samedi 4 décembre 2004

Toujours dans la série « je vous regarde par-dessus le mur de camembert » je vous présente aujourd’hui : le savoir-vivre

Le Français sait vivre. Son raffinement ne connaît pas de limites. À preuve cette conversation mondaine à l’heure du souper (qui s’appelle « dîner ») :
« J’ai vu des super-poubelles sur Saint-Germain… » (et là, je vous prie de me croire qu’on ne parle pas de la tite rue St-Germain à Rimouski…) « Ah oui, mais des poubelles en inox, ça demande de l’entretien! » Même leurs vidanges sont dignes d’un intérêt esthétique soutenu! Pôpa ne ferait pas mieux!


Le Français sait vivre, mais ne sait pas s’habiller. Il ne cesse de râler qu’il fait froid, mais il se promène en petite chemise, nu-fesses à l'air. Le but évident est de ne pas passer pour une moumounne, ce qui ne l’empêchera pas de se livrer à son sport favori : râler. Parce qu'il a froid.

La Poste, en France, sert de banque. Elle vend aussi des assurances. Et puisqu’ils n’ont toujours pas compris le principe de la file unique, malheur à celui qui veut acheter des timbres et qui se trouve derrière un quidam qui se cherche une assurance-vie ou qui a perdu sa carte bleue. Il risque d’attendre longtemps, tandis qu’aux autres guichets les clients défilent à toute vitesse (enfin, à toute vitesse, tout est relatif, nous sommes tout de même en France!).

Tous les matins, le Français va chercher sa baguette de pain. Fi du pain Weston, du pain caoutchouc qui fait des sandwiches ayant une date de péremption de deux mois ultérieure à la date d’achat, du pain qui reprend sa forme après avoir été écrasé par une main balladeuse. Le pain se mange frais. La croûte craque et la mie s’éfouére, comme du vrai pain qui se respecte. Comme quoi tout n’est pas si triste en pays de Gaule (ou de Gaulle, c’est selon).

Le Français est tolérant. Il n’y a qu’en France qu’on tolère les chiens dans les restaurants, dans les supermarchés (tiens, on pourrait les atteler aux « caddies »!) et dans les hôpitaux… Les chiens et les fumeurs. Ils laissent leur trace derrière eux, sous forme de petits tas fumants. C’est emmerdant.

Les Français parlent. C’est sans doute la raison pour laquelle ils ont tous en main ce petit bidule qu’ils appellent familièrement leur « portable » (à ne pas confondre avec l’ordinateur portable, qui, lui, est appelé « lap-top »). Les cellulaires sont partout. Comme les chiens, d’ailleurs, sauf qu’ils ne laissent pas de crotte derrière eux. Par contre, ils peuvent japper. J’en ai même entendu qui hennissaient!

TOUT LE MONDE a un cellulaire, et TOUT LE MONDE doit être disponible pour y répondre. Ne pas répondre à son cellulaire est aussi outrageant pour celui qui appelle que si on l’ignorait sciemment alors qu’il nous adresse la parole. Quand à avoir son cellulaire fermé, c’est simplement une aberration!

Le cellulaire devient de plus en plus indispensable : il donne l’heure, prend des photos, prend des vidéos, sert de GPS pour se localiser, possède une boussole, fait office de lampe de poche, c’est tout juste s’il ne fait pas la vaisselle. La toute dernière trouvaille du cellulaire moderne, le comble de la technologie, s’appelle le « chat vocal » (« chatter », c’est clavarder, rien à voir avec le félin). Le « chat vocal » nous permet de parler avec quelqu’un en appuyant sur un bouton, et de l’entendre nous répondre de la même manière. Un peu comme un walkie-talkie, sauf qu’il faut payer à la minute, ce qui est l’astuce, et qui donne une touche d’ultra-modernisme.

Je m’arrête pour l’instant. Mes lecteurs français commencent à me trouver râleuse. Quel beau compliment de leur part! Je m’adapte, je suis presque Parisienne!!!

Ne manquez pas le prochain épisode du camembert masqué : « Le savoir-pisser ».

5 commentaires:

Anonyme a dit...

Qu'y a-t-il au-monde-entier-dans-tout-l'univers de plus râleur qu'un Français? Un(e) Québécois(e) en voyage expérimental dans le pays tant honni des "maudits français". Un(e) Québécois(e) sait ce que le Français ne sait pas. Ce faisant, il s'avère supérieur à son cousin hexagonal car il a compris, lui, ce que le Français, qui se targue de posséder l'art de vivre le plus ancien et le plus raffiné, la pensée la plus touffue et la plus cultivée au MONDE-ENTIER-DANS-TOUT-L'UNIVERS-CONNU-INCONNU-ET-À-CONNAÎTRE, ce que le Français donc n'a pas compris encore: le ou la Québécois(e) lui est profondément supérieur(e), car le sus-mentionné possède cette distance critique qui se mesure en miles nautiques et permet d'affirmer sans forfanterie que les Français se mettent le doigt dans l'oeil quand ce n'est pas une baguette en croyant encore au mythe de leur immense culture et savoir-vivre.
Qu'y a-t-il de plus pédant qu'un Français? Un(e) Québécois(e) qui visite la France et lève le nez sur les crottes odoriférantes, crottes qui ont quand même valu à la France une notoriété universelle. La crotte parisienne, Madame, est à la France ce que l'odeur de la poutine est au Québécois (au moins laisse-t-on la crotte au sol et ne s'en empifre-t-on pas!)
Quant au téléphone celluraire, personne ne comprend qu'il s'agit encore une fois d'une fine stratégie qui met le Parisienà l'abri de tous ceux et celles qui sans cesse cherchent à attirer son attention en lui demandant, horreur, un instant de présence véritable. Le téléphone cellulaire est, comme son nom l'indique, une cellule dans laquelle s'enferme le porteur de la dite chose afin de se protéger du monde extérieur. Ruse, stratégie, grandeur de l'homo parisianus, méconnu comme tous les grands hommes...
Enfin, je déplore la comparaison que vous faites entre les poubelles en inox et les sacs verts informes de l'immonde Pôpa. Comment votre sens esthétique a-t-il pu vous entraîner dans de tels égarements?
Enfin, je vous pardonne parce que je sais que vous venez d'un pays de Barbares et je suppose qu'à la fin de votre séjour, à la condition que vous ingurgitiez une dose suffisante de camembert au lait cru et de vin de qualité biologique, la lumière jaillira au bout du tunnel sous la Mancha!
Bien à vous,
L'anonyme des tranchées

Anonyme a dit...

Au sujet des portables,il faudrait venir a Londres c'est encore pire!Tout le monde cavale dans les rues la main a l'oreille.
Ils sont devenus indispensables,a cause des cabines telephoniques toujours hors service,ou alors ces cartes compliquees a utiliser.

coyote des neiges a dit...

Bonne idée, Passandine! J'y vais de ce pas (enfin la semaine prochaine).

Anonyme : tiens, je n'avais pas remarqué ce message qui date de 4 ans... Excellent! En voilà un qui a tout compris!

Anonyme a dit...

J'attends avec interet tes commentaires sarcastiques - euh, perspicaces, sur les rosbifs!;)

coyote des neiges a dit...

Je les ai déjà faits dans un autre article d'il y a quelques mois, sous l'étiquette «tourisme»!