dimanche 4 septembre 2005

Rage au volant

Toujours inspirée par ma sortie bi-mensuelle d'il y a deux jours, voici quelques réflexions sur la rage au volant.

Et je ne parle pas de la rage qui assaille une couturière qui est en train de recoudre un volant sur sa robe et qui entortille son fil. Non, je parle du volant sérieux, mâle, du VOLANT DE CHÂÂÂÂR!

(En passant, pour les Français, puisqu'il faut tout leur expliquer même les moppes : un «char» c'est une voituuuuuuure. Et, non, ce n'est pas un anglicisme, ça vient de «char à boeufs». Ou à cheval, comme vous voulez.)

Bref, la victime de la rage au volant se sent prise d'une indignation sans bornes face à la supposée mauvaise conduite d'un autre conducteur, d'un cycliste, d'un piéton, ou même d'un écureuil qui passe sur la route.

Exemple : on roule à 110 km/h dans une zone de 90. Normal et habituel. On est en rase campagne, il faut bien arriver quelque part un jour. Soudain, un char débouche d'un chemin transversal (je rappelle qu'ici, on a pas la priorité à droite, mais la priorité tout droit. Ce qui, entre vous et moi, est bien plus logique. On s'occupe de ce qui se passe sur notre route, pas sur celle des autres).

Le char en question, qui envahit honteusement notre route, nous oblige à ralentir à 80, mettons. Non mais quel sans-gêne!!! On va lui montrer de quel bois on se chauffe! Nous accélérons alors jusqu'à lui coller au cul, histoire qu'il comprenne bien qu'il aurait dû attendre et passer derrière nous. Mais voilà qu'il accélère!!! Mais il se moque de nous, ou quoi??? Nous accélérons à notre tour, parce que nous sommes sûrs qu'il n'a pas bien compris la leçon, à savoir que la route, ça nous appartient et que sa place à lui est... derrière nous!

Quand le tandem suivant-suivi est rendu à 120 km/h, habituellement le poursuivant se calme un peu. Surtout parce que son char ne peut pas suivre. L'espace se creuse enfin, et on finit par oublier le malotru qui est maintenant loin devant.

Quelques minutes plus tard, on arrive à un croisement. On fait son arrêt, comme un bon citoyen (dès que le pied a appuyé sur le frein, on peut considérer qu'on a arrêté). Ya un char qui s'en vient à notre gauche, mais il est encore loin. Allez, on y va, on tourne à droite. Mais le crétin de la gauche (qui se trouve maintenant en arrière) s'en vient plus vite que prévu. On appuie alors sur le champignon. La limite est de 90, on va atteindre cette vitesse bien avant qu'il ne soit à notre niveau. Mais ce rejeton de péripatéticienne en redemande : il continue à coller à notre derrière. Qu'à cela ne tienne!

Ici, on peut prendre deux attitudes :
  1. «Mon char est plus fort que le tien, vil suiveux» : j'accélère et je sème l'importun. En espérant que ce ne soit pas un char de police.
  2. Le suiveux est au volant d'une Grosse Corvette (tite quéquette). Puisque je ne peux pas l'emmerder en allant plus vite que lui, je vais lui montrer les bonnes manières : je ralentis, ralentis, ralentis... tout en mettant mon flasher à gauche, pour lui faire croire que je veux tourner à gauche et ainsi l'empêcher de me dépasser. Mais ça fait son temps, et puis, quoi, on n'a pas non plus de temps à perdre sur la route.
Finalement, la meilleure chose à faire est peut-être effectivement de ralentir, mais signalant vers la droite. On se tasse sur le bord de la route, et on le laisse généreusement nous dépasser. Ce faisant, on s'assure de lui faire un beau sourire et un petit babaille de la main (J'ai dit de la main! Pas du majeur!).

Il va nous voir, pas d'inquiétude : le conducteur qui nous précédait va certainement nous regarder en nous dépassant puisqu'il aura besoin de renseignements pour pouvoir s'écrier (au choix) «Ah! Une femme!» ou «Un vieux!» ou «Un noir!» ou encore «Un arabe!»... Oui, on sombre facilement dans le racisme, le sexisme ou le gérontisme, à moins d'être en France et de pouvoir laisser libre cours à son plaquisme qui permet de ventiler à bon compte son juste courroux.

Mais quelles défenses possède un conducteur enragé contre un sourire et un babaille de la main???

Quand on sent monter la rage envers un autre conducteur coupable d'un crime de lèse-conduite, amusons-nous à nous souvenir de la fois où on a fait comme lui, par erreur. Quoi??? On s'est dit : «oups, hihihi...» ??? Pendant que l'autre crétin en arrière dépensait toute son énergie à nous haïr en caractères gras et en majuscules ???

La prochaine fois que ça nous arrive, gardons notre énergie : faisons honte aux autres avec notre sourire et notre babaille de la main...

3 commentaires:

Tagmata a dit...

A propos de plaquisme, notre sinistre de l'intérieur a décidé d'y mettre fin.

Les voitures françaises auront bientôt un seul numéro de plaque pour tout leur vie.

Il ne sera donc prochainement plus possible de connaître la région de quelqu'un, en regardant sa plaque minéralogique.

Si ça se trouve, le gouvernement français lit ton blog Coyote ! Et il s'en inspire pour ses réformes !

Beo a dit...

Ha ha ha! Excellente conclusion. J'ai bien ri, je vais pouvoir aller travailler de bonne humeur!

Anonyme a dit...

hihihi , la française que je suis ne connaissais peut être pas le mot "moppe" fatale erreur, réparée grâce à toi , mais elle connaossait le mot "char" !
Pas complètememnt inculte donc ! Mais bien amusée par tes petits billets d'humeur !