lundi 24 janvier 2022

Le déni

 5e chronique de l’influenceuse

(Quand les autres te disent ce que tu ressens...)


La solitude est associée à être malheureux. À un tel point, que ceux qui sont malheureux sans être solitaires se sentent obligés de «tricher» et associer leur malheur à de la solitude. Ils prétendent alors qu'ils sont «seuls dans la foule» ou qu'ils vivent une «solitude à deux»… Comme si la grégarité était un gage de bonheur. Quelqu’un, quelque part, a décrété que l’homme est un animal social. Toute dérogation à cette règle est une hérésie.

 

Les arguments ne manquent pas de la part des fidèles chiens de berger qui se donnent pour mission de rentrer tout le monde dans le troupeau :

  • Tu dois t’ennuyer, toute seule… (bin non, je ne m’ennuie pas)
  • On en reparlera dans quelques années… (ça fait plusieurs années que je me la fait dire, celle-là)
  • Tu es bien toute seule? Mais il ne faut pas confondre être bien et être heureux! (et si moi, ça me rend heureuse, d’être bien?)
  • Mais non, tu ne peux pas être heureuse… Tu essaies de te convaincre, mais tu n’es pas heureuse.

 

Et voilà! À court d’arguments, les interlocuteurs tentent de convaincre la personne seule qu’elle n’est PAS heureuse. Au besoin, ils tordent la définition du bonheur pour qu’elle corresponde à la situation convenue dans la société et affirment sans équivoque à la personne seule qu’elle vit un drame, ce qui oblige les solitaires à fournir le fardeau de la preuve du contraire.


Sauf que les solitaires, par définition, n'en ont rien à foutre de l'opinion des autres. Ce qui renforce l'opinion générale que la solitude, c'est triste. Moi, je me dévoue pour les autres, je suis l'influenceuse qui va réunir tous les solitaires du monde.


C'est juste dommage que les solitaires n'en ont rien à foutre d'être réunis...





 

Aucun commentaire: