Combien d’amis avez-vous ? Tout de suite, on peut spontanément dénombrer nos amis avec exactitude, sans nuances aucunes. Il suffit d’ouvrir son profil de réseau social pour voir apparaître le nombre d’amis. D'ailleurs tout le monde peut voir combien vous avez d'amis en cliquant sur votre profil. Il est de bon ton d'en avoir le plus possible, pour prouver combien («combien» quantitatif, il va sans dire) vous êtes populaire.
«Si tu es vraiment mon ami(e), écris un mot et partage ceci».
«Seuls mes véritables amis partageront ceci». Voilà le chantage à l’amitié. Un
autre effet pervers de l’appellation «amis». Si on ne partage pas, le véritable ami risque d'en être blessé et ne plus vouloir vous parler dans la vraie vie.
«Feras-tu partie des 3% qui osent partager ?» Euh… qu’y a-t-il de si courageux à partager
un post ? Et malheureusement, c’est 97% qui vont partager, contribuant à
la pollution visuelle.
Dernièrement, un message circule au sujet d’un nouvel
algorithme sur les réseaux sociaux qui permettrait à ceux-ci de choisir pour
vous vos amis. Vrai ou pas ? Aucune idée. Mais peut-on un peu sortir de ce
paradigme et réaliser que personne ne peut choisir nos amis à notre
place ? Sommes-nous dépendants à ce point des réseaux sociaux que nous
nous devons de combattre des complots qui nous empêcheraient de voir ce que nos
amis font ? Si on veut des nouvelles, pourquoi ne pas prendre le téléphone et en demander ?
On nous flatte dans le
sens du poil
«Seulement
4% de la population peut voir ceci !» S’en suit un petit test de vue, que
seuls les daltoniens, trouble qui afflige environ 4% de la population, ne
peuvent pas réussir.
«Test de
QI !» Vous répondez à cinq questions de culture générale populiste, deux
questions de calcul de table de multiplication, trois questions d’orthographe
basique, et on conclut que vous avez un QI de 140, que vous frisez le génie et
que vous êtes plus intelligent que 98% de la population. Flatté, vous allez,
comme on vous le suggère, partager. Tous vos amis, invités à faire le même
test, réussissent avec autant de brio. Vous et vos amis êtes vraiment des
personnes formidables.
Les pensées profondes
Elles sont
inscrites sur un fond carré coloré (fourni par le réseau social), ou sur un fond
de T-shirt, ou encore sur les pages d’un livre ouvert aux pages parcheminées.
Comme si le cadre donnait de l’intérêt à une réflexion somme toute banale. On
peut y lire des choses telles «Aujourd’hui, il pleut» ou bien «Bonne journée».
Dans le
meilleur des cas, on a des «pensées profondes», souvent attribuées à Einstein,
ou Gandhi, ou même Protagoras d’Abdère : il s’agit d’une phrase-type qui
semble tirée tout droit du Sécrétion des Rides Indigestes. À partager, bien
sûr.
Plus on partage, plus on a d'activité, plus on a de commentaires, plus on a de notifications : on a ainsi l'impression d'avoir une vie sociale frénétique ! Amis ? Désolée mais ce ne sont que des contacts de réseau social. Sous l'égide de Big Brother qui en contrôle le nombre et la validité.
Ma vie sociale est bien remplie!
Je suis au resto : je partage la photo de mon assiette. Avec tous mes amis et avec les amis de ceux-ci. Je suis en vacances : pour bien faire chier tout le monde, je poste une photo du cocktail que je suis en train de boire sous le parasol (faisant du coup savoir à tous mes «amis» que je ne suis pas à la maison pour quelques jours au moins!).Plus on partage, plus on a d'activité, plus on a de commentaires, plus on a de notifications : on a ainsi l'impression d'avoir une vie sociale frénétique ! Amis ? Désolée mais ce ne sont que des contacts de réseau social. Sous l'égide de Big Brother qui en contrôle le nombre et la validité.
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