Un sujet qui semble ennuyer les Français (du moins qui ennuie mon Chéri), c'est celui des additions à la fin d'un repas au resto. Les additions du Québec. Deux débats font rage : le principe de l'addition unique par tablée et celui des taxes et pourboire.
Dans les restaurants du Québec, puisqu'on est considérés comme des individus adultes et responsables, par défaut, chacun a droit à son addition. À moins de préciser autrement. On mange donc ce qu'on veut, ou ce qu'on peut se payer, et à la fin, on prend ses responsabilités. TPS, TVQ, pourboire... Oui, il y a quelques subtilités dont on doit tenir compte, mais quand c'est assimilé, c'est facile :
- La TPS est à 7% et s'applique sur le total de la facture;
- La TVQ à 7,5% s'applique sur le total de la facture incluant la TPS;
- Le pourboire peut être mis sur la carte de crédit et est à la discrétion des gens. Habituellement 15% de la facture avant taxes. Si on additionne les deux taxes, on obtient environ 15%, comme c'est pratique!
En passant, faisons un petit apparté pour expliquer la situation de l'alcool servi dans les restaurants. L'alcool vendu à la SAQ (Société des Alcools du Québec) est taxée presque autant que l'essence. Si cet alcool est déstiné à la revente (restauration, bar etc) l'alcool doit en plus être «étiqueté» donc on y ajoute une surtaxe que doit payer le restaurateur. Celui-ci revend donc son alcool aux consommateurs, et qui est taxé au même taux que la TPS et la TVQ, donc un total de 15%. L'alcool est aussi, en plus d'être taxé, pourboiré. Le consommateur paie donc 15% du prix de l'alcool à la personne qui le lui a servi. Celle-ci doit obligatoirement déclarer ses revenus de pourboires sur sa déclaration d'impôt. Elle doit donc payer des impôts sur ce pourboire. Et le ministre des
Finances peut se vanter d'avoir ainsi inventé le mouvement perpétuel... Ça fait quand même moins mal au coeur de payer au provincial qu'au fédéral, c'est déjà ça de moins qui servira à financer la promotion d'un CANADA FORT dans un Québec servile.Mais revenons à nos moutons.
En France, prétendent les Français, c'est tellement mieux (on le saura!).
Parce qu'il paraît qu'en France, il y a une addition par tablée. Point. Et en France, c'est tellement plus simple : taxes et pourboires sont sur le prix du menu. C'est juste dommage qu'il n'y ait pas deux prix pour le même plat : un au prix normal pour un bon service, et un à 15% de rabais mais servi par un serveur grognon. Non, il n'y a qu'un seul prix : normal avec serveur grognon.
Mais une seule addition pour la tablée... En couple, en trio ou en orgie communautaire, c'est tout du pareil au même. Vous êtes ensemble, alors vous vous organiserez. Ce qui peut occasionner à la fin du repas des flottements hésitants, des sorties plus ou moins discrètes de calculatrice, et parfois même quelques engueulades bien senties.
Bref, beaucoup plus simple pour le restaurateur, mais combien plus complexe pour les clients.
Ce qui n'était au départ qu'une simple addition devient une division proportionnelle à fractale décomposée («j'ai payé la dernière fois», «oui mais j'ai pas pris de vin», «par contre ton foie gras...» , «et la fois d'avant tu avais oublié ton portefeuille», «et puis c'est toi qui ramene le doggy bag», «oui mais tu as tes enfants avec toi»...)
Remarquez que j'emploie le conditionnel car personnellement, je ne sais pas si c'est vraiment comme ça que ça se passe en France, puisque c'est mon Chéri qui prend l'addition quand nous sommes là-bas. Mais quand je reviens au Québec, je suis ma propre femme, autonome et indépendante. Alors quand il est en voyage au Québec, il doit se battre pour continuer à se faire croire qu'il est un homme pourvoyeur et tenter d'attraper ma facture avant qu'elle n'arrive à moi... Et en plus, faudrait que je calcule pour lui le pourboire à laisser...
Non, croyez-moi, tant va la cruche à l'eau que cheval n'amasse pas bride, à chacun selon ses capacités et les vaches seront bien gardées! Mais puisque qui prend pays prend chéri... «Dis, Chouchou, tu m'amènes au restoooooo???»