samedi 8 septembre 2018

Les réseaux sociaux (partie 3 : Les amis!)



Combien d’amis avez-vous ? Tout de suite, on peut spontanément dénombrer nos amis avec exactitude, sans nuances aucunes. Il suffit d’ouvrir son profil de réseau social pour voir apparaître le nombre d’amis. D'ailleurs tout le monde peut voir combien vous avez d'amis en cliquant sur votre profil. Il est de bon ton d'en avoir le plus possible, pour prouver combien («combien» quantitatif, il va sans dire) vous êtes populaire.

«Si tu es vraiment mon ami(e), écris un mot et partage ceci». «Seuls mes véritables amis partageront ceci». Voilà le chantage à l’amitié. Un autre effet pervers de l’appellation «amis». Si on ne partage pas, le véritable ami risque d'en être blessé et ne plus vouloir vous parler dans la vraie vie.

«Feras-tu partie des 3% qui osent partager ?» Euh… qu’y a-t-il de si courageux à partager un post ? Et malheureusement, c’est 97% qui vont partager, contribuant à la pollution visuelle.

Dernièrement, un message circule au sujet d’un nouvel algorithme sur les réseaux sociaux qui permettrait à ceux-ci de choisir pour vous vos amis. Vrai ou pas ? Aucune idée. Mais peut-on un peu sortir de ce paradigme et réaliser que personne ne peut choisir nos amis à notre place ? Sommes-nous dépendants à ce point des réseaux sociaux que nous nous devons de combattre des complots qui nous empêcheraient de voir ce que nos amis font ? Si on veut des nouvelles, pourquoi ne pas prendre le téléphone et en demander ?

On nous flatte dans le sens du poil

«Seulement 4% de la population peut voir ceci !» S’en suit un petit test de vue, que seuls les daltoniens, trouble qui afflige environ 4% de la population, ne peuvent pas réussir.
«Test de QI !» Vous répondez à cinq questions de culture générale populiste, deux questions de calcul de table de multiplication, trois questions d’orthographe basique, et on conclut que vous avez un QI de 140, que vous frisez le génie et que vous êtes plus intelligent que 98% de la population. Flatté, vous allez, comme on vous le suggère, partager. Tous vos amis, invités à faire le même test, réussissent avec autant de brio. Vous et vos amis êtes vraiment des personnes formidables.

Les pensées profondes

Elles sont inscrites sur un fond carré coloré (fourni par le réseau social), ou sur un fond de T-shirt, ou encore sur les pages d’un livre ouvert aux pages parcheminées. Comme si le cadre donnait de l’intérêt à une réflexion somme toute banale. On peut y lire des choses telles «Aujourd’hui, il pleut» ou bien «Bonne journée».

Dans le meilleur des cas, on a des «pensées profondes», souvent attribuées à Einstein, ou Gandhi, ou même Protagoras d’Abdère : il s’agit d’une phrase-type qui semble tirée tout droit du Sécrétion des Rides Indigestes. À partager, bien sûr.

Ma vie sociale est bien remplie!

Je suis au resto : je partage la photo de mon assiette. Avec tous mes amis et avec les amis de ceux-ci. Je suis en vacances : pour bien faire chier tout le monde, je poste une photo du cocktail que je suis en train de boire sous le parasol (faisant du coup savoir à tous mes «amis» que je ne suis pas à la maison pour quelques jours au moins!).

Plus on partage, plus on a d'activité, plus on a de commentaires, plus on a de notifications : on a ainsi l'impression d'avoir une vie sociale frénétique ! Amis ? Désolée mais ce ne sont que des contacts de réseau social. Sous l'égide de Big Brother qui en contrôle le nombre et la validité.

Ne manquez pas le prochain épisode : partie 4, Partagez, aimez, commentez !

jeudi 6 septembre 2018

Les réseaux sociaux (partie 2 : les petits jeux à la con!)


Lorsqu’on s’inscrit sur un jeu, aussitôt on s’enfonce dans l’enfer de la dépendance. Et, puisqu'on nous y incite, on cherche aussi à entraîner les autres. Ça se joue entre amis (lisez plutôt «contacts») : plus on en a, plus on a de bonus.

Non, ça ne s’adresse pas aux petits enfants. Il est évident que ceux-ci, n'ayant pas de carte de crédit, n'ont aucun intérêt pour le concepteurs. Ça s’adresse à des adultes. Et malgré ça, tout est conçu de façon à nous faire croire que c’est destiné aux tout-petits. Ces jeux, aux noms et aux styles qui infantilisent, sont pleins de bonbons, de biscuits, de gaufrettes et de couleurs pastel. Ou bien les concepteurs sont-ils eux-mêmes des tout-petits ? C’est ce qu’on est porté à croire en voyant ces fausses marionnettes qu’un enfant de quatre ans pourrait dessiner. On les voit, entre les actions, présenter le jeu ou toute autre communication. Mais attention : déjà, à l’époque des vraies marionnettes, le défi était de les faire les plus vivantes possible, d’éviter que l’on ne voie les fils, la main, ou ce qui les contrôlait. Alors pourquoi, au vingt-et-unième siècle, doit-on faire face à des marionnettes qui, en plus d’être statiques, sont mues pas un simple bâton, bien visible, font des sauts pour avancer, comme si elles étaient contrôlées par un enfant de deux ans ? Mais quel est le but ?

On devient complètement débile lorsqu’on joue. Encouragé par les «OH LA LA !», les «BRAVO !», les «SENSASS» et autres superlatifs apparaissant à l’écran à chaque coup, on en vient, `a la longue, à se prendre pour le Dieu de l’Univers. Seul devant son écran, on se surprend même, lors d’un petit succès, à esquisser une danse de victoire en se trémoussant sur sa chaise, s’exclamant «Je suis trop fort !» et fredonnant, avec un bec de canard, «I’m too sexy for my love…». Et en se croyant !

Et ces CLICS à n'en plus finir...

Chaque étape du jeu suscite une multiplication des clics, comme si les concepteurs avaient décidé que ce qui était amusant était de «cliquer». Un petit succès ? l’info-bulle «Formidable !» vous apparaît, sur laquelle vous devez cliquer pour partager le fait que vous êtes formidable avec tous vos contacts. Vous ne désirez pas partager ? Cliquez sur le «x». Vous êtes sûrs que vous ne voulez pas partager ? Oui. Cliquez encore.

Est-ce que le CLIC provoque une montée d’endorphines ? Est-ce vraiment si satisfaisant d’appuyer du doigt sur le bouton de sa souris ? Une étude a-t-elle été faite à ce sujet ? On sait que dans ce très lucratif marché, tout doit être calculé pour faire encore plus d’argent. Il y a donc certainement une raison à ça… mais laquelle ? Personnellement les CLICS me font profondément chier. Et quand on est bien accro au jeu, les règles changent insidieusement pour insérer de plus en plus de CLICS totalement inutiles. Ils étirent l’élastique (je ne sais toujours pas dans quel but) jusqu’à ce que des joueurs se tannent et vont voir ailleurs s’ils y sont.

Si vous persistez, les concepteurs trouvent encore moyen d’ajouter des façons de vous faire faire «CLIC». Leur imagination est sans limite. Lorsqu’une nouvelle trouvaille arrive, vous vous faites prendre en jouant trop vite et vous vous retrouvez pris dans un engrenage de clics. On cherche vainement le but ultime pour nous faire chier comme ça. On se dit «Ah peut-être pour les Jeunes…» (Le «Jeune» étant un concept mystérieux, limite robot, représentant ceux qui sont «nés avec le clavier dans les mains»). D’ailleurs, on peut supposer que les concepteurs sont eux-mêmes des Jeunes. Ah, ça explique tout. Tout ? Pas nécessairement. Peut-on aussi supposer que les concepteurs n’ont pas nécessairement l’intelligence de comprendre le monde dans lequel ils vivent ? Limite un peu incompétents… Non, ce n'est pas parce qu'ils ont inventé un monde de bonbons qu'on doit les considérer comme des Dieux infaillibles

Voulez-vous acheter un bonus pour 30 pièces d’or ? Les pièces d’or sont en vente pour 10 $ à la banque du jeu, veuillez fournir un numéro de carte de crédit. Parfois, nous avons droit à une promotion incroyable ! 40% de rabais !  Ils nous vendent du vent à 40% de rabais ! Vous déclinez ? On vous demande avec sollicitude (sollicitation ?) si vous êtes bien certain, car ce rabais ne reviendra pas ! Malheureusement, il revient à tous les jours. Une autre raison de faire un CLIC.

Les animations à la con sont interminables. Vous avez réussi un niveau ? Votre pion avance sur la carte, avec une lenteur exaspérante, arrive à l’étape suivante, s’arrête en faisant un ou deux rebonds au ralenti et finalement s’immobilise complètement. Cliquez pour partager. Vous gagnez ou utilisez des bonus sous forme de sous ? Ça rentre dans votre «tirelire» graine à graine, toujours avec une lenteur exaspérante...

Vous êtes encouragés à jouer avec vos amis pour obtenir encore plus de bonus ! Vous acceptez donc n’importe qui comme contact, pourvu qu’ils vous envoient des bonus. Certaines personnes semblent garder un œil attentif sur leur liste de contacts pour surveiller s’ils reçoivent bien leurs bonus journaliers. Et malheur à vous si vous ne le faites pas ! Il peut s’en suivre des véritables conflits, pouvant aller jusqu’au châtiment suprême : le bannissement de la liste d’amis ! Et parlant d'amis...

Ne manquez pas, dans quelques jours, la partie 3 : les amis!

lundi 3 septembre 2018

Les réseaux sociaux (partie 1 : La communication)


Au début, on ne pouvait que se parler de vive voix. Puis on a su écrire (je m'en viens Belge???) donc on pouvait s'écrire des lettres de papier, puis a été inventé le téléphone, et enfin les courriels sont arrivés dans le portrait. Les courriels combinaient l’avantage des lettres et du téléphone, sans en avoir les désavantages. Les lettres prennent du temps à arriver, mais on prend notre temps pour les écrire et elles sont non-intrusives. Les destinataires les lisent au moment de leur choix. Les courriels ont les mêmes avantages mais en plus, ils sont envoyés instantanément, comme par téléphone. Sauf qu'on n'est pas obligé de répondre immédiatement.

Autrefois, quand les gens avaient envie de partager leurs émotions, ces moyens étaient utilisés, pour parler d’âme à âme à son interlocuteur. Mais le public était restreint. On ne pouvait rejoindre que ceux dont on connaissait l’adresse postale, l'adresse courriel, ou le numéro de téléphone.

Puis se sont mis en place des salons de clavardage général. Tous ceux qui étaient en mal de contacts humains pouvaient s'y inscrire. Il y avait toujours quelqu'un de présent, grâce à la magie du décalage horaire. Tout le monde y papotait, choisissant un salon selon ses affinités. On pouvait y rejoindre des gens de partout, de parfaits inconnus, on tissait parfois des liens, parfois des trolls y sévissaient, phénomène nouveau dont on ne savait comment se débarrasser.

Enfin est venue la mode des blogues. Comme celui-ci. Un moyen autre moyen de s’exprimer, de se raconter à des connus ou des inconnus, mais en gardant le contrôle et en étant le héros en permanence. Ceux qui le voulaient bien s’abonnaient à notre blogue et pouvaient suivre nos aventures. On se développait un fan club, qui commentait. On avait un compteur de visites et on surveillait ainsi sa notoriété. L’ennui, c’est que bientôt, tout le monde avait son blogue, tout le monde racontait ses aventures. L’internet était noyé sous le nombre de blogues, l’audience s’éparpillait et l’intérêt s’est vite estompé.

Ensuite est venue l’époque des forums. Classés encore une fois par intérêt, ils attiraient des groupes de gens qui se liaient ensuite d’amitié ou même des gens qu’on détestait mais qu’on finissait par aimer détester (oui, on se demande encore avec une nostalgie teintée d'affection ce qu'est devenue cette personne qui foutait le bordel dans le forum de broderie...).

De nos jours, tout ça a été balayé par le RÉSEAU SOCIAL. Plus facile encore. On n'a rien à gérer. On poste tout et n’importe quoi, tout le monde et n’importe qui nous lit, commente, partage. On peut même devenir viral (quel horrible mot!). ce qui est devenu un objectif à atteindre, la preuve ultime de la qualité de ce qu’on poste.

Quant à moi, j'y suis aussi inscrite. Mais mon seul intérêt est que j’aime bien jouer à des petits jeux à la con, le matin en buvant mon café. C’est la seule chose qui m’ait motivée à m’inscrire sur le réseau social à la mode, avec tout ce que ça comporte. On se rend vite compte qu’il s’agit d’un réseau tentaculaire, qui se nourrit par lui-même et qui nous envahit.

Ne manquez pas, d'ici quelques jours, la partie 2 : les petits jeux à  la con!

mardi 19 juin 2018

Restons connectés!

Depuis quelques jours, un super concours a lieu avec ma compagnie de téléphone et d'internet. Tous les jours, pour avoir la chance de gagner des prix fabuleux, on vous invite à vous connecter à leur page et à vous inscrire pour le tirage du jour!

Une surprise vous attend tous les jours...

Si certains prix sont tentants, comme un an de service résidentiels, ou une carte prépayée, d'autres me laissent sans voix...

Voilà un jeu sorti tout droit des années 80. Je ne savais pas que Mario existait encore...

Super! Au lieu d'allumer la lumière avec le piton sur le mur, je peux le faire avec le piton de mon téléphone intelligent!

 Ce pèse-personne vous donne un bilan de santé total. Plus besoin de médecins, voici le père-personne intelligent, qu'on consulte via son téléphone intelligent!
 La serrure intelligente vous permet de débarrer votre porte à l'aide de votre téléphone. «Ne cherchez plus vos clés!» Non, cherchez plutôt votre téléphone!
La sonnette de porte permet de voir et de parler à la personne qui sonne à votre porte, grâce à votre téléphone intelligent. Gare à vous s'il s'agit d'un témoin de Jéhovah!

Là où je deviens carrément perplexe, c'est lorsqu'on nous offre une BOUTEILLE CONNECTÉE (???) et une corde à sauter électronique... La bouteille connectée permet-elle de déterminer si on a soif? On dit qu'elle permet de «rester hydraté intelligemment»... Ah oui, super! Et la corde à sauter nous permet-elle de sauter intelligemment?
On en vient à se poser des questions sur la signification du mot «intelligent»... Je vous avoue que je clique chaque jour sur le lien pour m'inscrire à ces concours. Par contre, il m'arrive de m'inscrire uniquement en considérant la valeur éventuelle de revente de ces bidules. Parfois même, je choisis de  ne pas m'inscrire car je me demande vraiment qui, parmi mes connaissances, serait assez fou pour acheter un truc pareil...
Tout me porte à croire que ce concours fabuleux est une sorte de vente de garage pour écouler toutes les petites horreurs qu'ils ont inventées. J'imagine le profil de la personne qui possède (et se sert) de tout ça...  Il reste encore 3 jours à ce concours. Peuvent-ils vraiment offrir des prix encore plus ridicules que la bouteille connectée???


jeudi 14 juin 2018

La molle trempée dans le chocolat

Avec la belle saison, les classiques sont de retour. Comme d'habitude, la crème molle saucée dans le chocolat est de nouveau offerte dans toutes les cantines de bord de route dans les petits villages comme dans les grandes villes du Québec!

Mais attention! Elle vient de faire son apparition en France, comme le témoigne fièrement cette affiche, venue tout droit de Paris!

Mais comme en France, on ne peut pas faire normal, on doit faire toujours mieux, on vous offre de choisir le chocolat «parmi les grands crus». Voyez l'agrandissement ci-dessous :



Ainsi, vous pourrez tremper votre crème molle dans du chocolat La Durée, Le Nôtre, Lacasse, Maison du Chocolat, Hermès ou Lalique, et vous pourrez bientôt vous la péter en dégustant votre crème molle!