Oui, je suis ridicule!
Et la seule chose qui m'empêchait de
hurler de rage, c'était la perspective de vous faire rigoler à la
narration de mes aventures!!!
J'ai
décidé de faire une grande fille de moi et de réparer mes rideaux de
voilage... J'avais quelques plis à recoudre (c'est comme plié en 4 en haut,
pour permettre au crochet de s'insérer et pour que le rideau ait du
bouffant...)
Alors je m'installe au volant de ma machine à coudre, celle qui me vient de ma grand-mère, fière comme un paon, comme une ado en train de conduire pour la première fois une
auto! Je vérifie que toutes les bobines sont en place (les fils étaient déjà placés, par les bons soins d'une amie qui est venue me donner un coup de main il y a 6 mois), et je démarre!!! ... à l'envers!
Du coup j'ai
naturellement perdu mon fil de bobinette (la petite bobine en bas) donc
je tente de le récupérer. Peine perdue, je fais des nœuds! Je dois
donc sortir ma bobinette, mais je l'échappe dans le trou de la machine et elle roule
jusqu'au bout de la pièce, en se déroulant...
Après bien des
mésaventures, je réussis à faire un pli (en réalité, les plis étaient
déjà pré-faits, mais certains s'étaient décousus au lavage et avec le
temps). Grosse victoire! Seulement 30 minutes pour faire une couture
de 10 cm!!! Ça fait 20 cm à l'heure, ça!!! La vitesse d'un escargot au galop!
Je ne peux même pas accuser ma machine, car mon amie d'il y a 6 mois, une professionnelle, m'avait assuré que ma machine était de ces machines robustes et fiables comme on ne s'en fait plus!
Je me lance dans le 2e pli : au bout de 10
minutes cette fois, je termine mes 10 cm. Mais je vois que j'ai oublié d'inclure 2 plis dans
ma couture. Je sors mon découseur (le truc professionnel qui permet de découdre sans couper le tissu) et je découds
pour recommencer.
Chaque fois que je prenais un peu d'assurance et que je me lançais dans la couture suivante avec un faux air détaché, il m'arrivait un truc, genre :
(Je vous le mets en grand, ça vaut la peine!!!)
Et c'est sans compter toutes les fois où je laissais la manette en marche arrière et que j'essayais de faire avancer le tissu!
Finalement,
à la fin de la dizaine de coutures à reprendre, j'ai appris comment ajuster la longueur des points, j'ai pensé à
ne pas oublier ma manette en marche arrière, j'ai su qu'il fallait bien coincer la
bobinette pour ne pas qu'elle tombe. Alors là j'étais devenue une pro de
la machine à coudre!
Audacieusement, je me dis que je vais faire le
rebord à moitié décousu de mes rideau (environ 2m de couture continue, ce qui ne devrait pas causer problème à la couturière expérimentée que je suis devenue). Comme une vieille du vieux (féminin de «vieux de la vieille»), je place le bras de vitesse en marche avant, je règle la longueur des points au
plus long, et go, je pars en grande pompe à fond les manettes!
Et je dois m'arrêter
au bout de 1 mètre, parce que je venais tout juste de m'apercevoir que
ma bobinette s'était vidée au bout de 4 cm de couture et que depuis 10 minutes j'étais en
train de coudre dans le vide!!!
Finalement j'y suis arrivée, je suis fière de moi, permettez-moi de me rengorger!!! C'est la preuve que la persévérance a bien meilleur goût, qu'à cheval donné on regarde bien un évêque, que tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle n'amasse pas mousse, et finalement que nul n'est prophète sur sa machine à coudre!
samedi 17 mars 2012
dimanche 11 mars 2012
Souvenirs,souvenirs...
C’était en 1972. Secondaire 2. À l’âge où l’on se
complait dans les sentiments, où un navire, fût-ce un traversier, prend un
aspect magique.
C’était l’époque où je n’étais pas encore marin.
Nous étions quelque part au grand large, bon mettons entre
Sorel et Berthierville, dans le crépuscule qui nimbait le paysage d’une lueur mystérieuse.
L’air salin (oui, bon le fleuve n’est pas salé à cet endroit, mais on s’en
fout) fouettait mon visage buriné par les intempéries (à 14 ans?) et pendant que mes yeux mi-clos
tentaient de percer le brouillard, mon regard se portait vers l’ouest. Vers
l’endroit où, quelque 50 kilomètres plus loin, derrière le rideau de brume, vaquait,
indifférent à mes soupirs, le garçon pour lequel mon cœur chavirait… Le reflet
de la lune sur la glace ballotée au gré des courants amplifiait la détresse
dans laquelle je me vautrais.
Malgré les invraisemblances, l’image me plaisait et je
m’en gargarisais. Je profitais à plein de la théâtralité de la situation, comme
seule une jeune fille romantique peut le faire.
Et si le reflet de la lune
n’atteignait pas la glace (à cause du brouillard), tant pis, je n’en avais pas
vraiment besoin pour amplifier ma détresse (celle dans laquelle je me
vautrais).
Et dans mon imagination d’adolescente avide se bousculaient des
phrases dramatiques de roman savon. Phrases qui résonnent encore dans ma tête
et qui me permettent aujourd'hui d’écrire cette narration toute dégoulinante.
Et le garçon? Bah, il y en a eu d’autres…
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