lundi 22 novembre 2004

RAS-LE-COCO DES JAMBES!

Je vais m’épiler les jambes. Je choisis une soirée où je n’attends personne, où je suis libre d’aller mettre mon pot de cire dans le micro-onde sans qu’un quidam ne me surprenne, libre de procéder à l’opération sans me faire déranger, libre de disposer des bandelettes toutes pleines de poils collés à la cire sans que personne ne se doute de quoi que ce soit. La notion de Liberté a bien changé, on dirait…

Mais pourquoi tant de mystère?

Une femme aux jambes non rasées s’expose au regard désapprobateur de la société. Par contre, celle-ci ne supporterait pas d’être témoin des opérations nécéssaires à la transformation. Oui, car il y a bel et bien transformation. Une femme possède des poils sur les jambes. Mais oui, grosse nouvelle. Ainsi que sur les sourcils (URRRRK!), dans l’entrejambes (POUAAAAAH!), sous les bras (OUAAAACHE!), sur la tête (tiens, ça c’est permis!), ainsi que sur les paupières (ça, c’est définitivement bien!). Je n’ai toujours pas compris pourquoi certains types de poils sont valorisés au détriment de d’autres. L’esthétique de la chose est après tout très relative : des cils très fournis et très longs sont symbole de sex-appeal, mais au fond, ne dirait-on pas qu’il s’agit d’araignées dans les yeux???

Bref, on veut une femme épilée (sélectivement) mais il faudrait que ça se fasse comme par magie, hors des regards. Pour laisser à la société (femmes incluses) l’illusion qu’un femme n’a normalement pas de poils, hormis les poils admissibles au temple de la féminité exacerbée. Une femme adoooore penser qu’elle est Femme. Mais la notion de Femme étant une notion sociale plutôt que naturelle, elle s’empresse donc de corriger les erreurs dont la Nature l’afflubée. À grand coups de cire épilatoire, de chirurgie, de laser et le lipposuction. Autrefois, seul son coiffeur le savait. Maintenant, son chirurgien, son technicien, son pharmacien ainsi que tous les clients de la file d’attente à la caisse de la Pharmacie Jean Coutu (où «On trouve de tout, même un ami») le savent aussi.

Cachez cette cire épilatoire que je ne saurais voir.

Le rasage pour un homme prend une toute autre signification. Il peut se raser le menton, ou pas. Les deux sont admis. L'acte même du rasage de menton et les accessoires requis sont une manifestation de sa masculinité. Pour lui, «avoir l’air naturel» signifie exactement ça : être naturel. Il peut se laisser pousser le poil des jambes, aussi bien que le poil de poche, quitte à se le gratter pour faire comme les vrais joueurs de base-ball. Très viril. Rien à faire, rien à acheter, aucun achat requis. Aucune date de péremption non plus.

Bon, je vous entends d’ici dire « t’as qu’à ne pas te raser et fermer ta gueule ». Et rater une bonne occasion de faire un essai philosophique sur la question? Non, pas question! Je suis prête à toutes les bassesses pour la littérature. Même à m’épiler les jambes. Je n’irai tout de même pas jusqu’aux poils de poche.

Allons, allons, il y a des limites à l’abjection!

2 commentaires:

e-diote a dit...

S'épiler les jambes est une chose... mais s'épiler la chatte en est une autre ? Y as-tu pensé ? Ca donne aux vétérinaires une impression de petite bête fragile à protéger et à soigner avec tendresse et douceur...


Moi, ce que j'en dis, hin ???

[Sifflotement e-diot]

Anonyme a dit...

Je ne me souvenais pas d'avoir lu des propos aussi personnaux... euh personnels fiou ! j'ai chaud là (faut dire que je viens de terminer d'épiler à demi la pelouse autour de la maison en rasant le tout mais sans aller jusqu'à arracher les racines paske je voulais pas que la pelouse pleure de douleur ni qu'elle saigne.)