se reférer tous deux à la dive bouteille.

Les courriels et les pourriels sont de bien jolis mots, mais peu utilisés en France. Pourtant, ils permettent toutes les combinaisons pour de nouveaux concepts : des corresponels (à qui l’on écrit au debut via le clavardage, puis qui deviennent graduellement plus assidus dans l’échange épistolaire), jusqu'aux amourels (amoureux que l’on se trouve par Internet dans les multiples sites de rencontres)…

La « glace ». C’est comme ça qu’ils appellent la crème glacée. Sauf que quand on me dit « Mais regarde-toi dans la glace! », j’ai l’air malin à chercher mon reflet dans ma boule de crème glacée à la vanille!

La prononciation prête parfois à confusion. J’entendais quelqu’un à la télé parler des « fruits du péché ». Je croyais qu’il s’agissait d’une émission religieuse dans laquelle un curé hargneux allait vouer aux milles diables et à l’enfer éternel les petits enfants nés hors des liens sacrés du mariage. Pleine de curiosité malsaine, je regarde. Il s’agissait en fait d’une émission de jardinage sur la culture de la pêche. Pfffft.

Dans les émissions culinaires, attention aussi! Quand on vous dit d’ajouter des « pâtes » à l’émincé de veau faisandé dans sa béchamelle fine à l’estragon de bruyère (par exemple), n’allez pas y ajouter des « pattes », ce qui transformerait votre recette sublîme en un ragoût de pattes de cochon, mets qui manque un peu d’élégance.

Tout comme les binnes du Québec, aussi appelées fèves au lard. Et qui deviennent en France le « cassoulet », ce qui fait tout de même moins rustaud! Surtout avec l’appellation contrôlée de Castelnaudary, petit village du Sud, qui a eu le génie
d’encanner ses binnes et de les vendre dans toute la France comme si c’était le raffinement suprême, après les truffes et le caviar.

J’imagine que je pourrai revenir dans mon village du Bas-du-Fleuve, et faire de la publicité pour ma propre spécialité culinaire, sous une appellation contrôlée : les « carrés aux Rice Krispies de Sainte-Trinité-de-la-Rédemption». Je pourrais les vendre à prix fou dans toute la France à mon retour!

Bientôt les touristes français dédaigneront le sirop d’érable vendu dans les boutiques hors taxes des aéroports de Montréal, et reviendront avec des kilos de carrés aux rice krispies dans leurs bagages!!!

jeudi 9 décembre 2004

Flash Beauté

Entendu à la télé (française), entre deux émissions, un « flash-beauté », très sérieusement énoncé par une poupounne qui avait l’air de savoir de quoi elle parlait!

« Pour nettoyer votre visage, vous avez impérativement besoin d’un démaquillant, d’un nettoyant, d’un exfoliant, d’un tonique… » Un décapant, avec ça???

« Un masque, appliqué sur le visage, peut donner des résultats incomparables… » Des masques de Mickey Mouse, de Ronald Reagan ou du Général de Gaulle sont disponibles.

« Étendre en massant, de la base du cou vers le haut du visage… » Pétrir et laisser gonfler.

« Laisser reposer 20 minutes… » Puis mettre au four à 180ºC pendant une heure.

Là, on est juste propre, attention! On n’est pas encore maquillée! Et cette opération, tout comme l’ouverture et la fermeture des volets, doit se faire matin et soir!!!

Non, mais faut avoir du temps à perdre!

Vous aimez le café?


Un mètre cube de machine, pour faire un centimètre cube de café. Faut aimer le café!

mercredi 8 décembre 2004

Contes des bécosses : le mystère des pipi-o-matic (aussi appelées « sanisettes »)

Il y a quelques années, dans les sombres ruelles de certaines régions obscures de la France, ainsi que dans Paris, des éléments étranges sont apparus, dont la fonction semblait au départ de permettre de soulager les besoins naturels des Français. Il s’ensuivit bientôt que ces cylindres ovoïdes entrèrent dans les mœurs des indigènes : ceux-ci les ignoraient, comme on ignore une verrue tenace dans le visage.


Au début, quelques braves, poussés par une envie naturelle, en firent la visite. Ils racontèrent leurs observations et, de bouche à oreille, comme un mythe que l’on se chuchote les soirs de tempête, elles parvinrent jusqu’à nous. Le fonctionnement de ces engins devrait être tout ce qu’il y a de plus rassurant au départ puisqu’il est inspiré de la Technologie : après le passage de l’usager, un mécanisme permet de nettoyer l’habitacle.

Dans un des premiers récits que j’ai entendus, la procédure est la suivante : la personne met quelques francs dans la fente, la porte s’ouvre automatiquement, la personne entre, la porte se ferme automatiquement, la personne se soulage, puis elle tire la chasse, et enfin la porte s’ouvre automatiquement. La personne sort. Alors commence le cycle de stérilisation : la porte se referme (automatiquement, on l'aura deviné), la cabine entière se renverse et passe dans la seconde moitié de l’espace oblong. De puissants jets de produits chimiques sont alors envoyés dans toutes les directions pour assurer une désinfection totale. La cabine se remet en place, prête pour une autre utilisation.

En théorie, tout va bien. On offre à chaque utilisateur la conviction qu’il sera le premier à poser les cellules et bactéries de ses fesses sur le siège. Il peut même se rassurer que s’il prenait la fantaisie à quelqu’un de poser ses parties intimes au plafond, il n’y subsisterait pas un microbe pour témoigner de son geste.

Mais comment les Français, pourtant économes sur l’eau, ont-ils pu introduire chez eux, pour une somme si modique, un engin qui débite des litres et des litres d’eau et de produits divers?

Pour le touriste qui visite ces régions, ces machines infernales restent aussi cabalistiques que les pyramides de Kheops. S’il tente de recueillir des informations auprès des autochtones, ceux-ci, sans pourtant fréquenter ces lieux, semblent étonnés de l’intérêt porté à ces choses.

Et pourtant...

Des légendes modernes racontent qu’un jeune garçon, ayant tardé à sortir lors de l’ouverture de la porte, est resté pris à l’intérieur pendant le cycle de rinçage... L’histoire ne dit pas s’il en est sorti indemne mais l’on imagine avec horreur le pauvre petit ballotté comme un fétu de paille au travers des jets corrosifs et de ses propres excréments...

Une autre légende affirme qu’au cœur de Paris, une dame ayant témérairement utilisé ces engins eut le malheur de tirer la chasse avant de s’assurer que la décence lui permettait de sortir. Elle ignorait que le programme d’opération faisait ouvrir la porte dès que la chasse était tirée! Elle s’est faite pogner les culottes baissées, comme on dit…

Mais tout cela n’est pas vérifiable. Pareille incertitude exige une enquête approfondie. Ne disposant pas de la témérité nécessaire pour tenter l’expérience personnellement, j’ai dû recourir à l’interview.

Quelques-unes des personnes interrogées se souviennent qu’autrefois, dans le temps des Francs (je ne veux pas dire dans le temps de Dagobert 1er, mais le temps de l’avant-Euro), elles ont visité le Lieu Maudit. Toutes disaient qu’il n’y avait rien là de bien mystérieux, mais je voyais bien, moi, sous leur air nonchalant, l’héroïsme teinté de modestie qui les animait. La preuve, ces personnes n’y sont jamais retournées.

Un jour, peut-être, j’aurai le courage (ou l’envie de pisser) nécessaire à l’exploration de ces dispositifs étranges venus d’ailleurs Si je m’en sors vivante, je vous raconterai l’Aventure.

En attendant, j’invite les lecteurs à témoigner.

lundi 6 décembre 2004

Ce qui se porte de nos jours à Lutèce


Ce qui se porte de nos jours à Lutèce... Posted by Hello

Entre ciel et terre!


Le ciel de Paris Posted by Hello



Le trottoir de Paris Posted by Hello

Encore dans la série « je vous regarde par-dessus le mur de camembert », la rubrique tant attendue : le savoir-pisser

Le Français est pudique de l’urinoir.

Sa salle de bains est justement ça : une salle de bain. Bain, lavabo et à la rigueur un bidet (on se demande encore à quoi cet instrument peut bien servir…). De bécosse, point. Elle est dans une autre pièce. Dépourvue de lavabo, bien sûr. Ce qui fait que celui qui s’y rend (aux bécosses) doit ensuite traverser le salon et serrer la main au passage à quelques invités, avant de se rendre à la salle de bain, pour finalement et enfin se laver les mains.

Quand aux toilettes publiques, nommées de façon typiquement française : « WC » (water-closet, ou garde-robe à eau), elles sont soigneusement entretenues et surveillées par des employés indépendants nommés « Madame Pipi ». Ou « Monsieur Pipi ». Ils contrôlent les allées et venues, font payer un droit de passage, et dans certains cas décident, selon la couleur du visage du postulant, de la quantité de carrés de papier de toilette à distribuer.

Cela, quand on trouve les toilettes publiques. Car les indications sont rares, afin que seuls quelques initiés puissent trouver le Saint-Graal du caca.

Selon le même principe que la banque, qui charge des frais pour les dépôts, les toilettes sont payantes. Le but avoué est d’empêcher les robineux, clochards et autres infortunés de la rue de les utiliser. Ainsi on garde les toilettes proprettes, tandis que les dessous des ponts de Paris, non protégés par des Madames Pipi, mais d’accès gratuit, exhalent des effluves nauséabondes. Ce qui donne une nouvelle occasion de râler au Français moyen. Celui qui a les moyens de faire pipi sous supervision.

Dans les restaurants, l’hôtelier garde jalousement l’accès de ses bécosses pour ses clients. Vous voulez pisser? Vous devez consommer. Alors vous commandez un café, vous pissez, et vous sortez du restaurant avec une envie de pisser toute fraîche, pour recommencer la manœuvre dans le café suivant. D’où la coutume de se promener de café en café.

On reconnaît les Québécois à leur « Kessé ça? » incrédule en ouvrant la porte de ce qu’on appelle les toilettes turques. Il s’agit en gros d’un trou dans le sol, avec parfois des empreintes de pieds légèrement surélevées pour éviter de patauger. Gare aux bas de pantalons. Je suis personnellement montée visiter les toilettes dans la tour Eiffel, et j’ai été soulagée de voir qu’il ne s’agissait pas de toilettes turques. Soulagée pour les piétons qui se baladent en-dessous de la tour, bien sûr.

Il y a tant à dire sur le savoir-pisser en France, que le sujet est loin d’être épuisé. J’y reviendrai certainement. Les sanisettes, ou « pipi-o-matic », enfin ces trucs gris oblongs que l’ont retrouve parfois sur les places publiques, feront à elles seules l’objet d’une étude approfondie.

En attendant, je vous laisser méditer. Un commentaire?

samedi 4 décembre 2004

Toujours dans la série « je vous regarde par-dessus le mur de camembert » je vous présente aujourd’hui : le savoir-vivre

Le Français sait vivre. Son raffinement ne connaît pas de limites. À preuve cette conversation mondaine à l’heure du souper (qui s’appelle « dîner ») :
« J’ai vu des super-poubelles sur Saint-Germain… » (et là, je vous prie de me croire qu’on ne parle pas de la tite rue St-Germain à Rimouski…) « Ah oui, mais des poubelles en inox, ça demande de l’entretien! » Même leurs vidanges sont dignes d’un intérêt esthétique soutenu! Pôpa ne ferait pas mieux!


Le Français sait vivre, mais ne sait pas s’habiller. Il ne cesse de râler qu’il fait froid, mais il se promène en petite chemise, nu-fesses à l'air. Le but évident est de ne pas passer pour une moumounne, ce qui ne l’empêchera pas de se livrer à son sport favori : râler. Parce qu'il a froid.

La Poste, en France, sert de banque. Elle vend aussi des assurances. Et puisqu’ils n’ont toujours pas compris le principe de la file unique, malheur à celui qui veut acheter des timbres et qui se trouve derrière un quidam qui se cherche une assurance-vie ou qui a perdu sa carte bleue. Il risque d’attendre longtemps, tandis qu’aux autres guichets les clients défilent à toute vitesse (enfin, à toute vitesse, tout est relatif, nous sommes tout de même en France!).

Tous les matins, le Français va chercher sa baguette de pain. Fi du pain Weston, du pain caoutchouc qui fait des sandwiches ayant une date de péremption de deux mois ultérieure à la date d’achat, du pain qui reprend sa forme après avoir été écrasé par une main balladeuse. Le pain se mange frais. La croûte craque et la mie s’éfouére, comme du vrai pain qui se respecte. Comme quoi tout n’est pas si triste en pays de Gaule (ou de Gaulle, c’est selon).

Le Français est tolérant. Il n’y a qu’en France qu’on tolère les chiens dans les restaurants, dans les supermarchés (tiens, on pourrait les atteler aux « caddies »!) et dans les hôpitaux… Les chiens et les fumeurs. Ils laissent leur trace derrière eux, sous forme de petits tas fumants. C’est emmerdant.

Les Français parlent. C’est sans doute la raison pour laquelle ils ont tous en main ce petit bidule qu’ils appellent familièrement leur « portable » (à ne pas confondre avec l’ordinateur portable, qui, lui, est appelé « lap-top »). Les cellulaires sont partout. Comme les chiens, d’ailleurs, sauf qu’ils ne laissent pas de crotte derrière eux. Par contre, ils peuvent japper. J’en ai même entendu qui hennissaient!

TOUT LE MONDE a un cellulaire, et TOUT LE MONDE doit être disponible pour y répondre. Ne pas répondre à son cellulaire est aussi outrageant pour celui qui appelle que si on l’ignorait sciemment alors qu’il nous adresse la parole. Quand à avoir son cellulaire fermé, c’est simplement une aberration!

Le cellulaire devient de plus en plus indispensable : il donne l’heure, prend des photos, prend des vidéos, sert de GPS pour se localiser, possède une boussole, fait office de lampe de poche, c’est tout juste s’il ne fait pas la vaisselle. La toute dernière trouvaille du cellulaire moderne, le comble de la technologie, s’appelle le « chat vocal » (« chatter », c’est clavarder, rien à voir avec le félin). Le « chat vocal » nous permet de parler avec quelqu’un en appuyant sur un bouton, et de l’entendre nous répondre de la même manière. Un peu comme un walkie-talkie, sauf qu’il faut payer à la minute, ce qui est l’astuce, et qui donne une touche d’ultra-modernisme.

Je m’arrête pour l’instant. Mes lecteurs français commencent à me trouver râleuse. Quel beau compliment de leur part! Je m’adapte, je suis presque Parisienne!!!

Ne manquez pas le prochain épisode du camembert masqué : « Le savoir-pisser ».

In France, they speak French!

«Stop» français.


«Arrêt» québécois... (Ne vous laissez pas tromper par le drapeau français en arrière-plan, il n'est là que pour donner un cachet français à l'auberge québécoise... )


En France, le stationnement n'est jamais interdit. Il est seulement gênant. Comme les Français ne sont généralement pas gênés, ils ne se gênent pas pour stationner n'importe où. Chose curieuse, quand il est payant, le stationnement perd son nom au profit de «parking»...


On peut lire sur ces affiches : «Best Bazar», «Mighty Way», «Box Telecom». Vive la France!


Dans les super-marchés français, les «caddies» sont loués 1 Euro, et sont enchaînés les uns aux autres. Pour ne pas se faire voler. Au Québec (voir photo), ils sont en libre service, les clients les ramènent d'eux-même dans l'espace prévu du stationnement (et non du «parking») et on les appelle «chariots».

vendredi 3 décembre 2004

Vive la France!


Vive la France!

Dans la série « Je vous regarde par-dessus le mur de camembert », j’ai le plaisir de vous présenter le premier volet : Routine francaise

Le soleil se lève sur la Seine. Enfin, de l’autre côté de la Seine puisque la distance relative entre la rive opposee et l’horizon est plutôt grande… Bref, il est 08h30. On se croirait au pôle nord tellement le soleil se lève tard, mais nous sommes à la même latitude que Rimouski. Les Français ont simplement décidé de vivre à l’heure avancée l’hiver. L’été, ils avancent une seconde fois.

Au lever, toilette rapide. Puis, il est temps d’ouvrir les volets. C’est la cérémonie quotidienne qui nous permet de faire le tour de la maison, d’ouvrir grand les fenêtres pour laisser sortir la chaleur en hiver et laisser entrer les mouches en été. Une demi-heure le matin, une demi-heure le soir. Car le soir il faut recommencer la manœuvre.

Chez nous ornement purement décoratif, le volet est ici ancré dans les mœurs. Pas question d’oublier les volets ne serait-ce qu’une fois, sous peine de conséquences dramatiques autant que nébuleuses. Officiellement, il s’agit de se protéger des cambrioleurs. Naturellement, le cambrioleur français respecte les coutumes locales. Des volets fermés signifient : « Interdit de cambrioler ». Le code est honoré par les voleurs, le proprio est tranquille. Chez nous, une maison aux volets fermés lance le message suivant : « Le proprio est absent! Profitez-en! » Et le cambrioleur québécois ne va pas se gêner pour quelques lattes de bois un peu vermoulues.

Après les volets, on doit déjeuner. C’est à dire « petit-déjeuner », ou tremper son croissant dans son café. C’est la seule façon de le boire, par capillarité. On aspire ensuite l’autre extrémité du croissant jusqu’à ce que la tasse soit vide.

Vient l’heure des courses. Le Français fait ses courses tous les jours. Il part avec son cabas à la recherche de fruits frais, de légumes frais, de viande fraîche, de pain frais, et de lait UHT.

Le pain est acheté en dernier, ce qui explique qu’on est obligé de le coincer sous le bras pour pouvoir le transporter.

On rentre à la maison, on range les achats, on prépare le dîner (appelé « déjeuner »), on prend l’apéro puis on mange. Il est 14h00. On sort de table vers 15h30h. Chez nous, le soleil serait déjà couché. Mais puisque le Français a modifié le fuseau horaire pour l’ajuster à ses besoins, il fait encore clair pour quelques heures.

Ce qui nous laisse juste le temps de fermer les volets, avant de prendre son petit « quatre-heure », consistant en crème glacée (ou « glace »), biscuits (ou « cookies ») et gâteau (ou « cake »).

Il est temps de commencer à préparer le souper (appelé « dîner »), puis on prend l’apéro. Et on se met à table vers 20h : re-apéro, entrée, plat principal, légume (ou sa version française : riz et nouilles portent l’appellation « légume », ce qui ferait se revirer dans sa tombe le guide alimentaire canadien, eût-il été décédé), plateau de fromage, plateau de fruits, dessert. Avec un vin différent pour chaque étape. Et café à la fin.

Il est 22h30 à la sortie de table, le soleil en a profité pour se coucher.La journée a passé comme un éclair, on se demande où le Français trouve du temps pour travailler!

mardi 30 novembre 2004

Table des matières, novembre 04

Tout le mois de novembre d'un coup d'oeil! Cliquez sur l'un des titres de ce mois-ci pour y accéder rapidement. Ou faites dérouler la fenêtre pour avoir tous les articles du mois.

Maudits Français!
Aventure hospitalière
Chanson des collines
Ras le coco des jambes!
Pouponphobie
Voyage en zone sinistrée
Moi, mon monde, mon nombril… et mes recettes de cuisine!
Là où le pied de l’Homme...
La charrue a passé ce matin
Tous les garçons...

Maudits Français!

Quand l'étranger arrive à Charles de Gaulle, au terminal 3, pas moyen de téléphoner. Il y a des téléphones, mais aucun moyen de les utiliser. Si au moins on pouvait y mettre des sous, mais non, juste des cartes. Des cartes de crédit EUROPEENNES, évidemment, ou des cartes d'appel.

Heureusement, on est aimablement renseigné par les préposés aux renseignements qui nous disent, comme si ça allait de soi, que des cartes sont en vente dans la zone des départs, à 500m à votre droite. Et que c'est tout de même pas leur faute à eux, alors quoi, c'est pas loin après tout!!!

Comme c'est pratique! Celui qui part possède normalement tous les atouts pour téléphoner, et puisqu'il quitte la France, il n'a généralement pas besoin d'une carte qui ne fonctionnera qu'en France!

Par contre, le pauvre imbécile qui arrive et qui voudrait bien avertir qu'il est arrivé, se retrouve à devoir galoper 500m avec ses 40 kilos de bagages et sa nuit blanche et son décalage horaire pour se rendre aux départs dans le but d'acheter sa carte, en espérant entretemps ne pas rater les gens qui doivent venir le chercher.

Depuis combien d'années cet aéroport est en opération? 30, 40, 50 ans? Et personne n'a eu la brillante idée d'y installer une machine distributrice qui permet d'acheter des maudites cartes de téléphone!?!

CIBOERE!!!

vendredi 26 novembre 2004

Aventure hospitalière

Examen de routine à l’hôpital. L’instant est bien choisi pour ethnographier les patients dans la salle d'attente du département de cardiologie. La moyenne d’âge est assez élevée. Je fais figure de petite jeunesse parmi eux. Nous avons tous enfilé la petite jaquette bleue d'hôpital.

Manifestement, ils se connaissent tous. Ils jasent avec animation. Un homme raconte à la ronde d’un ton enjoué ce qui l’amène à frayer avec la cardiologie. Après la description rapide de ses trois arrêts cardiaques, de son traitement à la nitro et de sa paralysie au bras gauche, il enchaîne sur la chasse au chevreuil. Les autres de renchérir. Ils semblent tous, hommes ou femmes, être des habitués de la chasse et ont tous leur petite anecdote à raconter.

Je feins de lire. En réalité, j’aimerais bien lire, mais la causerie m’empêche de me concentrer sur le «Agatha Christie» que je tiens à la main. J’aurai bien amené «The fabric of Cosmos» ou bien «Black holes and time wraps» mais j’ai horreur de paraître pédante. C’est de si mauvais goût!


Mon intervention dans la conversation se limite à faire remarquer à une dame que la jaquette bleue se porte avec l’ouverture à l’avant. Elle retourne au vestiaire se la virer de bord et revient.

L’un des protagonistes demande à l’autre : «C’est quoi, votre nom, déjà?» L’autre de répondre : «Arthur Michaud» (nom fictif non pas pour préserver son anonymat, mais bien parce que je ne m’en souviens plus). Et, comme un ballet bien orchestré, le haut parleur annonce «Monsieur Arthur Michaud, en salle 5» Et Monsieur Michaud de se diriger d’un pas guilleret en salle 5, en jaquette bleue ouverte sur le devant.

Le propos ne tarit pas pour autant. Les individus passent, d’autres arrivent, et toujours la chasse au chevreuil tient le haut du pavé.


Enfin mon tour arrive, je quitte le débat bruyant avec soulagement.


À mon retour et à mon grand dam, je constate que la conversation roule toujours sur la chasse aux chevreuils. Ils ne pourraient pas parler de leurs bobos, comme tout bon patient qui se respecte, non?

Je passe au vestiaire pour troquer la jaquette bleue (à ouverture sur le devant) contre mes vêtements civils, et je quitte les lieux, mon livre inachevé à la main.

mardi 23 novembre 2004

Chanson des collines

J’habite le fin fond du paradis. Le fin fond car il n’y a personne. Mais le paradis quand même. Cet après midi m’en a encore plus convaincue. Il fait doux, un bon +1°C qui fait fondre la neige, aucun vent, le soleil plombe. Je me promène dans le rang, qui, de glacé et enneigé ce matin, est graduellement revenu à la terre boueuse. Le soleil fait scintiller les flaques d’eau, l’air est tranquille, on entend les oiseaux chanter, le battement d’ailes d’un corbeau, les chiens se roulent avec délices dans la neige croustillante. Il y a un village au loin, les collines encore plus loin, blanc et bleu et vert à perte de vue. Le Paradis!

C’est dans des moments comme celui-là, où je gambade dans le rang avec un sourire niais en chantant à tue-tête la chanson des collines, comme Julie Andrews (mais en faussant) dans la Mélodie du Bohneur, que je suis contente que personne ne me voie et ne m’entende!

lundi 22 novembre 2004

RAS-LE-COCO DES JAMBES!

Je vais m’épiler les jambes. Je choisis une soirée où je n’attends personne, où je suis libre d’aller mettre mon pot de cire dans le micro-onde sans qu’un quidam ne me surprenne, libre de procéder à l’opération sans me faire déranger, libre de disposer des bandelettes toutes pleines de poils collés à la cire sans que personne ne se doute de quoi que ce soit. La notion de Liberté a bien changé, on dirait…

Mais pourquoi tant de mystère?

Une femme aux jambes non rasées s’expose au regard désapprobateur de la société. Par contre, celle-ci ne supporterait pas d’être témoin des opérations nécéssaires à la transformation. Oui, car il y a bel et bien transformation. Une femme possède des poils sur les jambes. Mais oui, grosse nouvelle. Ainsi que sur les sourcils (URRRRK!), dans l’entrejambes (POUAAAAAH!), sous les bras (OUAAAACHE!), sur la tête (tiens, ça c’est permis!), ainsi que sur les paupières (ça, c’est définitivement bien!). Je n’ai toujours pas compris pourquoi certains types de poils sont valorisés au détriment de d’autres. L’esthétique de la chose est après tout très relative : des cils très fournis et très longs sont symbole de sex-appeal, mais au fond, ne dirait-on pas qu’il s’agit d’araignées dans les yeux???

Bref, on veut une femme épilée (sélectivement) mais il faudrait que ça se fasse comme par magie, hors des regards. Pour laisser à la société (femmes incluses) l’illusion qu’un femme n’a normalement pas de poils, hormis les poils admissibles au temple de la féminité exacerbée. Une femme adoooore penser qu’elle est Femme. Mais la notion de Femme étant une notion sociale plutôt que naturelle, elle s’empresse donc de corriger les erreurs dont la Nature l’afflubée. À grand coups de cire épilatoire, de chirurgie, de laser et le lipposuction. Autrefois, seul son coiffeur le savait. Maintenant, son chirurgien, son technicien, son pharmacien ainsi que tous les clients de la file d’attente à la caisse de la Pharmacie Jean Coutu (où «On trouve de tout, même un ami») le savent aussi.

Cachez cette cire épilatoire que je ne saurais voir.

Le rasage pour un homme prend une toute autre signification. Il peut se raser le menton, ou pas. Les deux sont admis. L'acte même du rasage de menton et les accessoires requis sont une manifestation de sa masculinité. Pour lui, «avoir l’air naturel» signifie exactement ça : être naturel. Il peut se laisser pousser le poil des jambes, aussi bien que le poil de poche, quitte à se le gratter pour faire comme les vrais joueurs de base-ball. Très viril. Rien à faire, rien à acheter, aucun achat requis. Aucune date de péremption non plus.

Bon, je vous entends d’ici dire « t’as qu’à ne pas te raser et fermer ta gueule ». Et rater une bonne occasion de faire un essai philosophique sur la question? Non, pas question! Je suis prête à toutes les bassesses pour la littérature. Même à m’épiler les jambes. Je n’irai tout de même pas jusqu’aux poils de poche.

Allons, allons, il y a des limites à l’abjection!

vendredi 19 novembre 2004

Pouponphobie

Pourquoi donc décide-t-on de faire des enfants? Pour repeupler le monde? Allons donc! Chacun sait que la Terre est en voie de devenir surpeuplée. De toute façon, les raisons altruistes en cachent toujours d'autres, moins avouables.

Il y a de plus un aspect carrément immoral à mettre des enfants au monde : c'est accepter implicitement de jouer le jeu de l'entreprise capitaliste qui exploite honteusement l'idolâtrie exacerbée des parents dégoulinants de béatitude face à leur rejeton. Qu'on pense seulement à ce que rapporte la vente des petits souliers (que c’est donc «cute»!) dont on affuble des pieds à peine dignes de ce nom qui ne savent même pas marcher, à toutes ces couches jetables «marcheur» à motifs bouton de rose ou bien petites autos bleues (non, mais, dans le ridicule, on ne fait pas mieux!) et à tous les autres besoins artificiellement créés par des "Bébérama" de tout genre...

Comment une masse gigotante, hurlante et accaparante comme le petit d'un humain peut-il attirer l'attention des gens sensés? Objectivement, du point de vue esthétique, que voit-on? De la chair de couleur maladive, une filet de bave ou autres fluides plus ou moins ragoûtants coulant autour des principaux orifices. Si nous comparons par exemple avec un chaton : ça naît avec une douce fourrure et ça me hurle pas! L’humaineau est un mammifère laid.

Pour que l'humaineau atteigne sa pleine croissance, il faut patienter des années et des années! Si encore au bout de quelques jours on pouvait l'entraîner à aller dans sa litière, quel soulagement! Mais non! Jusqu'à un âge assez avancé, il porte une couche, ce qui lui permet, ô miracle de la technologie, de transporter partout avec lui un échantillon de ses excréments.

Le poupon grandit et passe par diverses phases psychologiquement troublantes pour les parents et l’entourage en général. La phase du «non». La phase du «je veux». La phase du «je me roule par terre dans le magasin et je hurle jusqu’à ce que j’obtienne ce que je convoite». La phase ado, où il refusera tout ce qui vient des parents sauf le gîte, la nourriture, les vêtements et l’argent. Et quand enfin il devient adulte au point de vue physiologique, il se transforme en enfant-velcro et s’accroche toujours.

Et c’est ça que nous considérons comme un investissement pour nos vieux jours? Un «bâton de vieillesse»? Alors que dès que possible ils vont s'empresser de reléguer leurs parents à l'hospice et les déclarer inaptes à gérer leur vie?

Décidément, on se sent plus en sécurité sans descendance!

jeudi 18 novembre 2004

Voyage en zone sinistrée

J’avais préparé mon voyage depuis trois jours. Trois jours que j’observais la météo sur Internet : Miramichi, Bathurst, Amherst, Halifax, Kentville… J’avais vu un avertissement de neige abondante, mais il a disparu au bout d’une journée. Enfin, le lundi, j’étais prête! Mon ancien navire allait être au quai soit le lundi dans la nuit, soit le mardi à la marée suivante. Je vais en profiter pour aller voir mon équipage. J’irais aussi chercher les cinq boîtes d’effets accumulés pendant mes nombreuses années comme permanente sur ce bateau. Je les avais laissées chez une amie qui habite Hantsport, et j’allais la visiter.

Départ à 05h15 le matin. Il fait noir, j’écoute la radio pour économiser les CD que j’ai amenés pour le voyage. Une émission religieuse me supplie de prier Dieu si je sens ma Foi vaciller. C’est ça. Je prends une gorgée de café. Pas trop, car la première pause-pipi est au Nouveau-Brunswick, à 200 km de là. Le soleil se lève. Je suis en route!

Première pause : il est 08h, j’appelle la copine de Hantsport. C’est là que j’apprends qu’une panne générale sévit en Nouvelle-Écosse, causée par la tempête de neige du samedi. Oups, pas d’électricité depuis samedi midi. Les magasins sont tous fermés. Les stations d’essence aussi. Probablement qu’il n’y aura pas de chargement à Hantsport pour mon navire non plus.

Je suis trop loin pour reculer. Je m’informe si elle a besoin de denrées alimentaires, je planifie mes pleins d’essence pour pouvoir revenir, puis je continue ma route, en surveillant les nouvelles à la radio.

Arrêt-soupe en boîtes, chandelles, piles AA, lait, café.

J’arrive enfin à Hantsport au coucher du soleil, dans le noir. Je frappe à la porte. On m’ouvre à la bougie. Il fait chaud, il y a un poêle à bois. Soirée tranquille à la chandelle, devant les baies vitrées qui donnent sur une vue de la ville, dans le noir elle aussi. Je m’informe du bateau, il est retardé, il n’arrivera pas avant mercredi midi. Trop tard pour moi, je dois être de retour pour le jeudi matin sans faute, et je ne pourrais pas conduire durant toute la nuit.

Nous nous retirons de bonne heure, rien d’autre à faire.

Vers minuit, l’électricité revient, déjà. Je me lève pour éteindre la télé et les lumières du salon, puis je me recouche. Je suis presque déçue. La journée du mardi s’écoule comme une journée normale. On magasine. Je vais pleurer un peu sur le quai vide, sur mon bateau manqué.

Je reprends le chemin du retour le lendemain matin au lever du soleil. Je devrai attendre au printemps prochain pour revenir…

mercredi 10 novembre 2004

Moi, mon monde, mon nombril… et mes recettes de cuisine!

Une bouche écarlate, pleine page, babines frémissantes, menace de me lipposuccionner. Je frémis de dégoût et je me hâte à tourner la page.

Ciel, un magazine de «madames»! Des pubs toutes en couleurs alléchantes, montrant quelques rouges à lèvres de collection, nonchalamment ouverts et même brisés en morceaux, comme des bonbons, offerts à votre convoitise, mesdames!

Passons sur les pubs, un mal nécessaire, après tout, si l’on veut qu’une publication puisse vivre. Concentrons-nous sur le contenu : beauté (lisez «maquillage»), santé (lisez «minceur»), mode, décoration…

Si vous voulez savoir ce qui se porte de nos jours à Lutèce, c’est l’endroit! Des myriades de petites horreurs «tendance» portées par des mannequins qui nous regardent avec un air méprisant. Comme des préceptes religieux, on nous assomme sous les : «Il faut absolument porter…», «…est un incontournable de la saison», «cette année, les… sont décidément à proscrire» et «Pour un look-minceur, fuyez les rayures qui...».

Je constate qu’on ridiculise le legging («de grâce, banissez cette tenue complètement «out» de votre trousseau!»). Et je suis supposée, en tant que madame, jeter tous mes leggings pas chers, confortables, qui ne prennent presque pas d’espace dans les valises, et au lieu de ça, porter des pantalons à plis, à nettoyage à sec, à rayures tendances, à prix exorbitant, et qui ne me feront plus dès que mon tour de taille aura varié de 1 cm.

La lecture de ces magazines a un effet insidieux. Moi, oui, moi, qui ne me maquille jamais, comment expliquer que je reste parfois accrochée à lire des articles sur la bonne technique pour se maquiller?

Par quel phénomène étrange la vue d’une page de publicité ou un article «de fond» sur les mérites relatifs des différents produits de beauté fait que je m’attarde malgré moi à me demander quel mascara me conviendrait le mieux et quelle ombre à paupière siérait le mieux à ma palette de couleur?

C’est presque de l’hypnose!

La mode est à l’allure naturelle, nous dit-on. Point de répit pour autant! «Mesdames, il est difficile d’avoir l’air «naturelle»! C’est tout un art! Laissez-nous vous donner des conseils!!!» Et l’on y va de toutes les recommandations possibles, sauf la plus évidente : ne pas se maquiller. On oublie que toutes les femmes possèdent, sans même lever le petit doigt et sans débourser un sou, cet air naturel qui est si «tendance» de nos jours!

Mais il n’y a pas que ça dans ces magazines : on y retrouve aussi de la Santé! Il est de bon ton de nos jours de se préoccuper de la santé. Qui rime tellement avec minceur et beauté qu’on en profite allègrement pour nous bombarder de nouveau de conseils-minceur. Idem dans les recettes de cuisine, où l’on trouvera une recette de cretons-minceur.

Des idées-cadeaux pour Noël? Regardez toutes les monstruosités «cutes» et «kétaines» dont vous pouvez affliger vos connaissances et amis, à prix «raisonnable»!

Pourquoi la «madamerie» est-elle autant assimilée à la façade? Sommes-nous si superficielles, nous, les femmes?

J’ai reçu cette semaine un appel d’une revue de madames bien connue, qui me prévenait que mon abonnement était échu. Ouiiii, enfin! répondis-je. Après un moment de stupeur au bout du fil, l’employée, incrédule, insiste et me demande si je souhaite me réabonner. Avec une offre spéciale. Et des points-bonis. Et un cadeau en prime. Et deux numéros gratuits. Et ainsi de suite, si je l’avais laissée continuer, elle me payait pour que je reprenne mon abonnement.

Mais j’ai tenu bon, et de la même façon dont j’avais coupé les liens avec Yves Caillou, célèbre représentant de la Beauté au Naturel, je ferai de même avec tous ceux qui tentent de m’appâter dans le cycle infernal de la dépendance à la Beauté, à grands coups d’offres spéciales!

dimanche 7 novembre 2004


Là où le pied de l'Homme... Posted by Hello

Là où le pied de l’Homme...

Je pars à la conquête de l’Inconnu, dans l’espace infini de blancheur, là où nul être vivant n’a encore posé le pied, sur la vaste étendue de neige vierge des hauteurs collineuses de l’arrière-pays. Là où la main de l’Homme ne s’est jamais foulé le poignet.

Je pars surtout pour tenter de digérer l’énorme paquet de pop-corn au micro-ondes que je viens d’ingurgiter.

J’enfile tout mon gréement : caleçons longs, bottes de ski-doo, pantalons de polar, pull en polar, puis Kanuk garanti –35°C pour recouvrir le tout. Il ne fait pas très froid, mais il vente assez fort.

Direction : l’étang!

L’étang est assez loin. Je marche presque un kilomètre sur le rang, exposée au vent. J’arrive devant le chemin dans le bois. J’hésite. Il n’est pas déblayé, pas même une motoneige n’y a passé. Je fais quelques pas, j’enfonce dans la neige folle jusqu’aux genoux. Ce sera assez dur. J’hésite encore. Mais la neige est tellement invitante, la vue est féerique, et quelle fierté de raconter après coup mon épopée héroïque!

J’y vais!

Dès que je suis dans le bois, le vent tombe. Je me vois dans l’obligation de dézipper mon Kanuk et de retirer mes mitaines. Je n’avance pas vite, mais le paysage en vaut la peine. J’arrive enfin à la clairière où le chemin bifurque pour se rendre à l’étang. Je suis farouchement déterminée.

La vue de la clairière me rappelle qu’au printemps dernier il y avait un grand trou dans les environs et qu’un fermier y avait laissé des carcasses de vaches. On ne voit rien, tout est recouvert d’un mètre de neige. Qui sait quelles horreurs en décomposition se vautrent sous cette couche meuble? Ma détermination faiblit un peu.

J’ai la phobie des animaux morts. Mais je ne peux tout de même pas laisser mon imagination avoir le dessus! Je poursuis ma route et je traverse la clairière avec précaution. Tout de même, je ne voudrais pas tomber dans le trou! La face dans une charogne de vache, en plus! Mon pied se pose, au travers de l’épaisse couche de neige, sur ce qui pourrait être un petit tronc d’arbre. Ou un jarret de vache. Autour, le sol me semble mou. Ça pourrait être les branches d’un sapin tombé. Ou bien la peau molle et flasque d’une putrescence d’origine animale.


Je suis encore loin de l’étang, j’angoisse, je n’ose plus bouger, encore moins avancer… Seule solution : revenir précautionneusement sur mes pas, en suivant mes anciennes traces. Je rentre à honteusement à la maison!

Tant pis pour le pied de l’Homme!

vendredi 5 novembre 2004

La charrue a passé ce matin


La charrue qui passe, il est 06h Posted by Hello

La première neige d’il y a deux jours semble tenir. Je me suis levée ce matin et tout était blanc, y compris la garnotte sur mon rang, qui échappe habituellement aux premières accumulations.

La charrue était au bout du rang, et s’en venait à toute vitesse par ici. J’ai vite sorti mon appareil photo pour en envoyer une image à ma corresponelle française, e-diote, qui, comme tous les Français, raffole de nos hivers québécois, à condition d’en être loin.


Comme de fait, sa réponse ne tarde pas : «La charrue ? J'ADOOOOORE ton vocabulaire québécois. C'est trop mignon !!!»

Piquée, je me saisis de mon Larousse illustré de 1979 pour lui répondre par la bouche de mes canons. Peine perdue, on y lit : «Instrument aratoire qui… bla bla bla». Je suis mortifiée. Puis mes yeux tombent sur une photo de charrue en train de déblayer un bon 3 pieds de neige! Ah-AH! Comme dit mon ami le pharmacien dans la pub de Phamiliprix! J’ai trouvé!

Sauf qu’en dessous, il y avait la mention «chasse-neige».
Chasse-neige!!! Non mais! Quand on sait que la charrue passe à la vitesse d’un cheval au galop, imagine-t-on dire aux enfants : «Attention, ôtez-vous de dans la rue, le chaaaaassssseû-neiiiiiiigeû arrive!» Mais ils ont le temps de se faire emporter les pauvres!

C’est comme si on disait aux enfants du Mont-St-Michel : «Attention les enfants! Le mouvement régulier et périodique des eaux de la mer par lequel le niveau monte et descend chaque jour dans un même lieu commence!» Mais ils vont se noyer, les petiots!!!

Pendant ce temps, la tempête continue de sévir, ça poudre de partout, le blizzard se met de la partie et les bancs de neige s’accumulent. On se croirait dans le tome 5 de «La petite maison dans la prairie»!

lundi 1 novembre 2004

Tous les garçons...

J’écoutais à la radio la chanson de Francoise Hardy «Tous les garcons et les filles de mon âge». Oui, quand je ne lis pas des livres quétaines, j'écoute des chansons quétaines. Mais je ne peux m’empêcher d’analyser... J’écoutais cette chanson quand j’étais ado et c’est écrit pour les ados. Mais tout de même!


1) «Tous les garçons et le filles de mon âge savent très bien ce qu’aimer veut dire»
Faux! : Premièrement, si la chanson a été si populaire, c’est que tous les garçons et les filles de cet âge se reconnaissaient en elle, donc ils étaient seuls et uniquement une petite minorité se trouvait en couple. Par ailleurs, peut-on prétendre qu’à cet âge, on sait très bien ce qu’aimer veut dire?

2) «Tous les garcons et le filles de mon âge font ensemble des projets d’avenir»
Non mais tu imagines, faire ensemble des projets d’avenir à 16 ans! Quelle excellente façon de se préparer des déceptions!!!

3) «Et les yeux dans les yeux, et la main dans la main, ils s’en vont, amoureux, sans peur du lendemain...»
Au contraire! Dès qu’une ado se pogne un tchum, plutôt que de vivre dans l’espoir de se pogner un tchum, elle vit dans la peur (pour contre-paraphraser le journal d'Anne Frank) de perdre son tchum...

4) «Oui mais moi, je vais seule, dans les rues...»
Quel bonheur! Aller seule, dans les rues, et décider soi-même de sa destination!

5) «Car personne ne m’aime»
HAHAHAHAHAHAHAHHAHAHAHAHHA!!! Oui, celle-là, elle se passe de commentaires!!!

Dans une prochaine chronique, j'analyserai «Agadou dou dou»!

dimanche 31 octobre 2004

Table des matières, octobre 2004

Tout le mois d'octobre d'un coup d'oeil! Cliquez sur l'un des titres de ce mois-ci pour y accéder rapidement. Ou faites dérouler la fenêtre pour avoir tous les articles du mois.

Tome 2 de la petite maison et yen a déjà marre
La petite maison dans la prairie
On est bin ouverts à vos commentaires...
La science-fiction virile
Un commentaire?
Des réponses pour toutes les questions
Fièvre créatrice
Bienvenue dans mon blogue

Tome 2 de la petite maison et yen a déjà marre

Dans ce tome, Papa Ingalls a amené sa petite famille sur une belle terre, qui est pleine de promesses. Mais ils sont pauvres. Pauvres mais heureux.

Laura et Marie vont à l’école. L'école est à 5 km de là, elles s'y rendent en marchant, nu-pieds en plus. Elles se partagent une ardoise et achètent une craie à deux avec le sou qu’elles ont reçu comme cadeau de Noël dans le tome 1. Elles comprennent qu’il ne faut pas achaler papa avec des dépenses exorbitantes.

Pendant ce temps, papa travaille comme un damné pour cultiver sa terre, le blé pousse, il est gras, il est beau, il est abondant. La fin de leurs misères approche.

C’est trop beau, se dit le lecteur, avec raison. Un nuage de sauterelles arrive sans crier gare, bouffe toutes les récoltes de la région, jusqu’aux patates du potager et aux feuilles des arbres. Il ne reste plus rien. Papa va travailler très loin à l’est, pour gagner un peu d’argent.

L’été suivant, les œufs des sauterelles éclosent. Papa retourne travailler au loin.

Puis enfin les sauterelles partent pour de bon. La terre respire de nouveau. Pas longtemps, car le feu prend vite la relève pour aller tout ravager.

Et j’ai oublié de mentionner, dans le premier tome, la malaria qui a failli emporter tous les membres de la famille. Et la scarlatine, qui s'est déclarée quelque part entre le tome 2 et le tome 3, laissant Marie Ingalls aveugle.

Bref, on assiste à un «remake» des 7 plaies d’Égypte. Nellie Oleson, la petite peste blonde, étant l’une d’entre elles.

On comprend mieux maintenant pourquoi, après plus de 20 ans d’épisodes à la télé, la famille Ingalls n’est pas plus riche qu’au début, et comment Michael Landon s’est enrichi à produire cette série dont les reprises font pleurer la France toute entière, entre deux émissions de télé-réalité.

Qui feront, bien sûr, l’objet d’une prochaine chronique. Tant qu’à perdre mon temps…

samedi 30 octobre 2004

La petite maison dans la prairie

Comme promis, je me suis lancée dans la lecture édifiante des 5 tomes de «La petite maison dans la prairie», empruntés chez une copine qui préfère, avec raison, garder l’anonymat. Moi-même, sans le couvert de l’incognito, jamais je n’aurais avoué avoir lu ça.

Profitez donc de mon avis éclairé sur le sujet.

Dans le premier tome, papa Ingalls va s’installer avec sa petite famille en plein dans le territoire des Indiens. Après tout, le Gouvernement n’a-t-il pas promis qu’il allait bientôt les en chasser? Maman Ingalls n’aime pas les Indiens. Papa Ingalls est plus modéré, ce qui ne l’empêche pas de construire sa maison sur les plus belles terres indiennes. Le raisonnement en est que les Indiens ne font que vagabonder sur leurs terres, alors que la terre devrait appartenir à ceux qui la travaillent (et non à ceux qui la respectent). Jusqu’au chien des Ingalls qui fait preuve d’un racisme primaire, en grognant et aboyant après tous les Indiens qui passent.

On voit donc, à partir du point de vue naïf de la petite Laura, la stratégie de la colonisation à l’œuvre : on envoie les colons s’installer, et quand ils ne sont plus délogeables, on chasse les Indiens vers des terres plus reculées. On se croirait dans la Bande de Gaza.

Bref, après bien des péripéties, on apprend que le gouvernement ne chassera pas les Indiens après tout (sans doute un méandre de l’Histoire, qui, on le sait, est revenue sur ses pas pour parquer les Indiens dans les réserves) et la petite famille Ingalls reprend la route dans son chariot. Qu’il est long, qu’il est long, ton chemin, papa… On croirait entendre Joe Dassin.

Ne manquez pas la suite de ma critique sociale dès que j’aurai terminé la lecture du tome 2!

jeudi 28 octobre 2004

On est bin ouverts à vos commentaires...

J'ai enfin trouvé le moyen d'ouvrir à tous les commentaires. Plus besoin d'être membre. Essayez-le pour voir!

La science-fiction virile

Moi qui raffole de science-fiction et de vulgarisation scientifique, j’ai lu récemment le livre «Tau Zéro» de Poul Anderson. Il est certainement un maître dans le style «hard science-fiction», par contre, les passages décrivant la vie à bord sont aussi mauvais qu’un roman de série «B». Sans vouloir insulter ceux-ci.

En gros, il s’agit d’un vaisseau spatial en partance pour coloniser une planète d’un soleil éloigné de 32 années-lumières. En voyageant près de la vitesse de la lumière, le trajet peut se faire en quelque cinq ans subjectifs. À mesure que le vaisseau prend de la vitesse et s’approche de celle de la lumière, le facteur Tau décroît, ce qui fait que le temps subjectif décroît, en même temps que la masse du vaisseau augmente. Le facteur Tau étant la racine carrée de 1 moins le rapport des vitesses du vaisseau et de la lumière au carré.
Pour les visuels : Tau = (bon, le blogue ne veut pas recopier mon équation, vous allez devoir vous en passer)
Jusque là, tout va bien. L’auteur connaît son affaire et se débrouille très bien dans sa narration.

Allons à l'intérieur du vaisseau. C'est là où ça se corse. L’équipage et les passagers se composent de 50 personnes, 25 hommes et 25 femmes, tous des spécialistes ou des techniciens, sélectionnés pour leur courage, leur sang-froid et ayant tous passé les tests psychologiques nécessaires. L’auteur a réussi à éviter le piège commun aux auteurs de SF qui consiste, malgré l’évolution de la société, à embarquer des hommes... et leurs épouses. Jusqu'ici, bravo!

Le capitaine et le chef mécanicien sont des hommes. Oui, bon, n'en demandons quand même pas trop. Le premier officier est une femme. Bravo là encore, bien que les larmes lui viennent plutôt facilement...

Par contre, on découvre très rapidement que la proportion d’hommes et de femmes a été déterminée par le besoin physique d’avoir assez de femelles pour que les mâles n’aient ni besoin de se battre entre eux, ni de violer. Sans cette justification, l’on sent que le choix de la proportion aurait été toute autre.

Parlons statistiques. Sur les 25 hommes à bord, on en connaît 21 par leur nom. On connaît aussi leur fonction à bord et ils prennent presque tous une part active dans l’histoire, par des recherches scientifiques, par l’importance de leur fonction ou même par des bagarres auxquelles ils ont pris part. On mentionne aussi parfois un chef d’équipe «ainsi que ses hommes», sous-entendant que plusieurs autres hommes sont sous ses ordres. Mais quelle est la place qui reste aux 25 femmes dans tout ça?

Des 25 femmes à l’intérieur du vaisseau, on n’en connaît que sept par leur nom. Sur les sept, deux ne sont que mentionnées en passant, sans qu’elles aient une part active dans l’action. Sur les cinq autres, trois ont couché avec le héros, la quatrième est trop laide pour ça. Quant à la cinquième, sa part dans l’action n’apparaît que 30 pages avant la fin parce qu’on avait besoin d’un utérus. Et seule la fonction de la première officière est connue. Que font les autres à bord? Nul ne le sait. On mentionne vaguement que le héros a eu plein de maîtresses d’où la nécessité d’un cheptel aussi important que 25.

Voilà donc les bases établies par l’auteur pour permettre des interactions dynamisantes de flirts, d’échange de chambres et de jeu du lit musical. On se croirait dans la télé-réalité. Ce qui fera l’objet d’une prochaine chronique, n’en doutez pas. Bref, en cinq ans, on a bien l’intention, à bord du vaisseau, d’essayer toutes les possibilités, à l’exception de quelques personnes qui sont engoncées dans un puritanisme caricatural. Si l’on nous fait grâce des descriptions pornographiques, l’on ne va guère plus loin dans les nuances sentimentales.

Le véritable héros de l’histoire est le Flic du bord. Un constable. Le héros typique ténébreux, à l’enfance malheureuse, qui garde ses secrets et ses blessures internes sans se plaindre ni se prendre en pitié, le Mâle, le Viril, avec juste la touche d’homme des cavernes qu’il faut pour que son magnétisme fasse que tous les hommes le détestent et que toutes les femmes veulent coucher avec lui. Le cliché par excellence. D’ailleurs, rien que dans les 19 premières pages, j’ai compté trois femmes qui lui ont offert de partager leur couche. Et qui ont fini par le faire au fil du roman. Ainsi qu'une quatrième, qui n'a pas pu non plus se retenir.

Ce Flic aux manières brusques est au-dessus de tout. Bien qu’il considère l’autorité comme valeur primordiale, à la première occasion, il passe par-dessus les ordres du capitaine et prend en charge les meetings d’urgence sans que ni le capitaine ni le premier officier ne réagissent. On voit que l’auteur n’a aucune idée du fonctionnement réel d’un navire ou d’un vaisseau spatial. Je ne suis peut-être pas astronaute, mais je suis marin, je sais de quoi je parle. Toujours est-il qu’à la première urgence, le héros traite les passagers comme des pauvres civils bêlants (ils réagissent d’ailleurs comme tels pour mettre en valeur l’autorité du héros) alors que l’auteur nous avait pourtant décrit avec quel soin ils avaient été sélectionnés pour cette mission.

Le héros crée une milice d’hommes (!) armés pour garder la paix et l’autorité sur le vaisseau. Tout est mis en place pour la création d’un état policier. À l’annonce de chaque mauvaise nouvelle, les femmes pleurent et les hommes disent des gros mots. C’est d’un caricatural!

Ce qui ce passe à l’extérieur du vaisseau est autrement plus palpitant : à cause de la distorsion de l’espace-temps due à la vitesse de plus en plus grande acquise, l’univers est en train de changer, d’évoluer sous nos yeux!

Dommage que nous devions nous taper toutes les inepties décrites plus haut pour avoir un peu de bonne spéculation scientifique entre deux anecdotes laborieuses. La partie romancée semble être issue de l’imagination et des fantasmes d’un adolescent de quatorze ans. Cet écrivain aurait avantage à travailler en collaboration avec un (une?) autre auteur plus au fait des choses de la vie.

Bon, je vais aller maintenant lire la série «la petite maison dans la prairie».

mardi 26 octobre 2004

Un commentaire?

Pour écrire un commentaire, il faut être membre. C'est gratuit, mais c'est un peu laborieux. Un courageux (ou un tenace) a bravé la blogocratie pour s'incrire et m'envoyer son commentaire, très fin, en passant, je le recommande pour ceux qui ont mangé un gros bol de binnes (recette sur demande). D'autres se sont plaints que j'en écris trop long, que personne n'a le temps de lire. Et alors? Si moi j'ai le temps d'écrire, c'est l'essentiel, non? Vous lirez quand vous aurez le temps. Ou pas du tout. Je suis comme la Poune, j'aime mon public. La preuve, cette entrée est toute petiiiiite!

Des réponses pour toutes les questions

Je suis en train de lire un livre passionnant «Who’s afraid of Schrödinger’s cat?» qui m’a inspiré quelques réflexions existentielles concernant l’Univers. Le livre en question est une collection de courts textes sur différents sujets scientifiques. Je me suis aperçue que la science des particules me fait «tripper» (c'est-à-dire basculer dans un état d'extase) alors que les sujets tels la science du cerveau (sauf quand il s’agissait du «quantum theory of the mind») et la psychologie me faisaient «chier» (déféquer). Je lisais quand même mais bof. J’ai assez supporté les torsions de l’application de la psychologie cognitive aux plans de cours dans les dernières années pour m’en écoeurer. En fait, tout ce qui ressemble à l’école me fait vaguement suer. J’en fais encore des cauchemars pédagogiques. J’ai bien fait de lââââcher l’école, être prof, c’est encore pire que d’être étudiant. Mais je m’égare, je parlais de mes idées très arrêtées sur le Cosmos.

Par exemple : on s’interroge sur la raison pour laquelle la dimension du temps, comme chacune des dimensions spatiales, n’est pas réversible. On peut aller en haut et en bas mais pas en futur et en passé. AAAaaahhh, mais voilà, c’est que (me dis-je) le temps est en expansion, tout comme l’espace! On n’a donc pas le choix de le suivre! 10 exposant -32 seconde à l’ère de Plank équivaut aujourd’hui à 100 milliards d’années (à peu près…, je n’ai pas fait le calcul) de nos jours. La vraie question est donc plutôt : pourquoi sommes-nous capables d’aller en avant et en arrière, en haut et en bas, à bâbord et à tribord??? Qui a inventé la machine à reculer dans l’espace???

Mais reculons-nous vraiment dans l’espace ou bien dans une dimension à la fois? Noooooon, mesdames et messieurs, sans la collaboration des deux autres dimensions, on ne pourrait ni avancer, ni reculer. À bien y penser, sans le temps non plus, on ne pourrait bouger. Et sans espace, pas d’évolution dans le temps, pas même par en avant… Bon, j’avoue que là-dessus ma théorie n’est pas tout à fait au point. J’en saurai plus lorsque j’aurai lu sur la théorie des supercordes qui implique un univers à 36 dimensions.

Autre réflexion : on ne trouve pas de «gravitons», particule hypothétique transportant la force de gravité, ni de théorie unifiée incluant la gravité. C'est parce que la gravité n’est pas une force, mais une déformation de l’espace-temps. Einstein nous a cassé les oreilles avec ça depuis 1910! Donc, pas besoin de particules transportant la force… Cessons de chercher, de grâce!

Par ailleurs, notre univers n’est qu’un trou noir à l’intérieur d’un univers plus grand, qui est lui-même un trou noir dans un univers plus grand. Et l'on s'imagine que notre petit trou noir est l'alpha et l'oméga de tout. Alors que par définition, rien ne peut s'échapper de notre univers et on croit aller tout droit alors que celui-ci est courbé donc on revient au même endroit, ce qui correspond aussi à la définition d'un trou noir…

Oui, je sais, c’est un classique éculé de la science-fiction, mais là où ça se corse, c’est que dans MA théorie, ces univers de plus en plus grands rejoignent l’univers le plus petit (ou le trou noir le plus petit, si on veut) dans une 37e dimension qui est recourbée sur elle-même. C’est là que l’infiniment Grand rejoint l’infiniment Petit. Mais vu qu’un cercle n’a ni début ni fin, nous sommes tous (nous, les Univers) des infiniment Moyens.

D'autre part, concernant la théorie farfelue de Gaïa (les planètes seraient en vie, les galaxies seraient des méga-organismes vivants), à peine effleurée par Isaac Azimov dans la série Fondation, alors si c’est vrai, la Terre est une tumeur maligne et les humains en sont les cellules cancéreuses!

Autre théorie (c’est pas moi qui l’ai inventée mais j’ai une réponse à apporter, comme sur toutes les autres questions) est que notre univers et son big bang côtoieraient d’autres univers avec leur propre big bang. Je n’en crois rien. Notre univers côtoierait plutôt toutes les autres singularités originelles qui n'auraient pas bigbangné. NOTRE big bang est plutôt une tumeur en expansion dans ce méga-univers. Conclusion, pire que la précédente : l’Univers (le nôtre) en entier est un cancer!!!

On se demande aussi par quel heureux hasard notre univers a JUSTEMENT les constantes qu’il faut pour supporter la vie. Un taux d’expansion trop petit ferait se recontracter l’univers trop vite pour que la vie se développe et un taux trop grand aurait fait se disperser la matière avant que ne se forment les premières molécules. Même Hubert Reeves se le demande. Moi (évidemment), j’ai trouvé la réponse :

Rien là de bien merveilleux : ils ont tous existé (les univers) les uns à la suite des autres, à partir d’un taux d’expansion ridiculement petit, ce qui fait que lorsque le premier univers s’est recontracté tout de suite en un big crunch, il a provoqué, avec l’excédent d’énergie, un autre big bang avec, cette fois-ci, un taux d’expansion un peu plus grand, qui s’est recontracté en un big crunch qui a provoqué un autre big bang et ainsi de suite (comme une balle qui rebondit), jusqu’à ce que INÉVITABLEMENT, il y en ait un qui arrive à notre taux d’expansion idéal (qui, soit dit en passant, n’est idéal que pour nous puisque la Vie est le cancer de l’Univers.)

À cette dernière théorie, on m’objectera que la conservation de l’énergie interdit que l’univers suivant ait un taux d’expansion supérieur au précédent. Je l’accorde. Mais le big bang n’a certainement pas pu commencer sa carrière avec un taux d’expansion infini pour ralentir (puisqu’il n’aurait pu se recontracter la première fois). Alors, d’où vient cette énergie supplémentaire? AAAAAaaaaahhhhh, mais voilà : elle est utilisée à partir de perte générale d'énergie imposée par la seconde loi de la thermodynamique. L'entropie augmente avec le temps, ce qui lui impose du même coup une sévère restriction : celle de ne permettre qu’une direction, le futur…

Et voilà, j’ai réglé le sort du monde en deux temps trois mouvements. Pour le prix Nobel, vous pouvez me joindre en me laissant votre adresse courriel en commentaire, je vous rappellerai. Merci de votre attention et bon vol.