Chacun connaît ma fascination pour les bécosses. En particulier, fascination teintée de crainte et de terreur superstitieuse, pour ces robots automatisés que sont les sanisettes !
Un jour, j'en ai vu une, avec la porte ouverte... Craintivement, j'ai pris une photo, mais sans trop oser m'approcher... (ici photo prise avec le zoom extra-puissant, en hyper haute définition) :
J'avais même un jour réussi à entr'apercevoir les mystères insondables de l'intérieur de la machinerie, grâce à un employé en habit d'astronaute qui s'activait à une besogne mystérieuse.
Depuis que je suis Parisienne à temps partiel, je m’étais jurée qu’un jour je surmonterais ma répulsion atavique envers cette machine (d’autant plus qu’entre-temps son accès était devenu gratuit!!!) pour faire bénéficier le Monde Entier (lire : les abonnés de mon blogue) d’un expérience inoubliable.
J’avais tout planifié à l’avance.
Il me fallait pouvoir faire face à toute éventualité, à toutes les horreurs qui pourraient arriver dans cette cabine infernale!
Il fallait prévoir l’équipement de secours : un cellulaire chargé pour pouvoir appeler à l’aide si je ne pouvais plus sortir, de la lecture pour tromper l’attente, un petit lunch au cas où j’aurais faim, à boire pour pouvoir survivre si les secours tardent à arriver, une lampe de poche pour envoyer des signaux lumineux, une couverture de surplus si les nuits deviennent fraîches…
Ne pas oublier non plus un imperméable jaune de marin au cas où le nettoyage automatique de la cabine se fait avant que je n’aie la chance de sortir.
Et bien sûr, il ne fallait pas que j’aille envie de pipi puisqu’il y avait toujours le risque que la porte ouvre intempestivement alors qu’on est en besogne…
Toujours est-il que je repoussais toujours le moment fatidique où j’explorerais les sombres recoins de la Bête.
Jusqu’au jour où…
Tonton et Tata (appellation contrôlée française, car, dans le langage québécois, Tonton est loin d’être un «toton» et Tata est loin d’être «tata» (voir ici dans la lettre «T»). Je disais donc que Tonton et Tata du Québec venaient me rendre visite. Au bout de 2 heures d’embouteillage, à partir des Champs Élysés jusqu’à la Porte Maillot, Tonton déclare, avec une flegme incroyable, qu’il a une petite envie et qu’il a vu, au carrefour précédent, une bécosse publique!
Notre conducteur, horrifié, appuie violemment sur le frein… «Quoi? tu ne vas pas aller dans… dans… » bégaya-t-il… (notre conducteur était Français). «Bah oui, pourquoi pas», répond notre héros, nonchalamment… Ceci dit, il profite de l’arrêt de la voiture pour sortir, en recommandant de l’attendre ici.
Quant à moi, revenue de ma stupeur, sur une impulsion soudaine, je prends une décision inattendue : «Attends-moi, je t’accompagne». Et, plantant là le reste de la compagnie, nous nous dirigeons de concert vers La Machine.
Le bouton est vert. La cabine est libre. Je suggère à Tonton d’y aller en premier, pendant que je veille au grain courageusement, dehors. Tonton, inconscient du danger auquel il s’expose, entre et referme la porte derrière lui.
Horreur! Le bouton reste «vert»! Ce qui signifie que si je n’étais pas allée avec lui pour monter la garde, tout Paris aurait pu ouvrir la porte et le «pogner les culottes baissées» comme on dit!
Mais enfin, j’étais là pour empêcher Paris Match de mettre en couverture la photo de Tonton dans une position gênante. À date, tout allait bien.
Bientôt, je vis Tonton sortir, frais comme une rose, sain et sauf. Enhardie par son succès, je me dis que le moment était venu de prouver à la Face du Monde (et de mes lecteurs) mon courage. Je recommandai à Tonton de m’attendre en montant la garde, et je m’apprêtais à entrer.
Mais j’avais oublié le Danger Suprême!!! Heureusement, Tonton me retint par la manche! J’avais oublié le Cycle Infernal! Dans ma hâte de prouver mon courage, j’avais négligé d’attendre qu'il referme la porte et que commence le Grand Nettoyage!
En effet, aussitôt la porte refermée (et moi en sécurité dehors), des bruits de déglutition se firent entendre. Les sons inquiétants de borborygmes, de gargouillements immondes, de jets menaçants, se poursuivirent ainsi pendant un temps qui me parut interminable! Glacée d’horreur rétrospective, je m’imaginais, pauvre chose ballotée par le giclement sans fin de produits chimiques, la peau rongée par la corrosion du Monsieur Net («Monsieur Propre» pour les Français), l’épouvante bloquant tous mes sens, incapable de réagir, condamnée à attendre la fin du Cycle Maléfique qui se poursuivrait aveuglément jusqu’à la Fin…
Mais enfin, j’étais en sécurité, et à la fin du cycle, quand Tonton m’ouvrit la porte à nouveau, il était trop tard pour reculer. Je devais boire le calice jusqu’à la lie (ce qui n’est qu’une façon de parler, rassurez-vous!). J’entrai donc dans le Saint des Saints…
Ce qui me permet aujourd’hui de vous transmettre le reportage de mon Exploration Extrême : voici les photos prises au péril de ma vie… Entrez avec moi... (musique dramatique)
Approchons-nous un peu du mystérieux écriteau juste au-dessus du bol de toilette :
Quelqu'un aurait-il vraiment envie de boire cette eau??? Ou même de se laver les mains avec???
Un autre écriteau inquiétant se trouve à l'intérieur, face au bol :
Brrrr ça fait froid dans le dos, malgré leur affirmation que les toilettes sont chauffées!
Et encore, un dernier avertissement :
Victimes de constipation s'abstenir...
N’empêche que sans ce concours de circonstances extraordinaire, sans le soutien moral de Tonton (merci Tonton), je ne sais pas si un jour j’aurais pu dire avec fierté : «J’AI SURVÉCU À LA SANISETTE!!!»
Tiens? Je crois que je vais me faire faire un T-shirt avec ce slogan…
39 commentaires:
Oui excellente idée, le T-shirt. Et un autre avec la traduction québécoise...
Si tu te promènes avec à Montréal, tout le monde va te regarder. :o)
et bien dis donc, tu n'as pas trainé, à peine arrivée chez nous, et n'écoutant que ton courage tu commence ta vie d'aventurière !! bravo !
En fait, non, tout ça s'est passé il y a 2 mois mais il m'a fallu tout ce temps pour me remettre de mes émotions!
Ah! Enfin une toilette que je ne connais pas!
Merci d'avoir fait le test, agrémenté de photos ainsi que la démarche à suivre.
Ce qui ne signifie aucunement que j'aie envie d'essayer ce truc prochainement :)
Par contre... ma curiosité me pousse à te demander le pourquoi de la frayeur du chauffeur de taxi?
C'est pas un chauffeur de taxi, c'est le chauffeur de notre char (j'aurais dû dire «conducteur»), en fait, c'était Chéri. Il n'en revenait pas que quelqu'un aie envie d'aller dans ces trucs abominables!
Ahhhhhhhhhhhhhhh!
Encore heureux que j'aie pas ajouté plus tôt: pourquoi; les parisiens préfèrent leurs WC réputés insalubres? Hihihihihi!
Ben ça lui fait de quoi de spécial à raconter à ton tonton et à toi aussi tiens! :)
Ça ne me semble abominable que s'il y a une foule atteinte de gastro-entérite qui est alignée devant... à cause de sa lenteur. Sinon... ça me semble bien commode.
C'est parce que tu n'as pas intériorisé toute la mystique et la crainte atavique provoquée par ces objets...
Pour les avoirs utilisées à quelques reprises j'en ai été très heureusement "soulagé".
J'essaie de me rappeler leur localisation.
Surtout qu'en France les occasions de se libérer sans payer sont restreintes.
Tes petits billets font mon bonheur. Continue à nous surprendre !
On avait les mêmes à Grenoble au parc Mistral! J'suis rentrée une fois... mais juste pour virer mon t-shirt de bord, je l'avais mis à l'envers lol! Ça se nettoie ptet tout seul, mais ça pu pareil!
Il devrait y en avoir un peu ici aussi, côté toilettes publiques, il y en a pas des tonnes, et quand on se promène en ville, on ne peut pas rentrer dans les restos pour se soulager...donc! Les toilettes portables bleues des parcs à Montréal sont pas plus ragoutantes, surtout quand c'est plein de mouches! :(
J'ai bien aimé ton aventure à Paris! :)
Bonne et heureuse année, Coyote des neiges :o)
Merci, toi aussi!
Bonne Année!
C'est quasiment irréel ici ce matin: gros soleil, ciel bleu et grosse neige immaculée, partout, partout! C'est bien mon premier Jour de l'An tout blanc!
Bonne et belle nouvelle année Coyote des Glaces!
Les oiseaux sont nombreux à la mangeoire et les chats des environs......Itou!
Que du bonheur pour 2009!
Merci et vous de même!!!
P'tain, t'es vachement courageueueueseuuuuuu !!! Moi, je crois que je n'oserai jamais!!!
J'ai bien trop peur que Sarkosy les transforment sournoisement pour karchériser les sdf!!!
Merci de me faire vivre l'expérience virtuellement (ça me suffit!).
:)
Bonne année Coyote !
Je te souhaite plein de découvertes de nouvelles et fascinantes bécosses, de nouvelles aventures culinaires sous l'égide de Mercotte et beaucoupo de bons moments.
Merci pour les rires de 2008 et vive ceux de la cuvée 2009 !
Pour celles et ceux qui s'intéressent aux bécosses, j'ai aussi eu mon quota d'histoires liées à cet humble mobilier urbain... ici et là. C'est un poil moins divertissant que les histoires de Coyote, mais bonne lecture quand même!
Allooo... Coyote!
Hier, j'ai pensé soudainement à toi en lisant que 5000 toilettes étaient installées le long du parcours de Monsieur Obama!
T'étais invitée j'espère?
Ritabisous.
Même pas! C'est une honte!!! Quoiqu'il aurait à ce moment installer 5001 bécosses au lieu de 5000...
Suis désolé... une bourde...ca m'arrive des fois. :)
Je disais donc que les blogs à «saveur spéciale» semblent se multiplier :)
Quelle aventure ! Mais tout est bien qui fini bien, tu en es sortie vivante et entière !!
Bises
Je veux pas gâcher ton plaisir mais même Blogger reste béat d'admiration devant ton premier lien en haut :o)
^^
(je sais pas qui a «commencé» ce ^^ mais je trouve ca comique.)
***
C'est en lisant pour me documenter sur les blogs et l'aide pour les gens qui en font que j'ai peu à peu compris ce que tu fais dans le tien.
Tout ça est une question de visibilité donc.
Quel lien en haut???
Le lien : fascination pour les bécosses
ne mène nulle part :)
C'est parce que le «é» de bécosses n'est pas pris en compte dans le lien...
Il faut simplement aller ici
http://coyote-des-neiges.blogspot.com/search/label/Bécosses
Ou encore, dans l'adresse du lien, remplacer le code bizarre par «é»...
Bon... je me confonds en trente milliards d'excuses d'avoir zozé soulever ce problème au vu de la solution apportée. ;o)
Promis juré, je ne recommencerai plus.
Réapparue temporairement pour constater que les vieilles habitudes sont toujours là.
Je n'irai pas jusqu'à dire que quand je vais aux chiottes je pense à toi mais c'est presque ça ;-)
Je pars en Inde très bientôt, je tâcherai de te ramener quelques photos croustillantes pour ta collection (si mon boulot m'en laisse le temps) !
Amicalement.
Quoi, tu penses que tu n'auras pas le temps d'aller aux chiottes? Ah, quel boulot!!!
c'est encore bidouille
j'ai fait une fois pipi dans une sanisette, j'en pouvais plus tellement j'avais envie et pas meme un café d'ouvert pour y squater les toilettes. Ben j'en menait pas large et j'ai gardé la porte ouverte de peur que le nettoyage se lance pendans que j'etais accroupie dessus. Prefere qu'on vois mes fesses que d'etre desinfectée de la tete au pied au desktop...
Comme quoi la psychose collective fait son effet! Ah les légendes modernes!
En fait, il faut y entrer avec son cellulaire pour pouvoir appeler le 911 (ou le 18? 15? 12? c'est quoi, déjà, le numéro d'urgence, en France?) en cas de problème!!!
Le 18 pour les pompiers dans ce cas
18? Ok je m'en souviendrai quand j'aurai envie de pipi...
Ah ben moi, je me suis bien fait avoir en "frôdant". La dame avant moi m'a laissé entrer dans les sanisettes quand elle en est sortie, j'ai pas eu besoin de payer mais je suis ressortie trempée comme une soupe...
Ce cauchemar n'est donc pas qu'une légende urbaine!!!
:))
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