11e chronique de l’influenceuse
Messieurs, s’il y a quelque chose de
plus pénible que de réfléchir à un cadeau de Saint-Valentin et de le préparer,
c’est d’attendre que son tchum arrive avec un cadeau de Saint-Valentin. Que ce
soit une sortie dans un resto bondé (bin oui, toé, le 14 février) ou bien un
bouquet de roses (ou du moins ce qui reste chez les fleuristes, un 14 février),
ou du chocolat en forme de cœur emballé dans du papier alu rouge (qui sera en
spécial chez Jean Croûteux, la pharmacie où on trouve de tout même un ami, à
partir du 15 février), tous les médias s’assurent que personne n’oublie la date
fatidique.
Eh oui, la tradition exige encore que
ce soit le monsieur qui offre un cadeau à la madame. Cette fête perpétue, sous
couvert de romantisme et d’amour, l’idée de l’homme pourvoyeur de bonheur et de
la femme qui attend passivement. Les attentes sont telles que même si le couple
a décidé d’un commun accord de ne rien faire, la femme se sentira vaguement
déçue et l’homme vaguement coupable.
Le pire est que cette fête revient
tous les ans. Si, une année, une Saint-Valentin a été fêtée de façon
extraordinaire, on ne pourra faire moins l’année suivante sous peine de penser
que le couple bat de l’aile. Et quand on pense qu’il pourrait y avoir 70
Saint-Valentins dans la vie d’un couple (oui, l’enfer, c’est long!), on a
intérêt à commencer doucement.
La célibataire, elle, ne s’attend à
rien. Elle regarde passer les pubs avec un ricanement intérieur. Pour peu que
personne ne vienne lui remettre à la figure son statut de «pauvre solitaire qui
doit tellement être malheureuse un 14 février», quand on y pense, elle est certainement
beaucoup plus sereine que celle qui se demande si l’amoureux va y penser, s’il
va faire mieux que l’an dernier, ou comment elle devrait interpréter le cadeau
ou la surprise.
Pour la célibataire qui aime le
chocolat aux cerises, il sera en spécial dès le lendemain chez Jean Croûteux, là où on
trouve de tout sauf, dieu merci, un amant.
On n’est jamais si bien servi que
par soi-même.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire