Voici
revenue la période des fêtes! Voici revenue la programmation des fêtes! Une
dizaine de films de Noël chaque jour, à chaque poste de télé.
Des
comédies romantiques ayant pour nom Le
mariage de Noël, Les biscuits de Noël, L’esprit de Noël, Les fantômes de Noël,
Sauvons le Père Noël, Le pays de Noël, La romance de Noël, Une rencontre pour
Noël et autres bidouilles de Noël.
90% de ces
films ont comme héroïne une femme d’affaire dans le centre-ville de NY, Chicago
ou Los Angeles, fiancée à un homme d’affaire antipathique. Pour avoir une
promotion, notre héroïne doit aller dans l’Ohio, le Wyoming, le Maine ou bien
dans l’Orégon. Du moment que ce soit un trou perdu et qu’il y neige. C’est là
qu’elle va rencontrer un cow-boy mal dégrossi dont elle va tomber amoureuse. Le
fiancé surgit, prouve son insensibilité, et la femme d’affaire, sur qui est
tombé entre-temps l’esprit de Noël, va refuser sa promotion tant désirée et
épouser le cow-boy.
Dans ces
films, il faut qu’il neige. Il y a souvent de la neige au sol, il semble donc
faire froid. Mais les protagonistes, s’ils ont un manteau, le laissent grand
ouvert, ils n’ont rien sur la tête (ou bien une petite tuque ridicule qui ne
couvre pas les oreilles), ont le cou très dégagé et disent leurs répliquent et
l’étirant encore plus, ce qui est contraire à toutes les règles de la
conservation de la chaleur. Naturellement, ils font des batailles de boules de
neige à mains nues, en riant aux éclats.
Peu importe
le sujet ou l’histoire, l’amour est au rendez-vous. Ce qui nous mène au «problème»
de la solitude.
Il est
inimaginable d’être seul pour Noël. Ou pour le Réveillon. Ou pour Thanksgiving,
tant qu’à y être. Quoique je n’aie jamais entendu parler de Thanksgiving
autrement que dans les films américains doublés en français de France. Ici,
nous avons bien la fête de l’Action de Grâce, mais ce n’est pas à la même date
que le Thanksgiving des Américains. L’importance de l’Action de Grâce se limite
d’ailleurs à un congé.
La solitude
est mal vue socialement. Oh, si on est seul, on ne sera pas ostracisé, méprisé
ou rejeté! Non, c’est pire : on sera l’objet de PITIÉ!
Mais
revenons à Noël. Je n’ai rien de prévu. Je suis seule. Je vous laisse juge du
drame inhumain que je vis :
Depuis 5
jours, tout ce que j’écris dans mon agenda est «faire la vaisselle», «prendre
une marche», ou «sieste». Je m’habille en mou le matin et dès qu’il fait noir
je mets mon pyjama rose avec des petits chiens blancs dessus et mes pantoufles.
Je passe mes soirées devant la télé à écouter des films tels que je les ai
décrits plus haut, avec une grosse couverture sur les genoux, sur laquelle se
vautre un gros matou paresseux. Je n’ai fait aucun magasinage et je n’ai pas
l’intention d’en faire. Pour le dîner de Noël, j’ai dégelé des saucisses
hot-dog et des petits pains. Oui, c’est ce que j’ai envie de manger, moi.
Et l’orgie
de films de Noël que j’écoute ne réussit pas à me convaincre qu’il me manque
quoi que ce soit. Je vis au Paradis, je décide de ce que je fais, je suis
maîtresse de ma destinée dans ses moindres détails! Si ça vous fait plaisir de
me prendre en pitié, allez-y! Ça va vous consoler de ne pas vivre ma vie…
Non, ce
n’est pas parce que Noël est pour moi un jour ordinaire, c’est parce que les
jours ordinaires sont pour moi comme Noël!