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Tome 2 de la petite maison et yen a déjà marre
La petite maison dans la prairie
On est bin ouverts à vos commentaires...
La science-fiction virile
Un commentaire?
Des réponses pour toutes les questions
Fièvre créatrice
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dimanche 31 octobre 2004
Tome 2 de la petite maison et yen a déjà marre
Dans ce tome, Papa Ingalls a amené sa petite famille sur une belle terre, qui est pleine de promesses. Mais ils sont pauvres. Pauvres mais heureux.
Laura et Marie vont à l’école. L'école est à 5 km de là, elles s'y rendent en marchant, nu-pieds en plus. Elles se partagent une ardoise et achètent une craie à deux avec le sou qu’elles ont reçu comme cadeau de Noël dans le tome 1. Elles comprennent qu’il ne faut pas achaler papa avec des dépenses exorbitantes.
Pendant ce temps, papa travaille comme un damné pour cultiver sa terre, le blé pousse, il est gras, il est beau, il est abondant. La fin de leurs misères approche.
C’est trop beau, se dit le lecteur, avec raison. Un nuage de sauterelles arrive sans crier gare, bouffe toutes les récoltes de la région, jusqu’aux patates du potager et aux feuilles des arbres. Il ne reste plus rien. Papa va travailler très loin à l’est, pour gagner un peu d’argent.
L’été suivant, les œufs des sauterelles éclosent. Papa retourne travailler au loin.
Puis enfin les sauterelles partent pour de bon. La terre respire de nouveau. Pas longtemps, car le feu prend vite la relève pour aller tout ravager.
Et j’ai oublié de mentionner, dans le premier tome, la malaria qui a failli emporter tous les membres de la famille. Et la scarlatine, qui s'est déclarée quelque part entre le tome 2 et le tome 3, laissant Marie Ingalls aveugle.
Bref, on assiste à un «remake» des 7 plaies d’Égypte. Nellie Oleson, la petite peste blonde, étant l’une d’entre elles.
On comprend mieux maintenant pourquoi, après plus de 20 ans d’épisodes à la télé, la famille Ingalls n’est pas plus riche qu’au début, et comment Michael Landon s’est enrichi à produire cette série dont les reprises font pleurer la France toute entière, entre deux émissions de télé-réalité.
Qui feront, bien sûr, l’objet d’une prochaine chronique. Tant qu’à perdre mon temps…
Laura et Marie vont à l’école. L'école est à 5 km de là, elles s'y rendent en marchant, nu-pieds en plus. Elles se partagent une ardoise et achètent une craie à deux avec le sou qu’elles ont reçu comme cadeau de Noël dans le tome 1. Elles comprennent qu’il ne faut pas achaler papa avec des dépenses exorbitantes.
Pendant ce temps, papa travaille comme un damné pour cultiver sa terre, le blé pousse, il est gras, il est beau, il est abondant. La fin de leurs misères approche.
C’est trop beau, se dit le lecteur, avec raison. Un nuage de sauterelles arrive sans crier gare, bouffe toutes les récoltes de la région, jusqu’aux patates du potager et aux feuilles des arbres. Il ne reste plus rien. Papa va travailler très loin à l’est, pour gagner un peu d’argent.
L’été suivant, les œufs des sauterelles éclosent. Papa retourne travailler au loin.
Puis enfin les sauterelles partent pour de bon. La terre respire de nouveau. Pas longtemps, car le feu prend vite la relève pour aller tout ravager.
Et j’ai oublié de mentionner, dans le premier tome, la malaria qui a failli emporter tous les membres de la famille. Et la scarlatine, qui s'est déclarée quelque part entre le tome 2 et le tome 3, laissant Marie Ingalls aveugle.
Bref, on assiste à un «remake» des 7 plaies d’Égypte. Nellie Oleson, la petite peste blonde, étant l’une d’entre elles.
On comprend mieux maintenant pourquoi, après plus de 20 ans d’épisodes à la télé, la famille Ingalls n’est pas plus riche qu’au début, et comment Michael Landon s’est enrichi à produire cette série dont les reprises font pleurer la France toute entière, entre deux émissions de télé-réalité.
Qui feront, bien sûr, l’objet d’une prochaine chronique. Tant qu’à perdre mon temps…
samedi 30 octobre 2004
La petite maison dans la prairie
Comme promis, je me suis lancée dans la lecture édifiante des 5 tomes de «La petite maison dans la prairie», empruntés chez une copine qui préfère, avec raison, garder l’anonymat. Moi-même, sans le couvert de l’incognito, jamais je n’aurais avoué avoir lu ça.
Profitez donc de mon avis éclairé sur le sujet.
Dans le premier tome, papa Ingalls va s’installer avec sa petite famille en plein dans le territoire des Indiens. Après tout, le Gouvernement n’a-t-il pas promis qu’il allait bientôt les en chasser? Maman Ingalls n’aime pas les Indiens. Papa Ingalls est plus modéré, ce qui ne l’empêche pas de construire sa maison sur les plus belles terres indiennes. Le raisonnement en est que les Indiens ne font que vagabonder sur leurs terres, alors que la terre devrait appartenir à ceux qui la travaillent (et non à ceux qui la respectent). Jusqu’au chien des Ingalls qui fait preuve d’un racisme primaire, en grognant et aboyant après tous les Indiens qui passent.
On voit donc, à partir du point de vue naïf de la petite Laura, la stratégie de la colonisation à l’œuvre : on envoie les colons s’installer, et quand ils ne sont plus délogeables, on chasse les Indiens vers des terres plus reculées. On se croirait dans la Bande de Gaza.
Bref, après bien des péripéties, on apprend que le gouvernement ne chassera pas les Indiens après tout (sans doute un méandre de l’Histoire, qui, on le sait, est revenue sur ses pas pour parquer les Indiens dans les réserves) et la petite famille Ingalls reprend la route dans son chariot. Qu’il est long, qu’il est long, ton chemin, papa… On croirait entendre Joe Dassin.
Ne manquez pas la suite de ma critique sociale dès que j’aurai terminé la lecture du tome 2!
Profitez donc de mon avis éclairé sur le sujet.
Dans le premier tome, papa Ingalls va s’installer avec sa petite famille en plein dans le territoire des Indiens. Après tout, le Gouvernement n’a-t-il pas promis qu’il allait bientôt les en chasser? Maman Ingalls n’aime pas les Indiens. Papa Ingalls est plus modéré, ce qui ne l’empêche pas de construire sa maison sur les plus belles terres indiennes. Le raisonnement en est que les Indiens ne font que vagabonder sur leurs terres, alors que la terre devrait appartenir à ceux qui la travaillent (et non à ceux qui la respectent). Jusqu’au chien des Ingalls qui fait preuve d’un racisme primaire, en grognant et aboyant après tous les Indiens qui passent.
On voit donc, à partir du point de vue naïf de la petite Laura, la stratégie de la colonisation à l’œuvre : on envoie les colons s’installer, et quand ils ne sont plus délogeables, on chasse les Indiens vers des terres plus reculées. On se croirait dans la Bande de Gaza.
Bref, après bien des péripéties, on apprend que le gouvernement ne chassera pas les Indiens après tout (sans doute un méandre de l’Histoire, qui, on le sait, est revenue sur ses pas pour parquer les Indiens dans les réserves) et la petite famille Ingalls reprend la route dans son chariot. Qu’il est long, qu’il est long, ton chemin, papa… On croirait entendre Joe Dassin.
Ne manquez pas la suite de ma critique sociale dès que j’aurai terminé la lecture du tome 2!
jeudi 28 octobre 2004
On est bin ouverts à vos commentaires...
J'ai enfin trouvé le moyen d'ouvrir à tous les commentaires. Plus besoin d'être membre. Essayez-le pour voir!
La science-fiction virile
Moi qui raffole de science-fiction et de vulgarisation scientifique, j’ai lu récemment le livre «Tau Zéro» de Poul Anderson. Il est certainement un maître dans le style «hard science-fiction», par contre, les passages décrivant la vie à bord sont aussi mauvais qu’un roman de série «B». Sans vouloir insulter ceux-ci.
En gros, il s’agit d’un vaisseau spatial en partance pour coloniser une planète d’un soleil éloigné de 32 années-lumières. En voyageant près de la vitesse de la lumière, le trajet peut se faire en quelque cinq ans subjectifs. À mesure que le vaisseau prend de la vitesse et s’approche de celle de la lumière, le facteur Tau décroît, ce qui fait que le temps subjectif décroît, en même temps que la masse du vaisseau augmente. Le facteur Tau étant la racine carrée de 1 moins le rapport des vitesses du vaisseau et de la lumière au carré.
Pour les visuels : Tau = (bon, le blogue ne veut pas recopier mon équation, vous allez devoir vous en passer)
Jusque là, tout va bien. L’auteur connaît son affaire et se débrouille très bien dans sa narration.
Allons à l'intérieur du vaisseau. C'est là où ça se corse. L’équipage et les passagers se composent de 50 personnes, 25 hommes et 25 femmes, tous des spécialistes ou des techniciens, sélectionnés pour leur courage, leur sang-froid et ayant tous passé les tests psychologiques nécessaires. L’auteur a réussi à éviter le piège commun aux auteurs de SF qui consiste, malgré l’évolution de la société, à embarquer des hommes... et leurs épouses. Jusqu'ici, bravo!
Le capitaine et le chef mécanicien sont des hommes. Oui, bon, n'en demandons quand même pas trop. Le premier officier est une femme. Bravo là encore, bien que les larmes lui viennent plutôt facilement...
Par contre, on découvre très rapidement que la proportion d’hommes et de femmes a été déterminée par le besoin physique d’avoir assez de femelles pour que les mâles n’aient ni besoin de se battre entre eux, ni de violer. Sans cette justification, l’on sent que le choix de la proportion aurait été toute autre.
Parlons statistiques. Sur les 25 hommes à bord, on en connaît 21 par leur nom. On connaît aussi leur fonction à bord et ils prennent presque tous une part active dans l’histoire, par des recherches scientifiques, par l’importance de leur fonction ou même par des bagarres auxquelles ils ont pris part. On mentionne aussi parfois un chef d’équipe «ainsi que ses hommes», sous-entendant que plusieurs autres hommes sont sous ses ordres. Mais quelle est la place qui reste aux 25 femmes dans tout ça?
Des 25 femmes à l’intérieur du vaisseau, on n’en connaît que sept par leur nom. Sur les sept, deux ne sont que mentionnées en passant, sans qu’elles aient une part active dans l’action. Sur les cinq autres, trois ont couché avec le héros, la quatrième est trop laide pour ça. Quant à la cinquième, sa part dans l’action n’apparaît que 30 pages avant la fin parce qu’on avait besoin d’un utérus. Et seule la fonction de la première officière est connue. Que font les autres à bord? Nul ne le sait. On mentionne vaguement que le héros a eu plein de maîtresses d’où la nécessité d’un cheptel aussi important que 25.
Voilà donc les bases établies par l’auteur pour permettre des interactions dynamisantes de flirts, d’échange de chambres et de jeu du lit musical. On se croirait dans la télé-réalité. Ce qui fera l’objet d’une prochaine chronique, n’en doutez pas. Bref, en cinq ans, on a bien l’intention, à bord du vaisseau, d’essayer toutes les possibilités, à l’exception de quelques personnes qui sont engoncées dans un puritanisme caricatural. Si l’on nous fait grâce des descriptions pornographiques, l’on ne va guère plus loin dans les nuances sentimentales.
Le véritable héros de l’histoire est le Flic du bord. Un constable. Le héros typique ténébreux, à l’enfance malheureuse, qui garde ses secrets et ses blessures internes sans se plaindre ni se prendre en pitié, le Mâle, le Viril, avec juste la touche d’homme des cavernes qu’il faut pour que son magnétisme fasse que tous les hommes le détestent et que toutes les femmes veulent coucher avec lui. Le cliché par excellence. D’ailleurs, rien que dans les 19 premières pages, j’ai compté trois femmes qui lui ont offert de partager leur couche. Et qui ont fini par le faire au fil du roman. Ainsi qu'une quatrième, qui n'a pas pu non plus se retenir.
Ce Flic aux manières brusques est au-dessus de tout. Bien qu’il considère l’autorité comme valeur primordiale, à la première occasion, il passe par-dessus les ordres du capitaine et prend en charge les meetings d’urgence sans que ni le capitaine ni le premier officier ne réagissent. On voit que l’auteur n’a aucune idée du fonctionnement réel d’un navire ou d’un vaisseau spatial. Je ne suis peut-être pas astronaute, mais je suis marin, je sais de quoi je parle. Toujours est-il qu’à la première urgence, le héros traite les passagers comme des pauvres civils bêlants (ils réagissent d’ailleurs comme tels pour mettre en valeur l’autorité du héros) alors que l’auteur nous avait pourtant décrit avec quel soin ils avaient été sélectionnés pour cette mission.
Le héros crée une milice d’hommes (!) armés pour garder la paix et l’autorité sur le vaisseau. Tout est mis en place pour la création d’un état policier. À l’annonce de chaque mauvaise nouvelle, les femmes pleurent et les hommes disent des gros mots. C’est d’un caricatural!
Ce qui ce passe à l’extérieur du vaisseau est autrement plus palpitant : à cause de la distorsion de l’espace-temps due à la vitesse de plus en plus grande acquise, l’univers est en train de changer, d’évoluer sous nos yeux!
Dommage que nous devions nous taper toutes les inepties décrites plus haut pour avoir un peu de bonne spéculation scientifique entre deux anecdotes laborieuses. La partie romancée semble être issue de l’imagination et des fantasmes d’un adolescent de quatorze ans. Cet écrivain aurait avantage à travailler en collaboration avec un (une?) autre auteur plus au fait des choses de la vie.
Bon, je vais aller maintenant lire la série «la petite maison dans la prairie».
En gros, il s’agit d’un vaisseau spatial en partance pour coloniser une planète d’un soleil éloigné de 32 années-lumières. En voyageant près de la vitesse de la lumière, le trajet peut se faire en quelque cinq ans subjectifs. À mesure que le vaisseau prend de la vitesse et s’approche de celle de la lumière, le facteur Tau décroît, ce qui fait que le temps subjectif décroît, en même temps que la masse du vaisseau augmente. Le facteur Tau étant la racine carrée de 1 moins le rapport des vitesses du vaisseau et de la lumière au carré.
Pour les visuels : Tau = (bon, le blogue ne veut pas recopier mon équation, vous allez devoir vous en passer)
Jusque là, tout va bien. L’auteur connaît son affaire et se débrouille très bien dans sa narration.
Allons à l'intérieur du vaisseau. C'est là où ça se corse. L’équipage et les passagers se composent de 50 personnes, 25 hommes et 25 femmes, tous des spécialistes ou des techniciens, sélectionnés pour leur courage, leur sang-froid et ayant tous passé les tests psychologiques nécessaires. L’auteur a réussi à éviter le piège commun aux auteurs de SF qui consiste, malgré l’évolution de la société, à embarquer des hommes... et leurs épouses. Jusqu'ici, bravo!
Le capitaine et le chef mécanicien sont des hommes. Oui, bon, n'en demandons quand même pas trop. Le premier officier est une femme. Bravo là encore, bien que les larmes lui viennent plutôt facilement...
Par contre, on découvre très rapidement que la proportion d’hommes et de femmes a été déterminée par le besoin physique d’avoir assez de femelles pour que les mâles n’aient ni besoin de se battre entre eux, ni de violer. Sans cette justification, l’on sent que le choix de la proportion aurait été toute autre.
Parlons statistiques. Sur les 25 hommes à bord, on en connaît 21 par leur nom. On connaît aussi leur fonction à bord et ils prennent presque tous une part active dans l’histoire, par des recherches scientifiques, par l’importance de leur fonction ou même par des bagarres auxquelles ils ont pris part. On mentionne aussi parfois un chef d’équipe «ainsi que ses hommes», sous-entendant que plusieurs autres hommes sont sous ses ordres. Mais quelle est la place qui reste aux 25 femmes dans tout ça?
Des 25 femmes à l’intérieur du vaisseau, on n’en connaît que sept par leur nom. Sur les sept, deux ne sont que mentionnées en passant, sans qu’elles aient une part active dans l’action. Sur les cinq autres, trois ont couché avec le héros, la quatrième est trop laide pour ça. Quant à la cinquième, sa part dans l’action n’apparaît que 30 pages avant la fin parce qu’on avait besoin d’un utérus. Et seule la fonction de la première officière est connue. Que font les autres à bord? Nul ne le sait. On mentionne vaguement que le héros a eu plein de maîtresses d’où la nécessité d’un cheptel aussi important que 25.
Voilà donc les bases établies par l’auteur pour permettre des interactions dynamisantes de flirts, d’échange de chambres et de jeu du lit musical. On se croirait dans la télé-réalité. Ce qui fera l’objet d’une prochaine chronique, n’en doutez pas. Bref, en cinq ans, on a bien l’intention, à bord du vaisseau, d’essayer toutes les possibilités, à l’exception de quelques personnes qui sont engoncées dans un puritanisme caricatural. Si l’on nous fait grâce des descriptions pornographiques, l’on ne va guère plus loin dans les nuances sentimentales.
Le véritable héros de l’histoire est le Flic du bord. Un constable. Le héros typique ténébreux, à l’enfance malheureuse, qui garde ses secrets et ses blessures internes sans se plaindre ni se prendre en pitié, le Mâle, le Viril, avec juste la touche d’homme des cavernes qu’il faut pour que son magnétisme fasse que tous les hommes le détestent et que toutes les femmes veulent coucher avec lui. Le cliché par excellence. D’ailleurs, rien que dans les 19 premières pages, j’ai compté trois femmes qui lui ont offert de partager leur couche. Et qui ont fini par le faire au fil du roman. Ainsi qu'une quatrième, qui n'a pas pu non plus se retenir.
Ce Flic aux manières brusques est au-dessus de tout. Bien qu’il considère l’autorité comme valeur primordiale, à la première occasion, il passe par-dessus les ordres du capitaine et prend en charge les meetings d’urgence sans que ni le capitaine ni le premier officier ne réagissent. On voit que l’auteur n’a aucune idée du fonctionnement réel d’un navire ou d’un vaisseau spatial. Je ne suis peut-être pas astronaute, mais je suis marin, je sais de quoi je parle. Toujours est-il qu’à la première urgence, le héros traite les passagers comme des pauvres civils bêlants (ils réagissent d’ailleurs comme tels pour mettre en valeur l’autorité du héros) alors que l’auteur nous avait pourtant décrit avec quel soin ils avaient été sélectionnés pour cette mission.
Le héros crée une milice d’hommes (!) armés pour garder la paix et l’autorité sur le vaisseau. Tout est mis en place pour la création d’un état policier. À l’annonce de chaque mauvaise nouvelle, les femmes pleurent et les hommes disent des gros mots. C’est d’un caricatural!
Ce qui ce passe à l’extérieur du vaisseau est autrement plus palpitant : à cause de la distorsion de l’espace-temps due à la vitesse de plus en plus grande acquise, l’univers est en train de changer, d’évoluer sous nos yeux!
Dommage que nous devions nous taper toutes les inepties décrites plus haut pour avoir un peu de bonne spéculation scientifique entre deux anecdotes laborieuses. La partie romancée semble être issue de l’imagination et des fantasmes d’un adolescent de quatorze ans. Cet écrivain aurait avantage à travailler en collaboration avec un (une?) autre auteur plus au fait des choses de la vie.
Bon, je vais aller maintenant lire la série «la petite maison dans la prairie».
mardi 26 octobre 2004
Un commentaire?
Pour écrire un commentaire, il faut être membre. C'est gratuit, mais c'est un peu laborieux. Un courageux (ou un tenace) a bravé la blogocratie pour s'incrire et m'envoyer son commentaire, très fin, en passant, je le recommande pour ceux qui ont mangé un gros bol de binnes (recette sur demande). D'autres se sont plaints que j'en écris trop long, que personne n'a le temps de lire. Et alors? Si moi j'ai le temps d'écrire, c'est l'essentiel, non? Vous lirez quand vous aurez le temps. Ou pas du tout. Je suis comme la Poune, j'aime mon public. La preuve, cette entrée est toute petiiiiite!
Des réponses pour toutes les questions
Je suis en train de lire un livre passionnant «Who’s afraid of Schrödinger’s cat?» qui m’a inspiré quelques réflexions existentielles concernant l’Univers. Le livre en question est une collection de courts textes sur différents sujets scientifiques. Je me suis aperçue que la science des particules me fait «tripper» (c'est-à-dire basculer dans un état d'extase) alors que les sujets tels la science du cerveau (sauf quand il s’agissait du «quantum theory of the mind») et la psychologie me faisaient «chier» (déféquer). Je lisais quand même mais bof. J’ai assez supporté les torsions de l’application de la psychologie cognitive aux plans de cours dans les dernières années pour m’en écoeurer. En fait, tout ce qui ressemble à l’école me fait vaguement suer. J’en fais encore des cauchemars pédagogiques. J’ai bien fait de lââââcher l’école, être prof, c’est encore pire que d’être étudiant. Mais je m’égare, je parlais de mes idées très arrêtées sur le Cosmos.
Par exemple : on s’interroge sur la raison pour laquelle la dimension du temps, comme chacune des dimensions spatiales, n’est pas réversible. On peut aller en haut et en bas mais pas en futur et en passé. AAAaaahhh, mais voilà, c’est que (me dis-je) le temps est en expansion, tout comme l’espace! On n’a donc pas le choix de le suivre! 10 exposant -32 seconde à l’ère de Plank équivaut aujourd’hui à 100 milliards d’années (à peu près…, je n’ai pas fait le calcul) de nos jours. La vraie question est donc plutôt : pourquoi sommes-nous capables d’aller en avant et en arrière, en haut et en bas, à bâbord et à tribord??? Qui a inventé la machine à reculer dans l’espace???
Mais reculons-nous vraiment dans l’espace ou bien dans une dimension à la fois? Noooooon, mesdames et messieurs, sans la collaboration des deux autres dimensions, on ne pourrait ni avancer, ni reculer. À bien y penser, sans le temps non plus, on ne pourrait bouger. Et sans espace, pas d’évolution dans le temps, pas même par en avant… Bon, j’avoue que là-dessus ma théorie n’est pas tout à fait au point. J’en saurai plus lorsque j’aurai lu sur la théorie des supercordes qui implique un univers à 36 dimensions.
Autre réflexion : on ne trouve pas de «gravitons», particule hypothétique transportant la force de gravité, ni de théorie unifiée incluant la gravité. C'est parce que la gravité n’est pas une force, mais une déformation de l’espace-temps. Einstein nous a cassé les oreilles avec ça depuis 1910! Donc, pas besoin de particules transportant la force… Cessons de chercher, de grâce!
Par ailleurs, notre univers n’est qu’un trou noir à l’intérieur d’un univers plus grand, qui est lui-même un trou noir dans un univers plus grand. Et l'on s'imagine que notre petit trou noir est l'alpha et l'oméga de tout. Alors que par définition, rien ne peut s'échapper de notre univers et on croit aller tout droit alors que celui-ci est courbé donc on revient au même endroit, ce qui correspond aussi à la définition d'un trou noir…
Oui, je sais, c’est un classique éculé de la science-fiction, mais là où ça se corse, c’est que dans MA théorie, ces univers de plus en plus grands rejoignent l’univers le plus petit (ou le trou noir le plus petit, si on veut) dans une 37e dimension qui est recourbée sur elle-même. C’est là que l’infiniment Grand rejoint l’infiniment Petit. Mais vu qu’un cercle n’a ni début ni fin, nous sommes tous (nous, les Univers) des infiniment Moyens.
D'autre part, concernant la théorie farfelue de Gaïa (les planètes seraient en vie, les galaxies seraient des méga-organismes vivants), à peine effleurée par Isaac Azimov dans la série Fondation, alors si c’est vrai, la Terre est une tumeur maligne et les humains en sont les cellules cancéreuses!
Autre théorie (c’est pas moi qui l’ai inventée mais j’ai une réponse à apporter, comme sur toutes les autres questions) est que notre univers et son big bang côtoieraient d’autres univers avec leur propre big bang. Je n’en crois rien. Notre univers côtoierait plutôt toutes les autres singularités originelles qui n'auraient pas bigbangné. NOTRE big bang est plutôt une tumeur en expansion dans ce méga-univers. Conclusion, pire que la précédente : l’Univers (le nôtre) en entier est un cancer!!!
On se demande aussi par quel heureux hasard notre univers a JUSTEMENT les constantes qu’il faut pour supporter la vie. Un taux d’expansion trop petit ferait se recontracter l’univers trop vite pour que la vie se développe et un taux trop grand aurait fait se disperser la matière avant que ne se forment les premières molécules. Même Hubert Reeves se le demande. Moi (évidemment), j’ai trouvé la réponse :
Rien là de bien merveilleux : ils ont tous existé (les univers) les uns à la suite des autres, à partir d’un taux d’expansion ridiculement petit, ce qui fait que lorsque le premier univers s’est recontracté tout de suite en un big crunch, il a provoqué, avec l’excédent d’énergie, un autre big bang avec, cette fois-ci, un taux d’expansion un peu plus grand, qui s’est recontracté en un big crunch qui a provoqué un autre big bang et ainsi de suite (comme une balle qui rebondit), jusqu’à ce que INÉVITABLEMENT, il y en ait un qui arrive à notre taux d’expansion idéal (qui, soit dit en passant, n’est idéal que pour nous puisque la Vie est le cancer de l’Univers.)
À cette dernière théorie, on m’objectera que la conservation de l’énergie interdit que l’univers suivant ait un taux d’expansion supérieur au précédent. Je l’accorde. Mais le big bang n’a certainement pas pu commencer sa carrière avec un taux d’expansion infini pour ralentir (puisqu’il n’aurait pu se recontracter la première fois). Alors, d’où vient cette énergie supplémentaire? AAAAAaaaaahhhhh, mais voilà : elle est utilisée à partir de perte générale d'énergie imposée par la seconde loi de la thermodynamique. L'entropie augmente avec le temps, ce qui lui impose du même coup une sévère restriction : celle de ne permettre qu’une direction, le futur…
Et voilà, j’ai réglé le sort du monde en deux temps trois mouvements. Pour le prix Nobel, vous pouvez me joindre en me laissant votre adresse courriel en commentaire, je vous rappellerai. Merci de votre attention et bon vol.
Par exemple : on s’interroge sur la raison pour laquelle la dimension du temps, comme chacune des dimensions spatiales, n’est pas réversible. On peut aller en haut et en bas mais pas en futur et en passé. AAAaaahhh, mais voilà, c’est que (me dis-je) le temps est en expansion, tout comme l’espace! On n’a donc pas le choix de le suivre! 10 exposant -32 seconde à l’ère de Plank équivaut aujourd’hui à 100 milliards d’années (à peu près…, je n’ai pas fait le calcul) de nos jours. La vraie question est donc plutôt : pourquoi sommes-nous capables d’aller en avant et en arrière, en haut et en bas, à bâbord et à tribord??? Qui a inventé la machine à reculer dans l’espace???
Mais reculons-nous vraiment dans l’espace ou bien dans une dimension à la fois? Noooooon, mesdames et messieurs, sans la collaboration des deux autres dimensions, on ne pourrait ni avancer, ni reculer. À bien y penser, sans le temps non plus, on ne pourrait bouger. Et sans espace, pas d’évolution dans le temps, pas même par en avant… Bon, j’avoue que là-dessus ma théorie n’est pas tout à fait au point. J’en saurai plus lorsque j’aurai lu sur la théorie des supercordes qui implique un univers à 36 dimensions.
Autre réflexion : on ne trouve pas de «gravitons», particule hypothétique transportant la force de gravité, ni de théorie unifiée incluant la gravité. C'est parce que la gravité n’est pas une force, mais une déformation de l’espace-temps. Einstein nous a cassé les oreilles avec ça depuis 1910! Donc, pas besoin de particules transportant la force… Cessons de chercher, de grâce!
Par ailleurs, notre univers n’est qu’un trou noir à l’intérieur d’un univers plus grand, qui est lui-même un trou noir dans un univers plus grand. Et l'on s'imagine que notre petit trou noir est l'alpha et l'oméga de tout. Alors que par définition, rien ne peut s'échapper de notre univers et on croit aller tout droit alors que celui-ci est courbé donc on revient au même endroit, ce qui correspond aussi à la définition d'un trou noir…
Oui, je sais, c’est un classique éculé de la science-fiction, mais là où ça se corse, c’est que dans MA théorie, ces univers de plus en plus grands rejoignent l’univers le plus petit (ou le trou noir le plus petit, si on veut) dans une 37e dimension qui est recourbée sur elle-même. C’est là que l’infiniment Grand rejoint l’infiniment Petit. Mais vu qu’un cercle n’a ni début ni fin, nous sommes tous (nous, les Univers) des infiniment Moyens.
D'autre part, concernant la théorie farfelue de Gaïa (les planètes seraient en vie, les galaxies seraient des méga-organismes vivants), à peine effleurée par Isaac Azimov dans la série Fondation, alors si c’est vrai, la Terre est une tumeur maligne et les humains en sont les cellules cancéreuses!
Autre théorie (c’est pas moi qui l’ai inventée mais j’ai une réponse à apporter, comme sur toutes les autres questions) est que notre univers et son big bang côtoieraient d’autres univers avec leur propre big bang. Je n’en crois rien. Notre univers côtoierait plutôt toutes les autres singularités originelles qui n'auraient pas bigbangné. NOTRE big bang est plutôt une tumeur en expansion dans ce méga-univers. Conclusion, pire que la précédente : l’Univers (le nôtre) en entier est un cancer!!!
On se demande aussi par quel heureux hasard notre univers a JUSTEMENT les constantes qu’il faut pour supporter la vie. Un taux d’expansion trop petit ferait se recontracter l’univers trop vite pour que la vie se développe et un taux trop grand aurait fait se disperser la matière avant que ne se forment les premières molécules. Même Hubert Reeves se le demande. Moi (évidemment), j’ai trouvé la réponse :
Rien là de bien merveilleux : ils ont tous existé (les univers) les uns à la suite des autres, à partir d’un taux d’expansion ridiculement petit, ce qui fait que lorsque le premier univers s’est recontracté tout de suite en un big crunch, il a provoqué, avec l’excédent d’énergie, un autre big bang avec, cette fois-ci, un taux d’expansion un peu plus grand, qui s’est recontracté en un big crunch qui a provoqué un autre big bang et ainsi de suite (comme une balle qui rebondit), jusqu’à ce que INÉVITABLEMENT, il y en ait un qui arrive à notre taux d’expansion idéal (qui, soit dit en passant, n’est idéal que pour nous puisque la Vie est le cancer de l’Univers.)
À cette dernière théorie, on m’objectera que la conservation de l’énergie interdit que l’univers suivant ait un taux d’expansion supérieur au précédent. Je l’accorde. Mais le big bang n’a certainement pas pu commencer sa carrière avec un taux d’expansion infini pour ralentir (puisqu’il n’aurait pu se recontracter la première fois). Alors, d’où vient cette énergie supplémentaire? AAAAAaaaaahhhhh, mais voilà : elle est utilisée à partir de perte générale d'énergie imposée par la seconde loi de la thermodynamique. L'entropie augmente avec le temps, ce qui lui impose du même coup une sévère restriction : celle de ne permettre qu’une direction, le futur…
Et voilà, j’ai réglé le sort du monde en deux temps trois mouvements. Pour le prix Nobel, vous pouvez me joindre en me laissant votre adresse courriel en commentaire, je vous rappellerai. Merci de votre attention et bon vol.
lundi 25 octobre 2004
Fièvre créatrice
Tout écrivain digne de ce nom, selon les normes courantes des conservateurs-puristes snobino-littéraires, se doit d’écrire à la main. Haro sur le traitement de texte! Quelle vile machine sans cœur et sans âme que cet ordinateur qui tue la Poésie de l’imagination! Elle rabaisse l’écrivain à un vulgaire opérateur. Comment transmettre toute la saveur de l’atmosphère irréelle d’une chimérique vision lorsque les mots en sont apparus en leur premier jet sur un écran, dont la froide luminosité banalise tous les recoins inexplorés de la pensée créatrice?
Qu’auraient pensé de nous les poètes maudits d’autrefois, qui, égarés dans les vapeurs d’absinthe, assis devant une écritoire à la lueur tremblante d’une lampe à pétrole, composaient laborieusement leurs vers, trempaient leur plume dans un encrier avant de chercher l’inspiration, les yeux perdus dans le vague, en mordillant distraitement l’extrémité de leur crayon?
Oui, bien sûr, ils se seraient étouffés dans le duvet d’oie. L’image de l’écrivain typique a tout de même évolué. Quel authentique auteur n’a pas mordillé le bout de son crayon en réfléchissant devant sa page blanche? La révolution technologique qui remplaça la plume d’oie par le stylo-bille chavira l’âme des puristes de l’époque. Mais le mordillement du crayon fit tout de même son chemin et, en peu de temps, devint le symbole même de l’Inspiration Fuyante...
Il était désormais possible de ressentir la Fièvre Créatrice, la Vraie, celle qui mène au chef-d’œuvre littéraire, en se passant d’un encrier. On n’allait pas se formaliser pour un changement d’outil : les gestes restaient les mêmes. Le corps continuait à participer, en harmonie avec le cerveau, et l’écrivain se donnait tout entier dans son Œuvre, en mordillant avec délice l’extrémité de son crayon.
L’apparition de la machine à écrire fut une nouvelle révolution qui balaya d’un coup toute l’image du Créateur. L’écrivain en mal de substance ne pouvait tout de même pas mordiller les touches du clavier... Il fallait trouver autre chose. Déjà le geste même d’écrire était radicalement transformé : il fallait à présent une «méthode» pour écrire avec cette nouvelle invention du diable! La vulgaire technologie gagnait de plus en plus du terrain sur le Pur Esprit. Les dix doigts couraient sur un clavier anonyme et froid. Où était la communion entre le corps et le papier? Mais du moins, le papier restait, rassurant, tangible.
Voilà la clé! Il suffisait, en cas de panne, d’arracher brusquement la page de son rouleau, d’un geste dramatique, de la rouler en boule rageusement et de la jeter négligemment dans une corbeille à papier, située judicieusement à une bonne distance, ce qui permettait de rater son coup de temps en temps et d’offrir au spectateur inopiné l’image d’un désordre de bon aloi. Insérer une nouvelle page dans sa machine devenait alors le rituel de la Fièvre retrouvée. La corbeille pleine et les rebuts épars tout autour, dans un coin de la pièce, resteraient le témoignage de l’effort acharné de l’auteur.
Mais un «traitement de texte»! Rien que le nom fait frémir! Traiter un texte! Mais un texte, que dis-je, une Œuvre, ça se concocte, ça se compose, ça s’invente, ça s’imagine, ça se glisse furtivement dans l’esprit, idée fugace que l’on tente de saisir pour la dépeindre par l’enchantement des mots... Non. Un «texte», ça ne se «traite» tout simplement pas.
Et puis, où est le papier dans tout ça? Où s’en vont les mots, lorsqu’on les a choisis amoureusement? Ils sont prosaïquement emmagasinés dans une mémoire sous forme de «méga-octets» et autres cochonneries dont personne ne sait exactement de quoi il s’agit... Ils peuvent êtres copiés, collés, transférés, ils portent le nom de «fichier», ils peuvent, d’un mouvement de doigt indifférent, être perdus à jamais. Et ces mots, rejetés avec désespoir, disparaissent sans laisser aucune trace! Le mot «backspace» est un mot terrible! Les tentatives avortées se sont maintenant perdues dans le néant du «delete» insondable.
Mais surtout! Surtout, à quel cliché l’écrivain moderne peut-il se rattacher maintenant, en ces temps où un témoin qui le surprendrait en plein travail peut si facilement le confondre avec un comptable ou un fonctionnaire? D’un seul coup d’œil, il est impossible de mesurer toute l’énormité de la tâche entreprise. Où sont les encriers vides gisant à côté de l’écritoire? Où est le crayon mordillé? Que sont toutes ces rageuses ratures devenues?
Que nous réserve l’avenir? Que va-t-on encore inventer pour nous déposséder de la Fièvre Créatrice???
Ceci dit, je suis une fille résolument de son temps et je ne me ferai sûrement pas chier à écrire à la main sur du papier!
Merci de votre compréhension.
Qu’auraient pensé de nous les poètes maudits d’autrefois, qui, égarés dans les vapeurs d’absinthe, assis devant une écritoire à la lueur tremblante d’une lampe à pétrole, composaient laborieusement leurs vers, trempaient leur plume dans un encrier avant de chercher l’inspiration, les yeux perdus dans le vague, en mordillant distraitement l’extrémité de leur crayon?
Oui, bien sûr, ils se seraient étouffés dans le duvet d’oie. L’image de l’écrivain typique a tout de même évolué. Quel authentique auteur n’a pas mordillé le bout de son crayon en réfléchissant devant sa page blanche? La révolution technologique qui remplaça la plume d’oie par le stylo-bille chavira l’âme des puristes de l’époque. Mais le mordillement du crayon fit tout de même son chemin et, en peu de temps, devint le symbole même de l’Inspiration Fuyante...
Il était désormais possible de ressentir la Fièvre Créatrice, la Vraie, celle qui mène au chef-d’œuvre littéraire, en se passant d’un encrier. On n’allait pas se formaliser pour un changement d’outil : les gestes restaient les mêmes. Le corps continuait à participer, en harmonie avec le cerveau, et l’écrivain se donnait tout entier dans son Œuvre, en mordillant avec délice l’extrémité de son crayon.
L’apparition de la machine à écrire fut une nouvelle révolution qui balaya d’un coup toute l’image du Créateur. L’écrivain en mal de substance ne pouvait tout de même pas mordiller les touches du clavier... Il fallait trouver autre chose. Déjà le geste même d’écrire était radicalement transformé : il fallait à présent une «méthode» pour écrire avec cette nouvelle invention du diable! La vulgaire technologie gagnait de plus en plus du terrain sur le Pur Esprit. Les dix doigts couraient sur un clavier anonyme et froid. Où était la communion entre le corps et le papier? Mais du moins, le papier restait, rassurant, tangible.
Voilà la clé! Il suffisait, en cas de panne, d’arracher brusquement la page de son rouleau, d’un geste dramatique, de la rouler en boule rageusement et de la jeter négligemment dans une corbeille à papier, située judicieusement à une bonne distance, ce qui permettait de rater son coup de temps en temps et d’offrir au spectateur inopiné l’image d’un désordre de bon aloi. Insérer une nouvelle page dans sa machine devenait alors le rituel de la Fièvre retrouvée. La corbeille pleine et les rebuts épars tout autour, dans un coin de la pièce, resteraient le témoignage de l’effort acharné de l’auteur.
Mais un «traitement de texte»! Rien que le nom fait frémir! Traiter un texte! Mais un texte, que dis-je, une Œuvre, ça se concocte, ça se compose, ça s’invente, ça s’imagine, ça se glisse furtivement dans l’esprit, idée fugace que l’on tente de saisir pour la dépeindre par l’enchantement des mots... Non. Un «texte», ça ne se «traite» tout simplement pas.
Et puis, où est le papier dans tout ça? Où s’en vont les mots, lorsqu’on les a choisis amoureusement? Ils sont prosaïquement emmagasinés dans une mémoire sous forme de «méga-octets» et autres cochonneries dont personne ne sait exactement de quoi il s’agit... Ils peuvent êtres copiés, collés, transférés, ils portent le nom de «fichier», ils peuvent, d’un mouvement de doigt indifférent, être perdus à jamais. Et ces mots, rejetés avec désespoir, disparaissent sans laisser aucune trace! Le mot «backspace» est un mot terrible! Les tentatives avortées se sont maintenant perdues dans le néant du «delete» insondable.
Mais surtout! Surtout, à quel cliché l’écrivain moderne peut-il se rattacher maintenant, en ces temps où un témoin qui le surprendrait en plein travail peut si facilement le confondre avec un comptable ou un fonctionnaire? D’un seul coup d’œil, il est impossible de mesurer toute l’énormité de la tâche entreprise. Où sont les encriers vides gisant à côté de l’écritoire? Où est le crayon mordillé? Que sont toutes ces rageuses ratures devenues?
Que nous réserve l’avenir? Que va-t-on encore inventer pour nous déposséder de la Fièvre Créatrice???
Ceci dit, je suis une fille résolument de son temps et je ne me ferai sûrement pas chier à écrire à la main sur du papier!
Merci de votre compréhension.
dimanche 24 octobre 2004
Bienvenue dans mon blogue
J'ai j'ai j'ai... bin j'ai rien à dire ce soir.
En fait, j'ai créé ce blogue car il fallait s'inscrire pour répondre à e-diote.
Mais tant qu'à faire, pourquoi ne pas continuer...
En fait, j'ai créé ce blogue car il fallait s'inscrire pour répondre à e-diote.
Mais tant qu'à faire, pourquoi ne pas continuer...
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