jeudi 18 novembre 2004

Voyage en zone sinistrée

J’avais préparé mon voyage depuis trois jours. Trois jours que j’observais la météo sur Internet : Miramichi, Bathurst, Amherst, Halifax, Kentville… J’avais vu un avertissement de neige abondante, mais il a disparu au bout d’une journée. Enfin, le lundi, j’étais prête! Mon ancien navire allait être au quai soit le lundi dans la nuit, soit le mardi à la marée suivante. Je vais en profiter pour aller voir mon équipage. J’irais aussi chercher les cinq boîtes d’effets accumulés pendant mes nombreuses années comme permanente sur ce bateau. Je les avais laissées chez une amie qui habite Hantsport, et j’allais la visiter.

Départ à 05h15 le matin. Il fait noir, j’écoute la radio pour économiser les CD que j’ai amenés pour le voyage. Une émission religieuse me supplie de prier Dieu si je sens ma Foi vaciller. C’est ça. Je prends une gorgée de café. Pas trop, car la première pause-pipi est au Nouveau-Brunswick, à 200 km de là. Le soleil se lève. Je suis en route!

Première pause : il est 08h, j’appelle la copine de Hantsport. C’est là que j’apprends qu’une panne générale sévit en Nouvelle-Écosse, causée par la tempête de neige du samedi. Oups, pas d’électricité depuis samedi midi. Les magasins sont tous fermés. Les stations d’essence aussi. Probablement qu’il n’y aura pas de chargement à Hantsport pour mon navire non plus.

Je suis trop loin pour reculer. Je m’informe si elle a besoin de denrées alimentaires, je planifie mes pleins d’essence pour pouvoir revenir, puis je continue ma route, en surveillant les nouvelles à la radio.

Arrêt-soupe en boîtes, chandelles, piles AA, lait, café.

J’arrive enfin à Hantsport au coucher du soleil, dans le noir. Je frappe à la porte. On m’ouvre à la bougie. Il fait chaud, il y a un poêle à bois. Soirée tranquille à la chandelle, devant les baies vitrées qui donnent sur une vue de la ville, dans le noir elle aussi. Je m’informe du bateau, il est retardé, il n’arrivera pas avant mercredi midi. Trop tard pour moi, je dois être de retour pour le jeudi matin sans faute, et je ne pourrais pas conduire durant toute la nuit.

Nous nous retirons de bonne heure, rien d’autre à faire.

Vers minuit, l’électricité revient, déjà. Je me lève pour éteindre la télé et les lumières du salon, puis je me recouche. Je suis presque déçue. La journée du mardi s’écoule comme une journée normale. On magasine. Je vais pleurer un peu sur le quai vide, sur mon bateau manqué.

Je reprends le chemin du retour le lendemain matin au lever du soleil. Je devrai attendre au printemps prochain pour revenir…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

L'eussé-je lue plus tôt, je serions mi too allé la poursuivre de porc en porc, le carnet de calories en main* pour qu'elle y appose, dès sa descente de mammifère, sa signature.

Je me vois, sanglotant de dépit sur le quai, pestant contre la glace qui bloque l'accès au bateau. Je me vois, affrétant un hélicoptère (rien de trop beau pour la classe ouvrière) qui me dépose comme un agent 009 sur ledit Baron au bout d'une cordelette en nylon...

Bref... ;o) dans une autre vie qui sait.

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*[lire : de port en port le carnet de fan à la main]