Mon 6e roman vient de sortir, aux éditions ÉLP!
Transformons la banalité en aventure extraordinaire! Vivons des émotions fortes en étendant le linge sur la corde et battons-nous en duel avec nos balais à caca!
Mon 6e roman vient de sortir, aux éditions ÉLP!
Cette année, j'ai décidé de me donner un coup de pied au derrière et de sortir pour le nouvel an. Il y avait une fête au village, à 21h30, heure à laquelle je fais habituellement dodo. Mais une fois n'est pas de coutume, je prends mon courage à deux mains, ainsi que le volant de mon char (car j'habite tout de même à 3 km du village, dans un rang éloigné...).
Je fais l'effort de m'habiller en dur. C'est à dire que je troque mon habillement de mou pour... en fait, je ne fais que changer mes pantalons en polar usés à la corde pour des pantalons pas usés.
Et c'est dans une brume à couper au couteau que je pars. Il fait un drôle de temps, +5°C, une petite bruine et une grosse brume. C'est à peine si on voit où on s'en va. Je roule à 30 km/h dans une zone de 90. Personne ne me klaxonne, tout va bien. Tellement personne d'ailleurs, que je me demande si la soirée n'a pas été annulée.
Enfin, à la dernière minute, je vois les lumières du centre paroissial, ainsi qu'une multitude de chars dans le stationnement. J'entre, je mets mon manteau sur un support, sur le porte-manteau à roulettes. Personne que je connais dans les gens arrivés. Comment ça se fait qu'après 35 ans dans le village, je ne connaisse personne?
Le DJ fait jouer de la musique sortie tout droit de «Soirée canadienne». Une vingtaine de jeunes pratiquent la danse en ligne. Celle-ci m'a toujours fascinée. Les danseurs forment un bloc de 4 par 5 (bin oui, puisqu'ils sont vingt) et sautillent au rythme de la musique: deux pas à gauche, deux pas à droite, tous ensemble et soudain hop, tout le monde tourne de 90° vers la droite (ou vers la gauche mais tout le monde dans la même direction). Une fois, il y a des années, je m'étais jointe naïvement aux danseurs, en prenant garde de me mettre à la dernière rangée pour pouvoir suivre les autres et être plus discrète si jamais je me trompais de côté. Naturellement, après 2 pivotements de 90°, je me suis trouvée sur la première ligne sans plus pouvoir copier mes pas sur personne!
Les gens se mettent à affluer. Beaucoup de jeunes gens, moi qui croyais que le village était dévitalisé... Toujours personne que je connais. Je suis en train de me demander si je me suis trompée de village! Qui sait si la brume maléfique au travers de laquelle j'ai conduit ne m'a pas transportée dans l'espace-temps? Je suis bien dans le bon village, puisque je reconnais la salle où j'ai été me chercher de l'eau pendant la panne électrique de cinq jours qui m'a affectée dans le temps de Noël... Mais alors, qui sont tous ces gens? À quelle époque suis-je tombée? La plupart des jeunes ont tellement de trous dans leurs jeans que je regrette d'avoir changé mon pantalon usé, qui aurait quand même eu l'air chic. Les gens continuent à rentrer.
Je commence à trouver qu'il y a beaucoup de monde. Trop de monde. Je suis entourée de plus de gens juste ce soir que je n'en ai vus durant les deux dernières années au complet. Je me mets à me sentir un peu mal. Je vois presque les nuages de covid flotter au-dessus des gens. Bon, j'avoue que ce n'est qu'une rationalisation de mon ochlophobie* galopante. Je regarde l'heure discrètement. J'ai quand même tenu une heure. Satisfaite, je me fraie un chemin vers mon manteau, je l'empoigne et je sors dehors, dans l'air encore brumeux. Bonne année, moi je rentre à la maison!
Finalement, c'était quand même mieux que passer le jour de l'an à Paris sur les Champs-Élysées avec des poivrots qui nous bousculent et nous aspergent de mousseux, puisqu'on n'a pas besoin de prendre un métro bondé pour rentrer. Mais quand même. On est bien mieux chez soi.
* Ochlophobie : peur de la foule
Ne sachant plus quoi inventer pour se démarquer, les compagnies de papier de toilette se sont mises à créer des rouleaux «jumbo». Oui, après les «doux», «doux et épais», «extra-doux», «double épaisseur», «triple épaisseur», «hypoallergène»... voici le «jumbo».
Donc le dernier coup de marketing a été de faire des rouleaux plus gros que nature (en autant que la nature d'un rouleau fut définie par la taille standard des distributeurs de papier de toilette). Cela permet d'écrire sur l'emballage «12 rouleaux = 36 rouleaux». Et l'acheteur enthousiaste va se précipiter, croyant faire une bonne affaire.
Car bien sûr, tout le monde s'entend pour dire que c'est chiant (sans jeu de mot) changer le rouleau sur le distributeur. Qu'à cela ne tienne! Si on fabrique des rouleaux plus gros, on n'aura pas à les changer aussi souvent!
Donc pendant le tiers de la vie du rouleau, on se résigne à faire frotter le papier contre le mur parce que l'espace prévu entre l'axe du distributeur et la paroi n'est pas assez grand. Alors la friction fait séparer les feuilles prématurément et on doit retirer individuellement les trois ou quatre (tout dépendant des besoins du moment) feuilles nécessaires pour ensuite les assembler avec l'épaisseur requise.
Résultat : on a un rouleau qu'on doit écraser et dont les feuilles frottent allègrement contre un mur d'une propreté douteuse.
Je suis tombée, dans un passe-livre,
sur un bouquin de Danielle Steel. Influencée par l’excellente série Discussion avec mes parents et la passion de la mère pour les romans
de Danielle Cuivre, je me suis dit que ça ferait une bonne lecture de chevet.
Le titre est «Loving». Ils ne se
sont pas cassé les couilles pour traduire, mais bon. Mettons «amour»… j’en suis
encore à me demander c’est quoi le rapport avec l’histoire. Et surtout,
pourquoi je l’ai lue jusqu’à la fin!!!
Il s’agit du parcours d’une jeune
fille super riche. L’auteur ne nous laisse pas oublier une minute qu’elle est
riche avec des descriptions lourdingues de sa tenue vestimentaire, de ses bijoux,
etc. Elle vit avec son père, auteur célèbre mais homme très dépensier, et elle
lui sert d’intendante, c'est-à-dire préparer ses réceptions, chose qu’elle
exécute avec une grâce incommensurable et un goût exquis. Ah oui! Ai-je
mentionné que la jeune fille est extrêmement belle, aussi? Peau laiteuse,
cheveux non pas roux mais d’un délicieux auburn, grands yeux émeraude, taille
fine, tous les clichés y passent. Quand elle veut savoir l’heure, elle ne
regarde pas simplement sa montre. Elle regarde sa montre Dior cerclée de
diamants. Ce n’est pas le son de ses pas qui résonnent sur le carrelage, c’est
le son de ses escarpins griffés, d’un vert émeraude assorti à ses yeux.
Donc au début, elle ne fait que ça,
organiser des partys somptueux à la demande de son père. Et être belle. Soudain, son père
meurt. Et ô surprise, il laisse une tonne de dettes derrière lui. La pauvre
Bibi se retrouve sans le sou, presque clocharde, elle doit procéder à la vente des 9 propriétés de
son père un peu partout dans le monde, des 25 voitures de luxe, des tableaux de
valeur… Elle ne réussit à mettre de côté que quelques bijoux et ses effets
personnels.
Elle se retrouve alors dans une misère
abjecte : elle doit déménager, elle et ses 50 maigres valises pleines de
robes du soir d’un goût exquis, dans une chambre d’hôtel miteuse (pas de spa intégré).
Heureusement, le meilleur ami de son
père, très riche, est là pour l’épauler psychologiquement. Car pas question
qu’il l’aide financièrement, elle a tout de même sa fierté. C’est sûr qu’après
qu’elle l’ait épousé (car en plus d’être très riche, cet ami est un beau vieux,
et elle l’aiiiiiime), il est normal qu’elle reprenne la vie pour laquelle elle
est née, une vie à la hauteur de sa beauté et de son goût exquis.
Son rêve est d’écrire une pièce de
théâtre. Pas n’importe laquelle, SA pièce. L’auteur revient là-dessus pendant
des années (où l’héroïne n’écrit rien mais décide de travailler dans le milieu
du théâtre pour mieux s’imprégner du métier). Elle finit par tromper son vieux mari
avec un comédien, qui l’a séduite par tromperie. Car l’héroïne est douce, gentille,
extrêmement belle (je l'ai déjà dit?), et a de très hautes valeurs. C’est pourquoi, par souci d’honnêteté,
elle divorce de son vieux mari avant d'épouser le comédien (qui ne visait qu’à
obtenir un visa US). Mais elle tombe enceinte. Son nouveau mari ne veut pas de
l’enfant. Elle finit par divorcer, faire une fausse couche, et enfin tenter de
se suicider.
Après sa tentative de suicide, elle
ouvre les yeux et se retrouve à l’hôpital devant un médecin (John). Elle
l’épouse. Il s’avère (attention, ici, c’est complexe
psychologiquement!) que John a été séduit par sa beauté, sa fragilité, et la très
très dure vie qu’elle a menée. Oui, le mot «très» est répété deux fois. Ah, la
misère des riches! Il décide de lui faire mener une vie normale. Elle continue
à s’habiller avec goût, mais sans briller, la pauvre. Elle est pourtant subjuguée
par lui, fait tout ce qu’il lui dit de faire, ne fait pas ce qu’il ne veut pas
qu’elle fasse. Il entre dans une colère folle lorsqu’elle lui dit qu’elle aimerait écrire une pièce (SA pièce). Elle tombe enceinte. Elle a un bébé. Elle devient
Madame au Foyer. Après sept ans, elle trouve enfin du temps pour écrire SA
pièce en cachette en se disant que ce sera une surprise pour son mari.
Mais celui-ci, lorsqu’il l’apprend,
entre dans une colère terrible (oui, une autre), divorce et lui abandonne l’enfant. Bibi se alors retrouve
à NY (avec l’enfant) pour monter SA pièce. Car bien sûr, du premier coup, elle
a écrit un chef d’œuvre que les éditeurs s’arrachent. Elle épouse l’éditeur.
Vers le milieu du livre, je me suis
soudain posé la question : mais, serait-ce une parodie et j’ai pris ça au
premier degré??? Pourtant non…
Au bout d’un bonheur d’un an sans taches, son 4e mari meurt. Drame. Elle écrit une seconde pièce de théâtre, qui a autant de succès que la première et même plus. Jeune veuve, elle raconte sa vie à un ancien ami du 4e mari, qu'elle vient de rencontrer. On est rendu à la fin du livre.
Avec une habileté diabolique, Danielle Steel nous laisse imaginer la suite.
Ça donne envie, non?
14e chronique de l’influenceuse
Depuis peu, mon forfait télé m’offre
une chaîne exclusivement réservée aux comédies romantiques, sans que je ne l’aie
demandé ni que je n’aie à la payer. C’est super, parce que j’aime écouter des
comédies romantiques. Oui, oui, je suis une adepte : j’écoute avec plaisir
les comédies romantiques, ce qui ne signifie pas que je considère que le couple
est une forme de vie désirable.
Doit-on croire à la magie pour lire
Harry Potter? N’y a-t-il que les catholiques convaincus qui regardent «Les
anges du bonheur?» Faut-il croire au Père Noël pour avoir du plaisir à recevoir
un cadeau? Et les contes de fées? Et la science-fiction? Bon, alors laissez-moi
tranquille, faut pas faire chier mémé. Et oser avouer que j’aime les comédies
romantiques me donne tout de même de la crédibilité quand je dis que je déteste
la téléréalité. Si je suis capable d’assumer l’un, je serais capable d’assumer
l’autre.
J’avais déjà un peu parlé ici des
comédies romantiques à saveur de Noël . J’y avais analysé des
incohérences et quelques points communs qui font d’un film de Noël la quétainerie
suprême. Attardons-nous maintenant sur l’aspect purement «romantique» des comédies cucul.
Il y a la scène classique de la
pâtisserie : l’héroïne fait une tarte (ou un gâteau), et elle a de la
farine sur le nez. Vu que c’est mignon (ce qui est un mot-clé dans toute bonne comédie sentimentale qui se respecte), le héros va le lui essuyer puis s’en
suivra une bataille de farine où les protagonistes rient aux éclats. C’est
l’équivalent d’été de la fameuse bataille de boules de neige des films de Noël
(où les protagonistes rient aussi aux éclats).
Voici un autre classique : au début
du film, l’héroïne est déjà fiancée. Il est plutôt bel homme, pour égarer les soupçons
de l’auditrice moyenne. Mais l’auditrice experte (que je me targue d’être)
connait les canevas habituels, et sait que le fiancé du début est rarement le même que le marié
de la fin. Je vous donne un indice : il ne rit jamais aux éclats avec l’héroïne.
Et peu à peu, dans le film, le fiancé initial fait preuve de mépris, ou simplement
d’indifférence. Il ne correspond plus à l’Idéal Chevaleresque que le film
romantique veut projeter. C’est le moment où l’auditrice moyenne se demande ce
qu’il fait là et commence à douter du bien fondé du concept de mariage.
Mon moment préféré dans les comédies
romantiques est justement lorsque l’héroïne largue son fiancé initial. Celui-ci, s’il est
quand même un peu gentil, se trouve rapidement une autre fille plus adaptée à
son caractère, et s’il est chiant, on se régale de son incompréhension et de sa
déconfiture. C’est jouissif. Pendant ce temps, l’héroïne s’est trouvé un autre
homme, alors l’auditrice moyenne, un moment déboussolée, est rassurée, car l’héroïne
ne finira pas dans la… SOLITUDE MAUDITE!!! Non! Elle ne saute pas dans le vide
abyssal du célibat, elle ne fait que passer d’un fiancé à un autre, assez
rapidement. Ouf, elle est sauvée par le nouveau fiancé qui apparait de nulle
part et qui lui convient parfaitement, même (et surtout) si, au début, leur
relation n’était pas de tout repos.
Au passage, la meilleure amie de l’héroïne
se trouve aussi un tchum. C’est un bonus. Pour montrer que l’amour est
universel. Et inclusif, puisque souvent la meilleure amie est noire. Ou
asiatique. Ou handicapée. (Tout sauf lesbienne, on n'en est pas encore là dans l'inclusion semble-t-il). L’honneur est sauf et le bonheur de tous est alors assuré, sauf celui du
fiancé initial. S’il était vraiment vilain, il n’aura eu que ce qu’il mérite :
la terrrrrrible solitude.
Le chanceux.