14e chronique de l’influenceuse
Depuis peu, mon forfait télé m’offre
une chaîne exclusivement réservée aux comédies romantiques, sans que je ne l’aie
demandé ni que je n’aie à la payer. C’est super, parce que j’aime écouter des
comédies romantiques. Oui, oui, je suis une adepte : j’écoute avec plaisir
les comédies romantiques, ce qui ne signifie pas que je considère que le couple
est une forme de vie désirable.
Doit-on croire à la magie pour lire
Harry Potter? N’y a-t-il que les catholiques convaincus qui regardent «Les
anges du bonheur?» Faut-il croire au Père Noël pour avoir du plaisir à recevoir
un cadeau? Et les contes de fées? Et la science-fiction? Bon, alors laissez-moi
tranquille, faut pas faire chier mémé. Et oser avouer que j’aime les comédies
romantiques me donne tout de même de la crédibilité quand je dis que je déteste
la téléréalité. Si je suis capable d’assumer l’un, je serais capable d’assumer
l’autre.
J’avais déjà un peu parlé ici des
comédies romantiques à saveur de Noël . J’y avais analysé des
incohérences et quelques points communs qui font d’un film de Noël la quétainerie
suprême. Attardons-nous maintenant sur l’aspect purement «romantique» des comédies cucul.
Il y a la scène classique de la
pâtisserie : l’héroïne fait une tarte (ou un gâteau), et elle a de la
farine sur le nez. Vu que c’est mignon (ce qui est un mot-clé dans toute bonne comédie sentimentale qui se respecte), le héros va le lui essuyer puis s’en
suivra une bataille de farine où les protagonistes rient aux éclats. C’est
l’équivalent d’été de la fameuse bataille de boules de neige des films de Noël
(où les protagonistes rient aussi aux éclats).
Voici un autre classique : au début
du film, l’héroïne est déjà fiancée. Il est plutôt bel homme, pour égarer les soupçons
de l’auditrice moyenne. Mais l’auditrice experte (que je me targue d’être)
connait les canevas habituels, et sait que le fiancé du début est rarement le même que le marié
de la fin. Je vous donne un indice : il ne rit jamais aux éclats avec l’héroïne.
Et peu à peu, dans le film, le fiancé initial fait preuve de mépris, ou simplement
d’indifférence. Il ne correspond plus à l’Idéal Chevaleresque que le film
romantique veut projeter. C’est le moment où l’auditrice moyenne se demande ce
qu’il fait là et commence à douter du bien fondé du concept de mariage.
Mon moment préféré dans les comédies
romantiques est justement lorsque l’héroïne largue son fiancé initial. Celui-ci, s’il est
quand même un peu gentil, se trouve rapidement une autre fille plus adaptée à
son caractère, et s’il est chiant, on se régale de son incompréhension et de sa
déconfiture. C’est jouissif. Pendant ce temps, l’héroïne s’est trouvé un autre
homme, alors l’auditrice moyenne, un moment déboussolée, est rassurée, car l’héroïne
ne finira pas dans la… SOLITUDE MAUDITE!!! Non! Elle ne saute pas dans le vide
abyssal du célibat, elle ne fait que passer d’un fiancé à un autre, assez
rapidement. Ouf, elle est sauvée par le nouveau fiancé qui apparait de nulle
part et qui lui convient parfaitement, même (et surtout) si, au début, leur
relation n’était pas de tout repos.
Au passage, la meilleure amie de l’héroïne
se trouve aussi un tchum. C’est un bonus. Pour montrer que l’amour est
universel. Et inclusif, puisque souvent la meilleure amie est noire. Ou
asiatique. Ou handicapée. (Tout sauf lesbienne, on n'en est pas encore là dans l'inclusion semble-t-il). L’honneur est sauf et le bonheur de tous est alors assuré, sauf celui du
fiancé initial. S’il était vraiment vilain, il n’aura eu que ce qu’il mérite :
la terrrrrrible solitude.
Le chanceux.
2 commentaires:
Bien vu :)
Es tu une adepte des films d'animation de Disney ? Là aussi, il y a du matériel intéressant à analyser pour les jeunes filles. Les stéréotypes sont très forts et surtout répétés de films en film.
Bon weekend à toi.
Robert
Ces films d'animation sont mon choix privilégié dans mes parcours en avion, au grand étonnement de mes voisins sérieux qui jettent un oeil à cette auditrice bizarre...
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