mardi 25 décembre 2018

Le hot-dog de Noël


Voici revenue la période des fêtes! Voici revenue la programmation des fêtes! Une dizaine de films de Noël chaque jour, à chaque poste de télé.

Des comédies romantiques ayant pour nom Le mariage de Noël, Les biscuits de Noël, L’esprit de Noël, Les fantômes de Noël, Sauvons le Père Noël, Le pays de Noël, La romance de Noël, Une rencontre pour Noël et autres bidouilles de Noël.

90% de ces films ont comme héroïne une femme d’affaire dans le centre-ville de NY, Chicago ou Los Angeles, fiancée à un homme d’affaire antipathique. Pour avoir une promotion, notre héroïne doit aller dans l’Ohio, le Wyoming, le Maine ou bien dans l’Orégon. Du moment que ce soit un trou perdu et qu’il y neige. C’est là qu’elle va rencontrer un cow-boy mal dégrossi dont elle va tomber amoureuse. Le fiancé surgit, prouve son insensibilité, et la femme d’affaire, sur qui est tombé entre-temps l’esprit de Noël, va refuser sa promotion tant désirée et épouser le cow-boy.

Dans ces films, il faut qu’il neige. Il y a souvent de la neige au sol, il semble donc faire froid. Mais les protagonistes, s’ils ont un manteau, le laissent grand ouvert, ils n’ont rien sur la tête (ou bien une petite tuque ridicule qui ne couvre pas les oreilles), ont le cou très dégagé et disent leurs répliquent et l’étirant encore plus, ce qui est contraire à toutes les règles de la conservation de la chaleur. Naturellement, ils font des batailles de boules de neige à mains nues, en riant aux éclats.

Peu importe le sujet ou l’histoire, l’amour est au rendez-vous. Ce qui nous mène au «problème» de la solitude.

Il est inimaginable d’être seul pour Noël. Ou pour le Réveillon. Ou pour Thanksgiving, tant qu’à y être. Quoique je n’aie jamais entendu parler de Thanksgiving autrement que dans les films américains doublés en français de France. Ici, nous avons bien la fête de l’Action de Grâce, mais ce n’est pas à la même date que le Thanksgiving des Américains. L’importance de l’Action de Grâce se limite d’ailleurs à un congé.

La solitude est mal vue socialement. Oh, si on est seul, on ne sera pas ostracisé, méprisé ou rejeté! Non, c’est pire : on sera l’objet de PITIÉ!

Mais revenons à Noël. Je n’ai rien de prévu. Je suis seule. Je vous laisse juge du drame inhumain que je vis :

Depuis 5 jours, tout ce que j’écris dans mon agenda est «faire la vaisselle», «prendre une marche», ou «sieste». Je m’habille en mou le matin et dès qu’il fait noir je mets mon pyjama rose avec des petits chiens blancs dessus et mes pantoufles. Je passe mes soirées devant la télé à écouter des films tels que je les ai décrits plus haut, avec une grosse couverture sur les genoux, sur laquelle se vautre un gros matou paresseux. Je n’ai fait aucun magasinage et je n’ai pas l’intention d’en faire. Pour le dîner de Noël, j’ai dégelé des saucisses hot-dog et des petits pains. Oui, c’est ce que j’ai envie de manger, moi.

Et l’orgie de films de Noël que j’écoute ne réussit pas à me convaincre qu’il me manque quoi que ce soit. Je vis au Paradis, je décide de ce que je fais, je suis maîtresse de ma destinée dans ses moindres détails! Si ça vous fait plaisir de me prendre en pitié, allez-y! Ça va vous consoler de ne pas vivre ma vie…

Non, ce n’est pas parce que Noël est pour moi un jour ordinaire, c’est parce que les jours ordinaires sont pour moi comme Noël!