vendredi 3 décembre 2004

Dans la série « Je vous regarde par-dessus le mur de camembert », j’ai le plaisir de vous présenter le premier volet : Routine francaise

Le soleil se lève sur la Seine. Enfin, de l’autre côté de la Seine puisque la distance relative entre la rive opposee et l’horizon est plutôt grande… Bref, il est 08h30. On se croirait au pôle nord tellement le soleil se lève tard, mais nous sommes à la même latitude que Rimouski. Les Français ont simplement décidé de vivre à l’heure avancée l’hiver. L’été, ils avancent une seconde fois.

Au lever, toilette rapide. Puis, il est temps d’ouvrir les volets. C’est la cérémonie quotidienne qui nous permet de faire le tour de la maison, d’ouvrir grand les fenêtres pour laisser sortir la chaleur en hiver et laisser entrer les mouches en été. Une demi-heure le matin, une demi-heure le soir. Car le soir il faut recommencer la manœuvre.

Chez nous ornement purement décoratif, le volet est ici ancré dans les mœurs. Pas question d’oublier les volets ne serait-ce qu’une fois, sous peine de conséquences dramatiques autant que nébuleuses. Officiellement, il s’agit de se protéger des cambrioleurs. Naturellement, le cambrioleur français respecte les coutumes locales. Des volets fermés signifient : « Interdit de cambrioler ». Le code est honoré par les voleurs, le proprio est tranquille. Chez nous, une maison aux volets fermés lance le message suivant : « Le proprio est absent! Profitez-en! » Et le cambrioleur québécois ne va pas se gêner pour quelques lattes de bois un peu vermoulues.

Après les volets, on doit déjeuner. C’est à dire « petit-déjeuner », ou tremper son croissant dans son café. C’est la seule façon de le boire, par capillarité. On aspire ensuite l’autre extrémité du croissant jusqu’à ce que la tasse soit vide.

Vient l’heure des courses. Le Français fait ses courses tous les jours. Il part avec son cabas à la recherche de fruits frais, de légumes frais, de viande fraîche, de pain frais, et de lait UHT.

Le pain est acheté en dernier, ce qui explique qu’on est obligé de le coincer sous le bras pour pouvoir le transporter.

On rentre à la maison, on range les achats, on prépare le dîner (appelé « déjeuner »), on prend l’apéro puis on mange. Il est 14h00. On sort de table vers 15h30h. Chez nous, le soleil serait déjà couché. Mais puisque le Français a modifié le fuseau horaire pour l’ajuster à ses besoins, il fait encore clair pour quelques heures.

Ce qui nous laisse juste le temps de fermer les volets, avant de prendre son petit « quatre-heure », consistant en crème glacée (ou « glace »), biscuits (ou « cookies ») et gâteau (ou « cake »).

Il est temps de commencer à préparer le souper (appelé « dîner »), puis on prend l’apéro. Et on se met à table vers 20h : re-apéro, entrée, plat principal, légume (ou sa version française : riz et nouilles portent l’appellation « légume », ce qui ferait se revirer dans sa tombe le guide alimentaire canadien, eût-il été décédé), plateau de fromage, plateau de fruits, dessert. Avec un vin différent pour chaque étape. Et café à la fin.

Il est 22h30 à la sortie de table, le soleil en a profité pour se coucher.La journée a passé comme un éclair, on se demande où le Français trouve du temps pour travailler!

6 commentaires:

e-diote a dit...

Par capillarité à travers le croissant le café ???

Ouais... Cap Hilarité, plutôt oui !!!!

:-D

Anonyme a dit...

Quelle merveilleuse description d'une journée idéale et parfaite dans toute sa splendeur. Chaque épisode m'a arraché des larmes de nostalgie et de bonheur, depuis les volets de bois que j'ai entendus claquer tandis qu'on les pliait et les plaquait contre le mur dans le petit matin frisquet, jusqu'au cérémonial grandiose du souper qui n'en finit plus de se boire. Ah, chère Coyote des neiges, comme j'envie vos promenades rêveuses sur le bord de la Seine: un oeil sur la crotte, l'autre sur les stops, dans le doux froufrou d'une circulation engorgée.
Il y a une chose cependant que vous semblez ne pas avoir comprise: le temps (vous qui raffolez des théories science-fictionnelles) ne fonctionne pas de la même manière en France qu'au Québec. Il fonctionne un peu comme ces crottes rencontrées par hasard sur votre chemin. Ici, il se contracte et durcit comme si le froid ou l'idée du froid l'obligeait sans cesse à se ramasser sur lui-même, tandis qu'en France, le temps s'étale et se multiplie presque à l'infini! On a le temps, en France, de se lever, de faire toutes ces choses que vous avez si bien décrites, d'aller travailler, de se battre avec le voisin, de s'engueuler dans un embouteillage, de tuer les passants à coups de sac à provisions ou en les transperçant de la fameuse baguette que l'on porte sous le bras pour la dégainer plus vite, puis de rentrer chez soi savourer la douceur angevine des moeurs hexagonales.
J'espère avoir su apporter ma misérable contribution à votre bogue monumental, bien à vous,
une admiratrice lointaine (et une jalouse furieuse qui se vengera un jour)

Anonyme a dit...

Quelle merveilleuse description d'une journée idéale et parfaite dans toute sa splendeur. Chaque épisode m'a arraché des larmes de nostalgie et de bonheur, depuis les volets de bois que j'ai entendus claquer tandis qu'on les pliait et les plaquait contre le mur dans le petit matin frisquet, jusqu'au cérémonial grandiose du souper qui n'en finit plus de se boire. Ah, chère Coyote des neiges, comme j'envie vos promenades rêveuses sur le bord de la Seine: un oeil sur la crotte, l'autre sur les stops, dans le doux froufrou d'une circulation engorgée.
Il y a une chose cependant que vous semblez ne pas avoir comprise: le temps (vous qui raffolez des théories science-fictionnelles) ne fonctionne pas de la même manière en France qu'au Québec. Il fonctionne un peu comme ces crottes rencontrées par hasard sur votre chemin. Ici, il se contracte et durcit comme si le froid ou l'idée du froid l'obligeait sans cesse à se ramasser sur lui-même, tandis qu'en France, le temps s'étale et se multiplie presque à l'infini! On a le temps, en France, de se lever, de faire toutes ces choses que vous avez si bien décrites, d'aller travailler, de se battre avec le voisin, de s'engueuler dans un embouteillage, de tuer les passants à coups de sac à provisions ou en les transperçant de la fameuse baguette que l'on porte sous le bras pour la dégainer plus vite, puis de rentrer chez soi savourer la douceur angevine des moeurs hexagonales.
J'espère avoir su apporter ma misérable contribution à votre bogue monumental, bien à vous,
une admiratrice lointaine (et une jalouse furieuse qui se vengera un jour)

Anonyme a dit...

Le souper existe,c'est un repas pris tres tard le soir,par exemple par des gens qui reviennenet de l'opera.
Quand au riz et pates,personnellement j'ai toujours entendu dire que c'etaient des feculents.
La regle etant de ne manger qu'une seule portion de feculents par repas (mis a part le pain)

Le reste est plutot juste!

coyote des neiges a dit...

Alors si on ne va pas à l'opéra, il est interdit de souper!

Anonyme a dit...

Exactement.C'est un casse dalle de nantis decadents!