Oui, Chef! Encore une émission de télé-réalité dont le prétexte est la cuisine. Curieux prétexte, plutôt anodin et inintéressant, mais n’oublions pas que nous sommes en France!
Un homme recrute des jeunes dans la rue pour en faire des cuisiniers et leur donner un but dans la vie. Le but est louable, encore une fois. Mais il faut que ça paie pour la télé. Nous devons donc exciter, encore une fois, l’émotion du public. Son sadisme et son voyeurisme. Le génie de cette émission est de provoquer ces réactions dans une banale école de cuisine.
Le « chef » est sans pitié. Il domine totalement ses sujets (on ne peut vraiment pas parler simplement « d’élèves »). Et il gueule. Comme à l’armée. Il y a d’abord un processus de sélection impitoyable, destiné surtout à « casser » les protagonistes, et à leur faire croire que s’ils sont encore là au bout des épreuves, c’est qu’ils sont privilégiés, et qu’ils doivent lécher les bottes du chef avec encore plus d’énergie.
Les élèves sont constamment houspillés, humiliés, on les « casse ». Ils doivent faire « vite et bien », sans ajouter de fantaisie, et ils doivent respect et obéissance au chef.
L’abandon devient de plus difficile. Les cerveaux sont de plus en plus lavés (comme dans une secte) et on joue sur un sentiment de culpabilité : « Si tu es là, c’est que tu as pris la place d’un autre, qui aimerait bien être à ta place! » Notons au passage que ces « autres » dont il parle, ont été ignominieusement chassés pour une raison ou une autre.
L’élève éclate en sanglots, ébranlé, pour ensuite s’aplatir aux pieds du maître, en lui demandant « pardon mon oncle ».
Aucune réplique n’est tolérée. On assiste à des scènes où le chef hurle après un de ses élèves qui aurait timidement discuté ses méthodes. Le chef lui dit, en gueulant après l’élève comme s’il s’agissait d’un chien qui aurait fait caca sur sa moquette, qu’il n’admet pas de se faire répondre, de se faire parler comme à un chien etc. Ça dure pendant un bon 10 minutes, pendent lesquelles le pauvre accusé, le nez dans son caca, marmonne des excuses. Mais ça ne suffit pas. Il lui faut s’excuser clair et haut, pour que la caméra entende bien son humiliation et que la vanité du chef soit lavée.
Le public, sadique, est ravi.
Et moi, je change de poste (de chaîne, pour les puristes français). Plutôt passer à la sanisette que de subir plus longtemps cette émission!
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2 commentaires:
Et est-ce qu'on assiste à des scènes où le maître passe du statut de maître à ingrédient ?
Y'a pas des élèves qui le prennent pour un saucisson et le découpent en rondelles ?
En petits dés, alors ?
Non ?
Je suis déçue, tu sais...
J'adore ce passage : «plutôt anodin et inintéressant, mais n’oublions pas que nous sommes en France!»
hihihi ;o)))
Je viens aussi de saisir que votre conjouin (comme dirait fremeli dans un jeu sur internet) est français... (mes excuses à lui pour mes commentaires euh... mais c trop drôle).
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