samedi 17 mars 2012

Je suis ridicule!

Oui, je suis ridicule!

Et la seule chose qui m'empêchait de hurler de rage, c'était la perspective de vous faire rigoler à la narration de mes aventures!!! 

J'ai décidé de faire une grande fille de moi et de réparer mes rideaux de voilage... J'avais quelques plis à recoudre (c'est comme plié en 4 en haut, pour permettre au crochet de s'insérer et pour que le rideau ait du bouffant...)


Alors je m'installe au volant de ma machine à coudre, celle qui me vient de ma grand-mère, fière comme un paon, comme une ado en train de conduire pour la première fois une auto! Je vérifie que toutes les bobines sont en place (les fils étaient déjà placés, par les bons soins d'une amie qui est venue me donner un coup de main il y a 6 mois), et je démarre!!! ... à l'envers! affraid

Du coup j'ai naturellement perdu mon fil de bobinette (la petite bobine en bas) donc je tente de le récupérer. Peine perdue, je fais des nœuds! Je dois donc sortir ma bobinette, mais je l'échappe dans le trou de la machine et elle roule jusqu'au bout de la pièce, en se déroulant...

Après bien des mésaventures, je réussis à faire un pli (en réalité, les plis étaient déjà pré-faits, mais certains s'étaient décousus au lavage et avec le temps). Grosse victoire! Seulement 30 minutes pour faire une couture de 10 cm!!! Ça fait 20 cm à l'heure, ça!!! La vitesse d'un escargot au galop!


Je ne peux même pas accuser ma machine, car mon amie d'il y a 6 mois, une professionnelle, m'avait assuré que ma machine était de ces machines robustes et fiables comme on ne s'en fait plus!

Je me lance dans le 2e pli : au bout de 10 minutes cette fois, je termine mes 10 cm. Mais je vois que j'ai oublié d'inclure 2 plis dans ma couture. Je sors mon découseur (le truc professionnel qui permet de découdre sans couper le tissu) et je découds pour recommencer.

Chaque fois que je prenais un peu d'assurance et que je me lançais dans la couture suivante avec un faux air détaché, il m'arrivait un truc, genre :
(Je vous le mets en grand, ça vaut la peine!!!

Et c'est sans compter toutes les fois où je laissais la manette en marche arrière et que j'essayais de faire avancer le tissu!

Finalement, à la fin de la dizaine de coutures à reprendre, j'ai appris comment ajuster la longueur des points, j'ai pensé à ne pas oublier ma manette en marche arrière, j'ai su qu'il fallait bien coincer la bobinette pour ne pas qu'elle tombe. Alors là j'étais devenue une pro de la machine à coudre!


Audacieusement, je me dis que je vais faire le rebord à moitié décousu de mes rideau (environ 2m de couture continue, ce qui ne devrait pas causer problème à la couturière expérimentée que je suis devenue). Comme une vieille du vieux (féminin de «vieux de la vieille»), je place le bras de vitesse en marche avant, je règle la longueur des points au plus long, et go, je pars en grande pompe à fond les manettes!

Et je dois m'arrêter au bout de 1 mètre, parce que je venais tout juste de m'apercevoir que ma bobinette s'était vidée au bout de 4 cm de couture et que depuis 10 minutes j'étais en train de coudre dans le vide!!! 

Finalement j'y suis arrivée, je suis fière de moi, permettez-moi de me rengorger!!!  C'est la preuve que la persévérance a bien meilleur goût, qu'à cheval donné on regarde bien un évêque, que tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle n'amasse pas mousse, et finalement que nul n'est prophète sur sa machine à coudre!

dimanche 11 mars 2012

Souvenirs,souvenirs...


C’était en 1972. Secondaire 2. À l’âge où l’on se complait dans les sentiments, où un navire, fût-ce un traversier, prend un aspect magique.

C’était l’époque où je n’étais pas encore marin.

Nous étions quelque part au grand large, bon mettons entre Sorel et Berthierville, dans le crépuscule qui nimbait le paysage d’une lueur mystérieuse. L’air salin (oui, bon le fleuve n’est pas salé à cet endroit, mais on s’en fout) fouettait mon visage buriné par les intempéries (à 14 ans?) et pendant que mes yeux mi-clos tentaient de percer le brouillard, mon regard se portait vers l’ouest. Vers l’endroit où, quelque 50 kilomètres plus loin, derrière le rideau de brume, vaquait, indifférent à mes soupirs, le garçon pour lequel mon cœur chavirait… Le reflet de la lune sur la glace ballotée au gré des courants amplifiait la détresse dans laquelle je me vautrais.

Malgré les invraisemblances, l’image me plaisait et je m’en gargarisais. Je profitais à plein de la théâtralité de la situation, comme seule une jeune fille romantique peut le faire.

Et si le reflet de la lune n’atteignait pas la glace (à cause du brouillard), tant pis, je n’en avais pas vraiment besoin pour amplifier ma détresse (celle dans laquelle je me vautrais).

Et dans mon imagination d’adolescente avide se bousculaient des phrases dramatiques de roman savon. Phrases qui résonnent encore dans ma tête et qui me permettent aujourd'hui d’écrire cette narration toute dégoulinante.

Et le garçon? Bah, il y en a eu d’autres…

mardi 26 juillet 2011

Le faste des bécosses royales

Je suis dans la galerie marchande du Louvre, là où il y a la pyramide inversée sous laquelle, chacun le sait grâce à Dan Brown, est enterré le trésor des templiers, le saint-graal, et autre sang de criss. Peut-être même les oreilles de criss!!!

Mais se promener dans le Louvre n'empêche pas les vils tourments intestinaux de se faire sentir.

Bref, je ressens une irrépressible envie de visiter des bécosses. Je suis les indications affichées, pleine d'espoir. J'arrive enfin dans une encoignure toute de marbre clair, entre la boutique Lalique et la Maison du Chocolat. Je m'y engouffre, derrière une famille de quatre touristes. La queue mène à une dame en costume Chanel, qui réclame 1,5 euros par personne. Une facture de 6 euros pour le troupeau de touristes devant moi. Ceux-ci, imperturbables, ne bronchent pas et paient, même si l'un d'entre eux marmonne «Aoh! Must be very nice inside!». Eeeeeh non! Ils ne font pas de prix de groupe, ni de réduction pour les moins de 6 ans ou les personnes âgées...

À moi. 1,5 euros. Heureusement, j'ai un mécène qui m'a généreusement payé la traite.

Maintenant, il s'agit de voir si j'en ai pour mon argent!

Après avoir empoché ma poignée de centimes, la dame-urine (trop élégante pour passer pour une «madame-pipi») s'intéresse maintenant à un autre pigeon et me laisse entre les mains de l'hôte de ces lieux. Celui-ci, obséquieux, me guide au travers d'un labyrinthe en noir et doré vers les cabines des dames.

Enfin, je peux me précipiter vers la porte la plus proche pour... eh bien pour.

Mais un jeune éphèbe en nœud papillon, en train d'essuyer un miroir pour passer le temps entre deux clientes, me reçoit avec un «bonjour madame, par ici madame» et me désigne ma cabine particulière, en m'ouvrant la porte. Je me demande fugacement s'il va entrer avec moi pour me torcher.

Mais non, je suis enfin libre de laisser aller mes plus vils soucis en paix, dans une cabine première classe. Bon, j'avoue que j'en ai pour mon argent, surtout que c'est pour la grosse commission. Je crois avoir compris pourquoi on appelle ça «être sur le trône»...

Peut-être aurais-je dû laisser un pourboire à chacun des intervenants?
Ou plutôt demander un reçu pour fin d'impôt pour ma déduction pour investissement culturel...

La prochaine fois, je vais télécharger charger sur mon I-phone l'application «où sont les toilettes» (plus de 60000 toilettes publiques répertoriées dans le monde...)!

samedi 28 mai 2011

Je surveille un examen

Ah, la période des examens!!! Période stressante pour l'élève mais relaxante pour le prof!

Notre préparation pour l'examen (après avoir composé, photocopié et fait le solutionnaire de cet examen, bien sûr!) consiste à nous trouver des activités solitaires et silencieuses pour soutenir un siège d'une durée de quatre heures.

A-t-on des corrections à faire? C'est le moment... Sinon, on s'apporte de la lecture. En cas de fringale, on amène quelques provisions (qui se mâchent sans faire de bruit, donc les chips sont à proscrire...). Grâce à la nouvelle technologie, on peut jouer aux cartes sur l'écran de notre iphone. Si on a un signal internet, on peut aussi envoyer des courriels, en recevoir, envoyer des photos de la salle d'examen...

Parfois on a un beau local...


Parfois non...

Si nous sommes le seul prof en surveillance, comme dans le cas des petits groupes, on nous assigne un «surveillant volant», qui a pour tâche de faire le tour des locaux où le prof est tout seul pour lui permettre de prendre une pause, d'aller se chercher un café, de faire pipi, se trouver un autre livre car sa lecture est terminée et toutes ces sortes de choses qu'on fait quand on est libre.

La surveillance volante (ou, plus simplement, la volance) donne lieu à des échanges pour le moins bizarres pour ceux qui sont hors contexte :
- Qui c'est qui me vole, cet après-midi?
- C'est moi, vers quelle heure tu veux que je te vole?
- Eh tu as oublié de me voler hier!

Mais la plupart de ces examens se font en groupe. Il peut y avoir 5 ou 6 groupes différents dans un même local. Dans ce cas nous sommes donc plusieurs profs à effectuer la surveillance, qui consiste surtout à répondre aux questions des élèves qui trouvent que nos questions d'examen ne sont pas claires, alors que ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et que les mots pour le dire viennent aisément. Et que tant va la cruche à l'eau qu'on ne regarde pas le bouchon qui n'amasse pas mousse qui roule.

Mais lorsque nous sommes plusieurs profs, nous devons résister à l'envie de jaser entre nous et de ricaner trop fort. Les seuls bruits qui doivent se faire entendre sont les feuilles qui bruissent (les feuilles d'examen, pas celles des arbres), les crayons manipulés et les scritch scritch des aiguisoirs (taille-crayons pour les Français!). Non, on n'entend pas de mouches voler pour la bonne raison qu'en mai les mouches sont encore gelées. Et en avril ne te découvre pas d'un fil.

Mais c'est bien beau jouer aux cartes sur notre iphone, il faut rester attentif aux signes de détresse de nos petits. Je passe dans les allées, j'ai l'impression de faire mon marché (faire l'épicerie pour les Français, à moins que ce ne soit l'inverse?).

Une main levée à l'autre bout de la salle! Je jette un coup d’œil à l'autre prof pour savoir s'il s'agit d'un de ses petits ou un des miens (je suis un peu myope...). Non, c'est bien un des miens. Il veut savoir s'il peut écrire ses réponses à la mine (au plomb pour les Français, à moins que ce ne soit l'inverse?). Je lui réponds que je m'en fous. Il est content. On m'accroche au passage : il veut une feuille supplémentaire. Je lui en donne. Il est content aussi. Une autre main levée : «Je peux-tu aller aux bécosses?» Mais oui, vas-y, mon ti-loup. Lui aussi est content. Je fais des heureux, c'est très gratifiant.

Plus rien. Pour passer le temps, je fais des statistiques : sur environ 85 élèves, je compte 15 casquettes (dont 2 seulement portées la palette vers l'arrière, ce qui prouve que c'est passé de mode), 2 tuques de laine (ce qui prouve qu'en mai non plus ne te découvre pas le coco) et 1 seul capuchon relevé (yo man). Je n'ai pas pu compter le nombre de culottes pendantes au califourchon aux genoux puisque tout le monde est assis.

Après l'examen, la correction. Nous étions trois profs à donner la même matière. Nous avons donc décidé de faire un examen commun. Une belle entreprise intergénérationnelle. Expliquons d'abord que l'un d'entre nous m'a déjà enseigné, et que j'ai déjà enseigné à un autre prof du département, qui, lui, a déjà enseigné au troisième d'entre nous. Quatre générations de profs, donc! Nous nous étions partagé la tâche : notre aîné allait composer l'examen, moi j'allais écrire le solutionnaire, et nous voulions laisser à notre benjamin la tâche de corriger les 60 copies.

Mais bon, on a eu pitié et nous avons décidé, à la place, de faire un party de correction. L'avantage du party de correction, c'est que, dans un souci de justice, nous pouvons nous consulter mutuellement sur le nombre de points retirés pour tel ou tel type d'erreur. Bien sûr, le solutionnaire donne les grandes lignes de la correction, mais les élèves sont une source inépuisable de types d'erreurs nouvelles auxquelles, malgré notre expérience, nous n'aurions pu penser.

En plus du souci de justice, ça nous donne aussi l'occasion de nous échanger des perles et des mots d'enfant d'étudiant impayables! «Ouahhahaahahah! regarde, il a marqué "volupté" au lieu de "volute" dans son dessin de trubosoufflante!!!», «HAHAHAH! Regarde comment il a écrit "vacuum" : "vacuhom"», sans compter les "moteurs à trois temps" (HOUHOUHOUHAHAHA) et les lapalissades telles que le moteur réversible comme moyen de renversement de marche d'un moteur diésel!

Bref, des heures de plaisir! On envoie le petit nouveau au Tim Horton en face pour aller nous chercher des beignes et du café et avec tout ça, on ne voit pas le temps passer. En l'espace d'un après midi, toutes nos corrections sont faites, la justice règne, ainsi que la bonne humeur.

Quel merveilleux métier que le mien!